1er dimanche de Carême

1. On ne peut pas être plus bref que Marc pour raconter cet épisode très détaillé par Matthieu et Luc. Les deux disent bien que ce temps de solitude a duré 40 jours. Mais pour Marc, Jésus ne jeûne pas : il est même servi par les anges, une manière de dire l’assistance divine au milieu des épreuves que peuvent représenter les bêtes sauvages. Il fut bien tenté mais on ne sait ni de quoi, ni comment. De toute évidence, cela n’intéresse pas Marc. Pour lui l’essentiel se trouve dans les deux dernières phrases : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Évangile, un mot grec que les autres évangélistes traduiront par Bonne Nouvelle. Mais quelle est cette Bonne Nouvelle ? Je me suis dit que je trouverais sur internet plus inspiré que moi. Sur le site du centre pastoral Saint-Merry-hors-les-murs dans le diocèse de Paris, j’ai trouvé ce qu’écrit Jean-Luc Lecat, exégète et théologien.

2. « En quoi consiste cette Bonne Nouvelle qui exige une conversion ? Et de quelle conversion s’agit-il ? Mais quelle est donc cette réalité réjouissante à croire et à partager ? Un savoir ? Des mots ? Une doctrine ? Une religion ? Une vision du monde ? L’heureuse nouvelle, serait-ce de croire que Jésus est Fils de Dieu ? Que les péchés sont pardonnés ? Que Dieu est un en trois personnes, ou trois personnes en une seule réalité ? Que Jésus est descendu aux enfers ? Qu’il est monté aux cieux ? Serait-ce de croire que nous sommes faits pour aller au paradis, ou que notre religion c’est la bonne ? Est-ce tout ce “pseudo savoir”, la bonne, l’heureuse nouvelle à croire et à transmettre ? Théologiens, doctes clercs, et beaucoup de “pratiquants” me disent bien qu’il faut croire et se réjouir de tout cela, et ils cherchent à me montrer pourquoi. Mais cela me réjouit-il vraiment ? Cela me fait-il vraiment vivre ? »

3. Il a raison : la bonne nouvelle n’est pas un savoir. L’épître de saint Jacques est des plus explicites. « A quoi bon, mes frères, dire qu’on a la foi, si l’on n’a pas d’œuvres ? … Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, et que l’un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit », sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? … En effet, de même que, sans le souffle, le corps est mort, de même aussi, sans les œuvres, la foi est morte. » () Oui, la Bonne Nouvelle n’est pas à chercher dans des livres, même s’ils sont utiles. La Bonne Nouvelle doit se lire dans la vie. C’est ce que Jésus a montré. « Lève-toi et marche » fut Bonne Nouvelle pour cet handicapé cloué sur un grabat. Elle le fut aussi pour ce fils parti au loin, sans égard pour ce père aimant lorsqu’il fut accueilli à bras ouverts. La bonne nouvelle, les apôtres l’ont lue au fil des actes de Jésus.

4. Ce temps de Carême nous est proposé pour nous remettre en face de ce que veut signifier se convertir. On ne peut se contenter de la définition du dictionnaire, selon lequel se convertir c’est adopter d’autres opinions que celles auxquelles on adhérait auparavant. La conversion est une démarche de transformation. De lente transformation qui « ne se fait pas en un seul jour », écrit saint Bernard ou encore, plus merveilleusement, Grégoire de Nysse, un des Pères de l’Église les plus célèbres du 4e siècle : « De commencements en commencements, vers des commencements qui n’ont pas fin. ». Thérèse d’Avila nous dit par quoi commencer et toujours recommencer : « Imaginez que le Seigneur est tout près de vous. Si vous vous habituez à le garder près de vous, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Il ne vous manquera jamais, il vous aidera dans toutes vos difficultés, il sera partout avec vous. Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de concepts ou de tirer de votre esprit. Je ne vous demande que de fixer sur lui votre regard. » Et elle ajoutait « Comprenez que si c’est à la cuisine que vous êtes, le Seigneur marche à travers les marmites. »

Nous allons redire le credo, notre profession de foi. Redisons que le Seigneur, le Tout-Puissant, est d’abord notre Père, que Jésus, égal du Père, fut aussi l’un des nôtres, que l’Esprit Saint qui donne la vie veut nous inspirer dans nos choix et décisions.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 18/02/2024