La vendange mystique
Maurice Denis (1870-1943), c. 1890. Huile sur toile, 74 x 51 cm. Pays-Bas, fondation Triton.

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments, Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. »
Le soleil baigne toute l’œuvre, éclaboussée de touches allant du jaune vif au rouge. Mais est-ce un soleil, ou l’auréole du Christ, ou encore les deux à la fois ? Le crucifié est lui-même le soleil qui fait mûrir la vigne. Son corps continue le chemin qui traverse la Vigne. Les sarments s’entourent autour de son corps, partant de son côté percé duquel le sang s’écoule, à moins qu’il ne s’agisse d’une grappe généreuse. Mais la signification est la même : l’offrande de Jésus sur la croix, sa vie entièrement donnée est l’unique source de vie pour ses disciples. Son propre don précède tout don.
Maurice Denis joue avec les motifs à double interprétation, nous emmenant au cœur de la comparaison établie par Jésus. Il la complète par une citation du Cantique des Cantiques, qu’il avait soulignée dans sa propre Bible : « Mon Bien-aimé est une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi. » () Oasis luxuriante au cœur du désert, Engaddi est toujours un paradis de fraîcheur à la végétation généreuse. Quant au cypre, arbuste très odorant, il y servait souvent de tuteur pour les vignes auxquelles il donnait un goût et un parfum rare. Par ce rappel du Cantique des Cantiques, l’artiste déploie le sens de la comparaison : si nous restons unis au Christ, nous porterons beaucoup de fruit, et un fruit délicieux et parfumé pour le monde.
A la vigne, des femmes vêtues comme des religieuses s’activent. Dans l’art de Maurice Denis, la figure féminine est souvent associée à l’âme chrétienne. Occupant tout l’espace, elles expriment combien la récolte est généreuse. Leurs hottes ou leurs paniers se sont transformées en calices sous le pinceau du peintre, unissant encore le fruit de la mission au Christ versant son sang sur la croix.
La croix de mort devient une vigne joyeuse, généreuse, parfumée. Mais c’est à nous d’en recueillir les grappes. Plus que jamais, le Christ a besoin de nos bras pour récolter et partager le fruit de son amour. Encore faut-il le voir, scruter le monde à la recherche des signes du Royaume. Une femme, les mains croisées tandis que ses sœurs travaillent, nous le rappelle. Elle incline son visage vers le calice, en réponse au visage du Christ incliné vers la terre où sa vie donnée continue de porter beaucoup de fruit
Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.
- La femme adultère (Jn 8, 1-11) - Lorenzo Lotto (1480-1556)
- Le Sacré-Cœur (Jn 15, 12-17)
- La piscine de Bethzatha, de Jacopo del Sellaio (1442-1493)
- La Mise au Tombeau
- Le Paradis terrestre
- La libération des apôtres
- Le pharisien et le publicain
- Le Christ et St Thomas
- Le centurion de Capharnaüm, de Paolo Véronèse
- Mater Dolorosa (1953) - Michel Ciry (1919-2018)
- Sainte Véronique, c. 1580 - Le Greco (1541-1614)
- François d’Assise réconforté par un ange
- La vendange mystique
- Le Père ressuscite Jésus (Ac 13, 26-33)
- Les Saintes Femmes au Tombeau
- L’entrée du Christ à Jérusalem
- La résurrection de Lazare, de Jacob Willemsz de Wet l’Ancien (c. 1610-c. 1675-1691, Haarlem)
- « Il leur ouvrit les Ecritures »
- La guérison de l’aveugle né
- Le Christ sortant du Tombeau
- Les Saintes Femmes au tombeau
- La compassion du Père
- Moïse présentant les tables de la loi, de Philippe de Champaigne (vers 1648).
- Jésus et Nicodème
- La multiplication des pains
- Paul et Barnabé à Lystres
- Apparition du Christ aux apôtres
- Sacré Cœur crucifié (1894) - Maurice Denis (1870-1943)
- Le serpent d’airain
- L’enfant Jésus jouant avec un clou