16e dimanche ordinaire

1. Dimanche dernier, Jésus se présentait comme le semeur du Royaume. Il disait, en sa personne et en son agir, l’extraordinaire libéralité de son Père, en même temps que l’assurance du succès de la Parole malgré l’infertilité des sols ou l’inadvertance du semeur. Aujourd’hui, le semeur revient sur le sillon pour voir le blé en herbe s’élever vers la moisson mais aussi, l’ivraie, qu’on appelait zizanie au temps de Jésus.

2. La parabole part d’un premier constat : le mal et le bien coexistent dans le monde des hommes aussi bien que dans le cœur de chaque homme. Depuis que Caïn tua son frère Abel. Aujourd’hui, il ne se passe pas un jour, il ne se passe pas une heure, il ne se passe pas une minute sans que des milliers de personnes de toutes conditions, dans le monde entier, n’aient à subir des violences, des tortures, des souffrances de multiples origines, pour de multiples prétextes. Aussi bien entre pays, entre ethnies, entre religions que dans les familles. Plus scandaleusement encore, de la part des hommes d’Eglise. Mais nous voyons aussi que les hommes sont capables de grands actes de générosité. Jamais on n’a vu autant d’organismes d’aide et de soutien tenter de les combattre. Médecins du monde ou sans frontières, Caritas, ATD Quart Monde, Amnesty et tant d’autres pour les causes internationales. Mais d’autres aussi dans la proximité de notre entourage comme Restos du cœur, Aide aux handicapés, Guides de chiens d’aveugle. En France, on évalue à 9 milliards les sommes versées par 48 % des Français pour venir en aide aux autres.

3. La parabole pointe d’abord la patience de Dieu. Elle laisse la porte ouverte au fils prodigue parti au loin dépenser le bien reçu sans considération pour celui qui l’en avait comblé. Elle refuse la violence, comme ce feu du ciel que les disciples voulaient que Jésus fasse tomber sur ces Samaritains qui leur refusèrent l’hospitalité. Elle est à l’image de cette graine de moutarde qui a besoin de temps pour devenir la plus grande des plantes potagères et un abri pour les oiseaux. Elle est à l’image du temps du levain pour faire lever la pâte dans lequel il est enfoui. La patience de Dieu dit aussi la grandeur dont il revêtit l’homme en lui laissant la liberté du choix de ses comportements.

4. Pour autant, la patience de Dieu n’est pas attente que les choses changent d’elles-mêmes. Elle marche à la rencontre des hommes. Elle s’est donnée à voir en Jésus sur sa route missionnaire. Il va vers Zachée qui se sentait rejeté par tous ses concitoyens. Elle est encore dans la hâte inquiète de ce berger parti à la recherche de la brebis perdue. Elle habite ce maître de banquet envoyant ses serviteurs aux carrefours de la ville appeler les invités à la noce de son fils : « Venez, la fête prête. » Autant d’images qui nous montrent à l’évidence que cette patience de Dieu est tout entière dans l’agir de ce Fils bien-aimé envoyé pour chercher l’homme. Pour qu’à notre tour nous la portions à l’autre. « La patience est le temps qui laisse advenir le temps de l’autre, et qui réalise une rencontre entre le temps et l’éternité. » (Michel Geoffroy)

5. Il ne nous est pas difficile de reconnaître que l’ivraie indésirable pousse aussi dans notre champ et que pouvons nous-mêmes être porteurs de zizanie pour ceux qui nous entourent. Nous sommes si influençables, si mal informés de leur secrète histoire. « Ne vous posez pas en juge, dit Jésus, afin de n’être pas jugés ; car c’est de la façon dont vous jugez qu’on vous jugera, et c’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous. » François de Sales le disait à sa manière : « Il faut fleurir là où Dieu nous a semés. Ne semez point vos désirs sur le jardin d’autrui, cultivez seulement bien le vôtre. »

Dans l’attente que ta miséricorde sépare en nous, quand tu le voudras, comme tu le voudras, le bon grain de l’ivraie, le bien du mal, Seigneur, apprends-nous les chemins de patience dont nous avons tant besoin pour te ressembler, dont nous avons encore plus besoin pour nous rapprocher les uns des autres.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 23/07/2023