Pourquoi faut-il passer à la mairie avant de célébrer notre mariage à l’église ? Pour nous, la mairie, ce n’est qu’une formalité et le vrai mariage, c’est à l’église !

Je me réjouis de voir que vous prenez au sérieux la célébration de votre mariage à l’église. Mais pourquoi vous faudrait-il pour autant dévaloriser ce qui va se passer auparavant à la mairie ?
Les articles 212 à 215 du Code Civil, qui vont vous être lus solennellement par un élu, précisent les droits et devoirs qui sont reconnus à votre couple dès lors que vous choisissez de vous engager dans le mariage. Ils méritent attention et respect.
La reconnaissance sociale et la protection juridique qui sont ainsi accordées à votre couple, à elles seules, justifieraient ce passage devant Monsieur le Maire ou l’un de ses adjoints.
Vous auriez tort également de tenir pour négligeables les engagements que vous prenez devant la société (fidélité, secours et assistance, le tout dans une communauté de vie) et les responsabilités qu’elle vous confie, notamment celle de pourvoir à l’éducation des enfants et de préparer leur avenir (art. 213). Elle compte sur vous en effet pour faire de vos enfants des citoyens responsables et les éveiller aux valeurs de la République : liberté, égalité et fraternité. Dans le monde incertain et violent qui est le nôtre, ce n’est pas rien !
Ne déniez donc pas à la société le droit de s’intéresser à votre amour : c’est de sa survie dont il s’agit, mais aussi de la qualité de votre amour. Quelle cohérence y aurait-il d’ailleurs à vouloir prendre à témoin la communauté paroissiale de votre amour en refusant d’assumer l’impact social de votre engagement ? Les disciples de Jésus n’ont pas pour mission de fabriquer une contre-société ou même de se tenir chaud entre eux, mais d’évangéliser le monde... et notamment l’institution matrimoniale... qu’ils n’ont pas inventée !

Maintenant, pour ce qui est, en France, de la nécessaire antériorité du mariage civil sur le mariage religieux, c’est un héritage archaïque de la Révolution française. Il s’agissait alors de s’assurer qu’une population majoritairement catholique, qui ne connaissait jusque-là que les registres paroissiaux, ne boude pas ceux du nouvel Etat Civil institué en 1792.
Dans le contexte qui est le nôtre, on peut en effet se demander s’il est bien normal et conforme à une saine laïcité qu’aujourd’hui encore des sanctions pénales soient prévues à l’encontre du ministre du culte qui célèbrerait un mariage religieux avant le mariage civil ! (cf. art. 433-21 du code pénal).

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

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Publié: 01/07/2005