14e dimanche ordinaire

1. Parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72 qu’il envoya deux par deux. Selon le livre de la Genèse, 72 était le nombre de peuples non-juifs de la terre. Il est utilisé ici, de manière symbolique, pour faire entendre que la Bonne Nouvelle doit être annoncée par toute la terre, en toutes les langues, comme il avait été déjà signifié au jour de la Pentecôte. Selon les Actes des Apôtres rédigés par Luc, le nombre de nouveaux chrétiens augmenta rapidement. Il fallut donc faire appel à de nouveaux missionnaires pour répondre à l’attente. Avec des recommandations qui disent, de manière symbolique, l’urgence de la mission : deux par deux pour que le message soit crédible, sans préparation aucune, ni bourse, ni sandales de rechange parce qu’il faut partir sans délai, sans s’attarder dans un village, pour aller plus loin, accepter ce qu’on servira, qu’il soit casher ou non. On perçoit l’impatience de Jésus pour qui la Bonne Nouvelle doit être annoncée le plus vite possible, le plus loin possible.

2. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” » Ces mots disent l’esprit dans lequel les disciples doivent se présenter, le même que celui que Jésus montrait aux apôtres enfermés au cénacle par crainte d’être arrêtés pour les extraire de leurs peurs. A leur tour, les missionnaires devront se présenter comme des porteurs de bienveillance, de paix. Non pas de cette paix qui est cessation des hostilités, la paix des armes, telle que les hommes la conçoivent. Dans la tradition, la paix est le bien par excellence, don de Dieu. « Si tu savais le don de Dieu » avait murmuré Jésus à la Samaritaine. Paul n’a aucun doute : « C’est lui qui est notre paix. » En disant « Paix à cette maison » ils ne disaient rien d’autre que ce que nous entendons à plusieurs reprises dans la célébration eucharistique « Que le Seigneur soit avec vous ! »

3. « Guérissez les malades qui s’y trouvent. » La maladie représente la forme de fragilité humaine la plus évidente. Physique d’abord car elle porte souffrance et met à mal le goût de vivre. Morale aussi lorsque cette fragilité se nomme pauvreté, injustice, violence. Spirituelle enfin pour qui n’a pas pris la mesure de la fraternité à développer, de l’amour à donner. Jésus n’a pas guéri malades et infirmes pour montrer une puissance extra-terrestre. Ses guérisons, ils les voulaient comme des signes de la bienveillance divine. On courut d’abord vers lui comme à un guérisseur, à un thaumaturge. Il refusa et on finit par ne plus le chercher. Il finit lui-même pas se laisser emmener dans la plus grande déréliction, toujours pour montrer jusqu’où pouvait aller la bienveillance divine.

4. « Mais sachez que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » C’est la fidélité à son message de bienveillance universelle qui a conduit Jésus au Calvaire. Cette même fidélité au message de Jésus pourra conduire le disciple là où le maître est allé. Le premier à le suivre sur ce chemin s’appelait Etienne, horriblement lapidé. En l’an 155, au temps de Marc-Aurèle, le proconsul de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie, fit comparaitre Polycarpe pour le faire abjurer : « Jure par la fortune de César, rétracte-toi, crie : à mort les impies ! » Polycarpe répondit : « Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de César, comme tu dis, en feignant d’ignorer qui je suis, écoute-le donc une bonne fois : je suis chrétien. Voilà quatre-vingt-six ans que je le sers et il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je insulter mon roi et mon sauveur ? Si le christianisme t’intéresse, donne-toi un jour pour m’entendre. » Le procureur ne fut pas intéressé et Polycarpe fut condamné aux flammes. Mais le loup peut être aussi dans la bergerie. Judas le livrerait pour de l’argent. Pierre le renierait par peur. Il est aussi en notre for interne lorsque nous y laissons dormir des sentiments contraires à ceux de Jésus et lorsque nous ne les activons pas dans nos relations. Telle est la mission que nous devons porter en commençant par la vivre.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 03/07/2022