« Voici que tu enfanteras un fils et tu lui...

1. « Voici que tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera appelé Fils de Dieu » avait dit l’ange Gabriel à Marie. C’est donc, tout logiquement, que plus de 200 évêques venus d’Egypte, de Grèce, de Palestine, de Rome, réunis en concile à Ephèse, première ville d’Asie Mineure, déclarèrent en 431 que Marie pouvait être appelée Mère de Dieu, Theotokos en grec. Dire qu’une femme, créée par Dieu, puisse être appelée Mère de Dieu parut insupportable à certains d’entre eux qui ne lui reconnurent jamais ce titre. Dieu ne pouvait pas avoir de mère. Comment, en effet, peut-on penser que Dieu pouvait naître d’une femme, lui l’Eternel, le créateur du monde ? Comment peut-on penser d’ailleurs que cet enfant puisse être Dieu ? Que l’Infini puisse s’enfermer dans le fini, que l’Eternel, Celui qui est hors du temps, puisse venir cheminer sur les routes du temps, que celui qui avait interdit à Moïse de voir sa face, sous peine de mourir, puisse se rendre visible et si vulnérable qu’il mourra lui-même dans cette rencontre avec les hommes. Evidemment. Mais c’est le Christ qui est sous-entendu dans l’invocation Mère de Dieu. Les deux invocations, Mère de Dieu et Mère du Christ, doivent être prononcées et entendues en même temps. L’Eglise orthodoxe lui fait une grande place dans sa liturgie, et nombreuses sont les icônes qui en témoignent. Cette vénération se déplaça dans l’Eglise d’Occident qui dès lors lui rendit un culte que l’on a trouvé parfois excessif. A un chrétien de l’Eglise Evangélique qui en faisait grief, j’ai répondu qu’il était la plus haute et la plus belle expression de la tendresse de Dieu.

2. C’est près de sa mère que l’enfant qui vient de naître rencontre pour la première fois la tendresse. Tout naturellement d’abord, de peau à peau. Maman est le premier mot qu’il dira. Maurice Genevoix raconte dans ses récits de la guerre de 14-18 qu’il sera encore le dernier cri des blessés à mort, abandonnés au fond des trous d’obus. Jésus apprit la tendresse auprès de sa Mère. Cette tendresse ne le quittera plus. La souffrance de cette veuve de Naïm qui vient de perdre son fils unique, comme la douleur de ses amies de Béthanie à la mort de leur frère Lazare, le bouleversera. Ses dernières paroles adressées à Jean debout au pied de la croix, « voici ta Mère », disent avec quels sentiments nous devons regarder celle qui fut d’abord sa Mère. Et lorsque nous disons « Sainte Marie, Mère de Dieu », en égrenant le chapelet, nous entrons, par Marie, dans la tendresse de Dieu que Jésus voulut nous faire toucher du doigt. « Prier Marie, sans méditer les événements de la vie de Jésus, n’a aucun sens » a écrit le pape Jean-Paul II. On ne le dira jamais assez. La foi n’est pas une affaire de raison, d’explications. Elle est un attachement qui fait entrer dans le cœur, qui fait partager les sentiments de celui qu’on aime. Nous le savons bien si nous regardons pourquoi et comment nous aimons nos enfants, nos parents, notre conjoint. Cela ne s’explique pas, ne se raisonne pas. C’est intérieur, viscéral. C’est cela que Jésus apprit près de sa Mère. C’est cela qu’il demande à ses disciples. Prions d’abord Marie pour cela. Saint Bernard ne la pria pas pour autre chose que de pouvoir conformer sa vie à celle du Seigneur.


Prière de saint Bernard de Clairvaux

Lorsque vous assaillent les vents des tentations, lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur, regardez l’étoile, invoquez Marie.
Si vous êtes ballottés sur les vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la calomnie, de la jalousie, regardez l’étoile, invoquez Marie.
Si la colère, l’avarice, les séductions charnelles viennent secouer la légère embarcation de votre âme, levez les yeux vers Marie...
Dans le péril, l’angoisse, le doute, pensez à Marie, invoquez Marie. Que son nom ne quitte ni vos lèvres ni vos cœurs !
Et pour obtenir son intercession, ne vous détournez pas de son exemple. En la suivant, vous ne vous égarerez pas.
En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir.
En pensant à elle, vous éviterez toute erreur.
Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas ;
Si elle vous protège, vous n’aurez rien à craindre ;
Sous sa conduite vous ignorerez la fatigue ;
Grâce à sa faveur, vous atteindrez le but.

Saint Bernard (1090-1153) - Deuxième homélie, Louanges à Marie

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/01/2023