1er dimanche de l’Avent

1. Pour parler de la venue du Fils de l’Homme, Jésus fait appel à l’histoire de Noé et du déluge. On lit dans le livre de la Genèse : « Le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre : à longueur de journée, son cœur n’était porté qu’à concevoir le mal et le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. Il s’en affligea et dit : “J’effacerai de la surface du sol l’homme que j’ai créé, hommes, bestiaux, petites bêtes et même les oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits.” » Au cataclysme du mal, succéda celui du déluge pour l’effacer.

2. Le récit se poursuit ainsi : « Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur ». Et, depuis l’arche échouée sur le mont Ararat, la terre se repeupla, les champs reverdirent et les oiseaux chantèrent à nouveau sous l’arc-en-ciel, signe de la dilection divine. Cependant la méchanceté de l’homme continua de se multiplier sur terre. Et Jésus, le seul Juste, ne trouva pas grâce aux yeux de l’homme qui l’effaça de la terre. Dès lors la croix élevé sur la colline du Calvaire devint le signe de la méchanceté de l’homme. Les disciples, submergés, sombrèrent.

3. Mais ce qu’ils virent trois jours plus tard, après le cataclysme vécu, fit reverdir la joie dans leur cœur. Nous chantions autrefois en latin, au cours de l’Avent, le vœu que formulait le prophète Isaïe : « Rorate caeli de super et nubes pluant Justum... Cieux, versez votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le Juste. Que la terre s’ouvre et produise le salut. » Et le tombeau s’est ouvert, la mort a été vaincue, et la Vie est revenue. Les disciples partirent alors sur les routes du monde pour dire que l’Espérance n’était pas morte sous les coups de la méchanceté humaine. Cette Espérance que Charles Péguy voit comme « une petite fille qui entraîne tout, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, celle qui entraîne tout parce qu’elle voit ce qui sera ».

4. Nous le savons bien. Le moment de l’épreuve peut arriver subitement, soudainement. Nous-mêmes ou l’un de nos proches n’avons pas échappé ou n’échapperons peut-être pas à l’annonce d’un diagnostic de santé alarmant, du décès d’un proche, d’un échec. Qui peuvent être autant de cataclysmes à notre échelle. Autant de voleurs de bonheur, venus dans la nuit de notre insouciance, pour percer notre maison. A l’heure où nous n’y penserons pas. Il faudra nous dire alors que nous sommes entrés dans l’immense cortège des souffrants derrière le Christ Jésus dans sa montée vers le Calvaire. Il nous apparaîtra alors que nous nous sommes rapprochés de ceux et celles qui en font partie. Il nous apparaîtra aussi que le « Je suis avec vous » du Seigneur prendra toute sa densité et communion, toute sa réalité.

5. Voilà qui donne beauté et sens à la vie même jusqu’à qu’elle se meure. Le regard vers le haut. Edith Stein, juive de naissance mais athée, découvre en 1917 la foi chrétienne en voyant son amie, Anna Reinach, convertie au protestantisme, vivre dans la foi le deuil de son mari tombé à la guerre. Elle sera arrêtée comme carmélite et mourra à Dachau. « Apparais-moi, Seigneur, car tout est dur lorsque l’on perd le goût de Dieu » écrivait Saint-Exupéry.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 27/11/2022