Fête de l’Epiphanie

1. Le récit de l’évangéliste Matthieu n’a pas besoin d’être historique pour nous donner un enseignement. De l’orient d’où se lève le soleil, d’attentifs observateurs du ciel, qui se mettent en route à la suite d’une étoile, pour chercher la demeure d’un roi inconnu mais si grand qu’il faille aller l’honorer par des présents : autant d’indices merveilleux voulus par l’évangéliste pour nous signifier une rencontre aussi merveilleuse qu’inattendue. Le récit de leur parcours ne l’est pas moins. S’ils perdent de vue l’étoile à Jérusalem, c’est pour qu’ils aillent consulter les Ecritures, le livre sacré de la Parole de Dieu aux hommes. Parce que, pour l’évangéliste Matthieu, rien n’est le fruit du hasard et que les Ecritures annonçaient ce qui devait arriver, selon le plan de Dieu.

2. A Bethléem, les mages s’attendaient à rencontrer et honorer un Roi en sa cour mais ils ne trouvèrent qu’un enfant et sa mère. Seulement un enfant et sa mère. Autrement dit la fragilité et la tendresse. Ainsi commença le chemin qui conduirait l’homme à rencontrer en Jésus l’humaine image de Dieu, la divine image de l’homme. Il les verra en cet homme qui fera le choix de travailler de ses mains, n’aura d’autre escorte qu’une douzaine de sans grade, d’autre palais que les chemins de pierre, d’autre trône que la colline de Judée ou le banc d’un esquif de pêcheur du lac, qui demandera à boire à une femme de la Samarie honnie, se fera inviter à la table des « pécheurs », s’y laissera toucher par une femme de pauvre renommée, qui se mettra à genoux devant ses disciples et n’aura que le commandement de l’amour pour loi et qui, pour défendre sa cause, portera une pourpre dérisoire, un roseau pour sceptre, des épines comme couronne. « Voici votre Roi » déclara Pilate et il avait raison.

3. Lorsque nous invoquons Dieu, lorsque nous le prions pour lui présenter nos demandes, nous nous adressons souvent à sa toute-puissance pour qu’elle intervienne dans le cours des choses en lui demandant de « faire notre volonté ». Et le « silence de Dieu » nous désempare. Jésus nous a appris « Notre Père qui es aux cieux ». Charles Péguy écrit : « Celui qui a été une fois père ne peut plus être que père, dit Dieu. Mon fils leur a assez dit que je suis leur Père. » Pour Jésus, « faire sa volonté » ne consiste en rien d’autre que de nous comporter comme lui, le Fils du Père, se comporta. Certes, comme tout enfant s’adressant à son père, nous pouvons lui adresser nos demandes. Mais à la manière de ce lépreux s’adressant à Jésus : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Comme Jésus lui-même au jardin des Oliviers : « Père, si tu veux écarter de moi cette coupe… Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! » Matthieu conclut le récit ainsi : « Les mages revinrent par un autre chemin. » On peut y voir un enseignement. Ceux qui étaient venus honorer un roi et repartent en emportant l’image d’un enfant qui tend les bras, nous invitent à mettre nos pas dans les siens.

Qui de nous trouvera un monde meilleur ?
Qui de nous entendra la voix du Seigneur ?
Aide-toi, aide-moi et viendra le jour
Où le monde sera un monde d’amour
Qui de nous offrira de donner son cœur ?
Qui de nous chantera un monde meilleur ?

Près de toi, ô Seigneur, il n’est plus de nuit
Ta lumière, ô Seigneur, partout me conduit
Si je marche vers Dieu, c’est toi le chemin
Si j’hésite en ma foi, tu me prends la main
Près de toi, ô Seigneur, il n’est plus de nuit
Ta lumière, ô Seigneur, partout me conduit.