Individu ou personne ?
En participant à la mairie de Lille, le 17 novembre dernier, au débat citoyen sur la fin de vie, présidé par le professeur SICARD, je m’interrogeais en entendant les arguments des partisans de l’euthanasie et du suicide assisté.
Ils revendiquaient ces droits au nom de la liberté de l’individu, autonome, raisonnable et maître de son destin. Ainsi, les directives anticipées devaient être opposables. Les relations familiales, sociales n’étaient guère prises en compte, à l’opposé de ce qu’expliquaient les nombreux acteurs de l’accompagnement et des soins palliatifs.
Pour les uns, l’euthanasie représentait un progrès, s’inscrivant dans la logique d’une modernité héritée des lumières, pour les autres, le respect absolu de la vie permettait une vie en société plus heureuse, plus respectueuse de la personne humaine, appelée à grandir en dignité par la sollicitude manifestée.
D’un côté, l’homme apparaissait dans sa superbe. La revendication du droit à mourir dans la dignité, maladroitement associé au droit de se suicider (sic) avait un aspect tragique. De l’autre, se révélaient l’humble puissance du soin, la gratuité d’une présence, la force d’une alliance thérapeutique qui permettent à une société de protéger ses membres les plus faibles.
Mon propos, nécessairement réducteur, est un peu caricatural.
Néanmoins la grille de lecture anthropologique que je vous soumets peut éclairer bien des débats actuels, celui sur la fin de vie, comme celui du « mariage pour tous » et du droit à l’enfant, que certains voudraient voir triompher, au mépris de ce qui fonde la filiation.
Pouvons-nous fonder une société sur les droits et les désirs des individus ? N’est-il pas plus juste de reconnaître ce qui nous lie les uns aux autres, bien au-delà du contrat ?
Nous ne sommes pas hommes tout seuls, mais bien dans ces échanges qui fondent notre personne et la vie en société !
Billet écrit par le père Bruno Cazin , Président-recteur délégué de l’Université Catholique de Lille, pour le numéro de janvier 2013 de "Vues d’ensemble", revue de cette même Université Catholique de Lille.
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