1er dimanche de l’Avent (année B)

1. Les grands prophètes des temps passés, comme Isaïe que nous venons d’entendre, ont appelé le peuple à revenir à Dieu, à abandonner les voies du mal qui conduisent inéluctablement au malheur et à la destruction. Ils l’ont averti que la dévastation approchait, mais ils le consolaient aussi en lui rappelant que Dieu est fidèle, qu’Il rétablirait la paix, l’harmonie entre tous les peuples, et qu’Il désignerait pour cela un messie, un homme auquel Il aurait donné son onction. Tout Israël, alors sous le joug de Rome, l’appelait avec insistance, l’attendait avec impatience, l’espérait proche. Les disciples crurent voir en Jésus ce messie attendu et avec lui tout ce qu’ils attendaient.

2. Mais ce qu’ils attendaient de lui, ce Royaume de Dieu dont il leur avait tant parlé, n’est pas arrivé comme ils l’avaient imaginé. Cette parabole est la réponse de Jésus à tous ceux qui se figuraient que le Règne de Dieu allait se manifester sur le champ parce qu’il était près de Jérusalem. « C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail. » Il reviendra, à l’improviste peut-être, « le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ». Ce retour, les disciples et avec eux les premiers chrétiens le crurent proche après son départ. Le temps passant sans que rien ne se produise, ils admirent qu’il faudrait attendre avec patience son retour. Dès lors ce temps de l’Avent, nous devons le regarder comme le temps de la préparation de son retour, en accomplissant le travail que ce maître nous a fixé. D’ailleurs le mot Avent qui nous vient du XIIe siècle signifie « advenir, en train d’arriver ». Il ne faut donc pas le considérer comme la seule attente de la célébration d’un Noël passé. L’Avent est notre présent pendant lequel le Christ Jésus nous demande de veiller et de rester en tenue de service.

3. Veiller, c’est d’abord ne pas se laisser endormir, ce à quoi conduisent la routine et l’indifférence. La routine nous dit qu’il n’y a pas à changer les choses. L’indifférence nous amène à dire qu’on ne peut rien faire. On sait toujours se trouver des tranquillisants, comme ceux qui font dormir, qui nous permettent de ne pas être inquiété, dérangé. Ne pas voir, éviter de voir, c’est ce qu’il y a de plus facile à faire si l’on ne veut pas s’engager. Les appels à l’éveil pourtant ne manquent pas si nous voulons bien ouvrir les yeux. « Restez en tenue de service » fut dit un autre jour par Jésus. Un geste de solidarité, une parole de réconfort, une attitude de compréhension, un temps de présence, la mise en sommeil d’une rancune, si peu de chose parfois peuvent redonner le goût de vivre à celui qui le perd, de la dignité à celui ou celle qui s’en trouve privé, un nouveau départ au matin du réveil de notre endormissement. Si nous voulons bien chercher, nous trouverons sûrement de quoi ne pas nous tenir éveillé.

4. Enfin on ne peut parler du retour du Seigneur sans penser à notre retour vers le Seigneur. Ce que nous n’aimons pas faire. Ce retour peut se faire attendre longtemps, je le constate bien, mais aussi arriver à l’improviste. Aux personnes âgées, parfois déprimées, on peut toujours montrer que, là où elles sont, comme elles sont, elles peuvent toujours apporter un peu de joie de vivre, un peu de bonheur autour d’elles. A ceux et celles qui ne peuvent plus rien faire et s’en désolent, on peut leur donner à lire ce texte trouvé après sa mort, dans les cahiers d’une religieuse de 87 ans, atteinte d’un cancer qui l’avait privée de la parole.

Bien longue est ma journée, éternel est l’Amour.
Bien petite est ma chambre, infini est l’Amour.
Chanter, je ne peux plus, aimer, je puis toujours.
Agir, je ne peux plus, aimer, je puis toujours.
Penser, je ne peux plus, aimer, je puis toujours.
Prier, je ne peux plus, aimer, je puis toujours.
Pleurer, je ne peux plus, aimer, je puis toujours.
Rien ne me restera, mais l’Amour ne meurt pas.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 03/12/2023