J’ai compassion de qui j’ai compassion, et je fais miséricorde à qui je fais miséricorde.

Ex 33,19

J’aime ce passage du chapitre 33 du livre de l’Exode où, pour la première fois, Dieu prononce son Nom de Miséricorde.

Le silence du désert enveloppait toute chose. Moïse pria pour le peuple, puis il dit à Yahwé : « De grâce, fais-moi voir ta gloire. » Celui-ci répondit : « Je passerai devant toi et tu verras ma gloire, je te dirai mon nom. » Ce jour-là, Moïse sut que le nom de Dieu était : « J’ai compassion de qui j’ai compassion, et je fais miséricorde à qui je fais miséricorde. » () Le peuple, dès lors, pria ainsi : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de miséricorde, aie pitié de nous. » () « Lui alors, dans sa tendresse, effaçait les torts au lieu de dévaster ; sans se lasser il revenait de sa colère au lieu de réveiller son courroux. » ()

Cet appel à la miséricorde de Dieu se conserva dans la tradition monastique, en particulier chez les Pères du Désert. Il nous est revenu à travers le “pèlerin russe” et la spiritualité orientale sous la forme de la “prière de Jésus”, ou “prière du cœur” : « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, aie pitié de moi, pécheur. » Comment cette prière ne serait-elle pas la nôtre ? Puisse-t-elle nous ouvrir à l’amour infini du Seigneur dont la joie est de se donner ainsi, au-delà de toute mesure. Disons-lui : « Seigneur, ne permets pas que je t’empêche de verser en moi les flots d’amour que tu me destines depuis toujours. » Voilà ce que signifie : « Aie pitié de moi, pécheur. » Tel est aussi le sens du Kyrie eleison que nous disons au début de chaque Eucharistie. Ce n’est pas le murmure du coupable honteux, mais le cri émerveillé de l’enfant qui jamais, entre les bras de son père, ne cesse d’être le fils retrouvé.

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Louis SANKALÉ

Évêque de Nice jusqu’en 2013.

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Publié: 01/07/2021