29e dimanche ordinaire

1. Ne pas payer l’impôt de l’occupant romain coûtait cher. Le contrevenant était puni de mort par crucifixion, ce refus étant regardé comme un acte de rébellion contre l’empereur. Cet acte de soumission était rendu plus douloureux encore pour le croyant juif du fait que les monnaies utilisées portaient comme effigie « au divin César ».

2. La question : « Faut-il payer l’impôt à César » est présentée comme un piège posé par les pharisiens pour prendre Jésus en défaut. S’il dit oui, ce collaborateur des Romains ne saurait prétendre venir d’en haut. Nous avons entendu dans la première lecture ce que Seigneur a fait dire au prophète Isaïe a deux reprises : « Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre : hors de moi, il n’y a pas de Dieu. » Ce sont les mots du premier commandement de la Loi. S’il dit non, les sadducéens, proches du pouvoir duquel ils tenaient leurs postes, le dénonceront devant le tribunal romain comme rebelle qui le condamnera. On l’en accusera lors de son procès devant Pilate : « Il ameute la foule pour ne pas payer l’impôt ! »

3. Il faut donc admirer toute l’habileté de Jésus qui a bien senti le piège. Il ne répond ni oui, ni non mais les pousse à se mettre en jeu : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt… Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Jésus vient de retourner le piège. Ceux qui l’interrogeaient sont maintenant interrogés et ceux qui voulaient lire dans la conscience de Jésus sont bien obligés de lire ce qu’ils ont sous les yeux. Puisque qu’elle vient de César, alors « Rendez donc à César ce qui est à César ».

4. « Rendre à Dieu ce qui est à Dieu » nous concerne aussi. Saint Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Et aux chrétiens de Rome : « C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. » C’est en vérité que nous chantons : Tout vient de toi, Père très bon. Mais il faut mettre le Christ Jésus au premier plan de notre reconnaissance parce que si « personne n’a jamais vu Dieu », lui en a montré le visage et les chemins à suivre pour « être parfait comme son Père ». Il nous faut prendre au premier degré la grande doxologie eucharistique finale : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Père, tout honneur et toute gloire. » Croire en un seul Dieu ne se limite pas à une conviction intellectuelle. Cela doit se voir dans nos actes, à l’exemple de Jésus lui-même : « Je ne fais rien de moi-même. … Celui qui m’a envoyé est avec moi : il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » Le peu que nous donnons par bienveillance n’est qu’un petite image de ce qu’il nous a donné. Ce don ne s’est pas arrêté à la croix. Lui, non plus, ne nous a pas laissé seul. « Je suis avec vous tous les jours » doit nous réjouir sans fin. À tout moment, dans toutes les situations, je puis lui parler et, si j’y apprête bien mon cœur, j’entendrai sa réponse.

5. De Michel Delpech. « J’ai cru guérir de ce cancer de la langue qui m’a touché en février 2013. Je me suis trompé. Il est revenu. Il y a une guerre au fond de ma gorge. Je me bats, je travaille à guérir. Pour un chanteur, perdre sa voix, c’est la pire épreuve. Depuis l’âge de 18 ans, la chanson est toute ma vie. Deux cents chansons en cinquante ans de carrière, dont trente “tubes”… Durant cette plongée dans les ténèbres de la dépression, j’ai connu le chaos. J’ai cherché à en sortir par le “haut”, en tâtant du bouddhisme, de l’hindouisme, en essayant la méditation transcendantale… Mais je me suis rendu compte, progressivement, que tout cela n’était pas un chemin fécond pour moi. J’étais en train de me perdre.
Mais j’ai vécu un jour un “choc religieux” à Jérusalem, où j’ai rencontré le Christ. Je visitai le Saint-Sépulcre avec ma femme, et là, pressé pourtant par de nombreux pèlerins, soudain, devant le Tombeau, je m’agenouille et me voilà chrétien. Un peu comme Frossard, Claudel, Clavel – d’un coup. En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. C’était très doux. J’ai immédiatement eu la sensation que j’étais sauvé. »


Méditation

La fleur des champs et l’abeille qui la butine,
L’oiseau qui chante le printemps revenu.
Seigneur, donne-moi d’y voir les signes
Que, sur la terre, ta beauté a répandus.

En y semant la Vie en multiples lignes,
Tu fis de la terre le miroir de la tienne
Pour que chacun retrouve la divine origine
De sa joie de vivre et de toi se souvienne.

Alors le vol de l’infime éphémère
Et le pas pesant de l’éléphant
Ne te laisseront pas indifférent
Et tes yeux seront chapelles en prière.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 22/10/2023