Eglise et Procréation Médicalement Assistée
Les lignes qui suivent correspondent à la réponse faite à la question "quelle est la position de l’Eglise catholique vis à vis des gens qui ont eu recours à la PMA ?", lors d’une table ronde intitulée "Familles d’aujourd’hui, vers quel art de vivre la solidarité ?" durant le deuxième grand colloque provincial de Familles 2011 qui s’est tenu, le samedi 26 mars 2011, à Lille.
Il se trouve que j’enseigne la théologie morale et que je suis un peu chercheur en éthique. La PMA pose autant de problèmes qu’elle ne soulève d’espoir. C’est certain que par rapport à la détresse de certains couples qui n’arrivent pas à procréer ces techniques représentent une sorte d’espérance très forte. Mais simultanément, il faut voir que la mise en œuvre soulève toute une série de problèmes d’éthique, qui posent question pour la conscience chrétienne. Le problème le plus lourd, c’est que, pour aboutir, on est obligé de procéder à la création de plusieurs embryons humains, dont un seul aboutira à une naissance. Qu’est-ce qu’on fait avec les autres ? On les conserve ou on les détruit ? Dans les deux cas, cela pose des questions à partir du moment où on considère, avec l’Eglise catholique, que l’embryon humaine est une personne humaine en train de se développer, et qu’il doit être traité comme un personne humaine dès le début de son existence, dès le moment de la fécondation. On se trouve devant une série de problèmes. Il y a plusieurs milliers d’embryons congelés en France, dont plus d’un tiers ne font plus l’objet d’un projet parental, qu’est-ce qu’on peut en faire ? Les donner à la science ? S’en servir à des fins expérimentales ? Ce n’est pas de la matière vivante, ce n’est pas une chose. Ce n’est encore tout-à-fait quelqu’un, mais c’est quand même déjà quelqu’un dans la mesure où cet embryon deviendra un personne humaine à part entière, et il l’est déjà d’une certaine façon. C’est le problème principal.
Un autre problème annexe, c’est que la PMA est une pratique lourde, et le taux de réussite est relativement faible eu égard à l’effort physique et moral que cela représente, et les couples qui sont passés par là savent que ce n’est pas une partie de plaisir ; et puis il y a le coût financier, supporté par la collectivité nationale, et cela pose aussi des questions. Et puis il y a aussi la question du don des gamètes, sperme ou ovule venant d’un donneur externe au couple, qui pose de nouveaux problèmes quant à la différentiation entre paternité ou maternité biologique et la paternité ou maternité légale ou affective. Est-ce qu’on peut dissocier les choses comme cela … ?
Prêtre du diocèse de Cambrai, directeur de l’Institut international foi art catéchèse de Lille, professeur à la faculté de théologie de Lille.
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