27e dimanche ordinaire

1. « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Jésus venait juste de traiter ses disciples d’hommes de peu de foi. Que demandaient-ils ? Qu’est cette foi qui leur manque, que l’on peut ne pas avoir et, si on l’a, que l’on peut perdre, ce dont Jésus lui-même s’inquiète : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

2. A quoi pensait Jésus ? Certainement pas à ce que l’on met habituellement sous le mot foi comme sa divinité, la trinité, le ciel et l’enfer et d’autres « vérités de foi » que l’on appelle dogmes, formulés par les conciles plusieurs siècles plus tard. Jésus a vécu proche de ses disciples. Il ne leur demandait qu’une chose : la confiance. A l’image de celle des enfants pour leurs parents, des époux l’un pour l’autre. Il n’est besoin que de ce sentiment d’attachement profond, viscéral, qui ne demande pas de preuves pour le justifier, pas de formules pour le définir. Un attachement viscéral qui va bien au-delà d’un partage d’idées, de valeurs morales. Jésus lui donne une force inimaginable, comme celle qui conduirait un arbre à se déraciner pour aller se planter en mer, une montagne à se déplacer. Elle fut source de guérison pour cette femme qui lui toucha le manteau, pour cette Cananéenne qui lui demandait la guérison de sa fille, pour ces gens qui lui présentèrent leur paralysé, à cet aveugle de Jéricho assis au bord du chemin, à ce lépreux revenu le remercier. Ce manque de confiance de la part des pharisiens lui coûta la vie.

3. Il nous appartient de faire grandir en nous cette confiance sans limite. En suivant le cheminement des premiers disciples. Ils l’avaient vu de loin sur les rives du Jourdain, l’avaient entendu parler de Dieu comme leurs maîtres en leurs synagogues ne parlaient jamais. Ils l’avaient suivi de loin encore et virent qu’il ne faisait pas de différence entre les hommes, que les « petits » avaient sa prédilection, qu’il avait le plus grand souci de venir en aide à tous ceux qui venaient à lui. C’est que sa manière de parler, sa manière d’être ne venaient pas du livre mais du cœur. Au fil des jours et des cheminements près du lac, à Capharnaüm, la cité des païens comme on disait à Jérusalem, les disciples passèrent de la considération à l’admiration, de l’admiration à la ferveur de l’attachement, jusqu’à la passion de l’amour qui peut conduire jusqu’à mourir pour lui plutôt que de le renier. Si nous trouvons ce chemin-là, à n’en pas douter, nous passerons par les mêmes sentiments qu’eux. Si le seul fait d’entendre son nom nous fait chaud au cœur, si un regard, même furtif, vers une croix, nous touche, alors nous saurons que nous sommes sur le chemin d’un attachement intérieur grandissant qui, tel le levain que « cette femme met dans trois mesures de farine, si bien que toute la masse lève », telle cette « graine de moutarde qu’un homme prend et plante dans son jardin. Elle pousse, elle devient un arbre, et les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches. »

4. Cette confiance sans limite, cet attachement profond, cette « foi », ne doivent pas nous laisser nous endormir dans un quiétisme égoïste. Vivre au plus près de la personne aimée conduit à partager ses sentiments, faire siens ses projets. L’apôtre Paul nous en a montré le chemin. Une voix l’avait retourné sur la route de Damas : « Saul, Saul, pourquoi me persécute-tu ? » « Saisi par le Christ », il ira jusqu’à confesser : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ en moi ! » Dès lors il parcourut la Syrie, la Cappadoce, la Grèce pour faire partager sa passion pour le Christ. Il écrivit aux Philippiens : « Pour moi, vivre, c’est Christ, et mourir m’est un gain. Mais si vivre ici-bas doit me permettre un travail fécond, je ne sais que choisir. Je suis pris dans ce dilemme : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, et c’est de beaucoup préférable, mais demeurer ici-bas est plus nécessaire à cause de vous. » ()


« Seigneur, augmente en nous la foi ! »

Il s’ouvre le livre qui n’est pas livre
Mais, venue d’en haut, Parole vive.

Ce n’est pas un lecteur que tu entends.
C’est la voix du Prophète de la nuit des temps.

Il n’est pas d’un officiant le message écouté.
C’est l’écho de Sa voix qui revient de Galilée.

Alors ferme les yeux, et l’esprit éveillé,
Laisse glisser en toi la rivière des mots
Qui rafraîchissent à chaque soubresaut
Les pierres ballottées, les cœurs desséchés.

Elles demandent rumination obstinée,
Ces paroles à moudre comme du grain.
Et à être pressés, ces grains de raisin
Qui donneront pain et vin divins à partager.

Mais la parole qui vient juste de passer
Que tu n’avais jamais remarquée,
Ne la perd pas, emporte-la, médite-la.
Du Christ tu viens d’emboîter le pas.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 02/10/2022