Les chemins ouverts par le Centre Pastoral Saint-Merry

L’archevêque de Paris, monseigneur Michel Aupetit, a annoncé le 7 février sa décision de « mettre fin à dater du 1er mars 2021 à la mission confiée par le cardinal Marty en 1975 au Centre Pastoral Saint-Merry », sans aucune concertation avec la communauté.

En effet, en 1975, le cardinal Marty initie le Centre Pastoral Saint-Merry (à l’époque Halles-Beaubourg), mais également d’autres projets pour l’Eglise de Paris, comme ceux des Fraternités monastiques de Jérusalem à l’église Saint-Gervais, la chapelle Saint-Bernard à la gare Montparnasse, ainsi que celui de confier des aumôneries de lycées à des laïcs « compétents ». Il s’agit alors de permettre à l’Église d’être pleinement au cœur de la ville, de se faire proche de toute personne même loin de l’institution ecclésiale, autrement dit de s’incarner et de se déployer sur ce que le pape François nomme les parvis,

Le Centre Pastoral Saint-Merry est un lieu vivant, accueillant, un lieu de liberté : il donne une ouverture à l’Église d’aujourd’hui, et en même temps un espace de ressourcement pour notre engagement chrétien dans la société, car il nous permet la cohérence entre notre foi et notre vie, avec l’Evangile, comme boussole. Prêtres et laïcs réfléchissent et élaborent ensemble une façon de célébrer toujours renouvelée et incarnée dans la vie, en résonance avec elle.
L’Eucharistie du dimanche est le lieu par excellence où nous sentons que Jésus est parmi nous, où nous entendons sa parole, nous lisons son évangile, où nous présentons nos actions ancrées dans les réalités du monde. Ce partage de vie à la lumière des Ecritures, en se déplaçant dans l’église, trouve son accomplissement dans le partage du Pain. Ce sont des liturgies vivantes, où nous réalisons que la foi de tous nous irrigue, et nous dit que toutes et tous ont une place dans l’Église, où la table de la Parole devient table du festin, vraie nourriture loin des rituels sclérosants de tant de nos messes !

C’est une vraie communauté d’Église, intelligente, solidaire et engagée, non discriminante, ouverte aux enjeux de son temps, tentant de faire vivre entre laïcs et clercs une coresponsabilité.
C’est un lieu privilégié, à côté du Centre Pompidou, qui permet d’accueillir des personnes des périphéries, comme nous le demande le pape François, pour créer un lien entre une Église ouverte et le monde contemporain et ainsi, donner une autre image de l’Eglise à ce monde, avec des expositions et des concerts ouverts à toutes et tous.
Le Centre Pastoral Saint-Merry donne un sentiment d’appartenance à l’Église universelle.

Cette communauté est aussi engagée, dans la réalité du monde, depuis sa création, dans les années 1975, en accueillant des Latino-américains, suite aux dictatures dans certains pays, et actuellement, répondant à l’appel du pape François, des familles de réfugiés, en logeant trois familles de réfugiés dans le centre de Paris, une quatrième venant d’être relogée définitivement (totalisant 9 enfants). Un tel engagement n’a pu avoir lieu que grâce à la communauté du Centre Pastoral, forte et unie par des valeurs chrétiennes fondamentales dont la charité-fraternité-solidarité.

Saint-Merry est une communauté sans cesse renaissante. C’est pour cela qu’elle subsiste depuis quarante-cinq ans, elle ne vieillit pas justement parce qu’elle renaît sans cesse, un peu comme la Communauté de Taizé, qui depuis les années 60 accueille toujours des jeunes…
Il est vital que de tels lieux existent pour témoigner de l’Évangile auprès des femmes et des hommes de notre temps et pour sortir l’Église du cléricalisme dans lequel elle est empêtrée. Il y va de la crédibilité de notre Église, et vouloir fermer cette expérience de Mission revient à fermer l’Évangile au monde.

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Geneviève DURAND

Chargée d’aumônerie dans l’enseignement public à Paris.

Publié: 01/03/2021