Équipes fidèles

Dans un courrier d’octobre 1975 je retrouve des notes pour l’organisation d’un groupe de prière. Des enseignants chrétiens de l’enseignement public souhaitaient compléter leur réflexion d’équipe par un temps de prière. C’était l’époque où foisonnaient les initiatives au sein de l’Église. La démarche proposée s’articulait autour de l’expression des participants donnant la tonalité particulière de leur prière : action de grâces, écoute de la parole de Dieu, intercession, prise de conscience des responsabilités. Il était souhaité que chacun puisse proposer des textes, des chants, des prières personnelles.

Il y a quelques jours à peine, une vingtaine de personnes de ce “groupe-prière” se retrouvaient pour la rencontre mensuelle. Depuis 1975, il n’y a jamais eu de coupure même si le nombre des participants a évolué avec au total une soixantaine de personnes pendant plus ou moins longtemps. Ce groupe n’est pas le seul à avoir une aussi longue histoire. Plusieurs équipes sont en lien avec des mouvements d’Action catholique. D’autres poursuivent leur route en toute liberté répondant ainsi à la demande des intéressés.

Plus de quarante, trente ou vingt ans d’existence ! Voilà qui ne manque pas d’étonner ! Quel peut être le ressort de cette fidélité ? Telle était la question posée lors d’une dernière rencontre. Éclairés par la parole de Dieu, on peut noter trois types de réponses.

La première formulée par une participante insiste sur le fait que l’Église ne peut être que plurielle, car elle réunit différentes sensibilités, cultures et langues. La longévité du groupe s’appuie donc sur la prise en compte de cette diversité dans un climat d’accueil et de respect. Cela conduit au dialogue, à la rencontre. Cela prémunit ainsi contre le danger de tendances sectaires développant une pensée unique et le même type d’engagement.
Catherine de Sienne, une grande figure féminine de l’Église (14e siècle) insistait auprès de ses sœurs sur la prise en compte de la différence, vécue en communauté, comme une attitude spirituelle. Elle prêtait à Dieu ces propos : « J’aurais bien pu créer les être humains de façon que chacun ait tout, mais j’ai préféré accorder des dons différents à des personnes différentes, afin que tous aient besoin les uns des autres. »

Une deuxième réponse s’est exprimée à partir du récit de Pentecôte. Pour les croyants, c’est la fidélité de Dieu qui peut être reconnue comme le fondement de nos fidélités humaines. Confortées par sa parole, elles témoignent d’une présence de l’Esprit, sans aucune défaillance auprès de tous les hommes. C’est à l’épreuve du temps que se perçoit la fidélité des amours et des amitiés. Des maîtres spirituels font remarquer que c’est en prenant en compte le temps que l’on peut ou non, dans nos entreprises humaines, reconnaître le rôle de l’Esprit de Dieu.

Enfin, une troisième approche invite à voir dans ces équipes de chrétiens, un bon soutien au niveau de la foi. Dans un climat de fraternité joyeux, la vie de chacun est prise en compte, ainsi que sa dimension spirituelle partagée en toute confiance. Ces trois évocations successives forment ainsi un visage humain de l’Église proche des hommes. À une foi chrétienne qui repose sur l’incarnation, toute évasion du monde est interdite.

Ces équipes, par delà le temps, gardent la mémoire du Christ et cela depuis plus de 2000 ans. N’est-ce pas le signe de la présence et de l’action de l’Esprit Saint ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/04/2023