3e dimanche de Carême

1. Les quatre évangélistes rapportent cette violente scène, preuve en est qu’elle a marqué les esprits. Elle peut étonner de la part de Jésus. Il a fréquenté le Temple dès son plus jeune âge, y a enseigné, y a prié. Il en connaissait les habitudes. Il savait qu’il fallait bien des vendeurs pour vendre les animaux destinés au culte rituel et des changeurs pour les acheter avec l’argent du Temple et non avec celui qui portait l’effigie du divin César, inacceptable dans l’enceinte du Dieu unique. Il faut ajouter que le nombre des prêtres et des lévites, 450 en service par jour, 7 000 en tout, vivaient de ces offrandes. Au temps de la Pâque, le nombre des habitants de Jérusalem, 80 000 environ, était décuplé et par conséquent les vendeurs, les changeurs aussi. Que s’est-il passé ce jour-là pour que Jésus s’emporte au point de chasser bœufs, brebis et colombes, et de renverser les tables des changeurs ? Etaient-ils installés au mauvais endroit ? Traversaient-ils le parvis de la prière pour raccourcir leur chemin comme le suggère Marc ? Cet événement a été mal ressenti par les gens du Temple (sadducéens, lévites, prêtres). On est en droit de penser que cet événement a déclenché la décision de son arrestation.

2. Un motif est avancé par Jésus : « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Le commerce dont Jésus parle va certainement plus loin que le seul marchandage installé aux portes. Il apparut vite que le rituel de purification passant par des offrandes d’animaux avait pris une telle importance qu’il pouvait être considéré comme purification du cœur alors qu’il ne devait que l’accompagner, le signifier. Depuis longtemps déjà, le prophète Isaïe au 8e siècle, s’était fait le porte parole de Dieu pour condamner le manque de cohérence entre le culte et le vécu. Il n’a pas pris de gants : « Que me fait la multitude de vos sacrifices, dit le Seigneur ? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Mais lavez-vous, purifiez-vous. Ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve. » Jésus, nouveau prophète, criera lui aussi : « Allez donc apprendre ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. » Paul a certainement trouvé les mots les plus justes pour parler du culte à rendre : « Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel. » Autrement dit : faites de votre cœur une maison de prière selon la manière qu’il indique aux chrétiens de Colosses : « Revêtez votre cœur de tendresse. »

3. L’incendie de Notre-Dame de Paris a provoqué un grand émoi chez des millions de personne. Sa restauration a suscité une générosité sans pareille, motivée par un sentiment d’un autre ordre que celui de sauver un trésor du patrimoine. Au cœur de Paris, comme au cœur de chacune de nos villes, de nos villages, cette cathédrale comme nos églises font regarder plus haut que nos places publiques. Partout en France, on rassemble des fonds nécessaires pour les restaurer, même si elles n’ont plus de desservant, de fidèles pour en assurer la vie. Ne laissons pas mourir les nôtres. Mais, plus important encore, ne restons pas sourds à cet appel du Christ que nous fait entendre l’auteur du livre de l’Apocalypse : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui et lui avec moi. » C’est à une rencontre que le Christ nous appelle, à une rencontre avec lui en même temps qu’à une rencontre entre nous : nos églises en sont les lieux. « Là où deux seront rassemblés en mon nom, je serai là au milieu d’eux. »


Méditation

Ami, fais de ton cœur une chapelle
Ouverte à qui cherche de trouver
Le silence de l’écoute qui appelle
La confiance et l’envie de partager.

Fais-y battre la plus grande tendresse
Pour que n’y meure la compassion
Et que ne l’emporte la tentation
De l’indifférence qui s’y empresse.

N’oublie pas d’y garder vive la flamme
De celui dont le cœur s’est embrasé
Pour que ne s’éteigne pas en ton âme
La joie de la foi qu’il t’a donnée.

Seigneur, prends-y ce peu de moi
Plus léger qu’aumône au mendiant
Plus insignifiant que cadeau d’enfant
Comme prière et offrande tout à la fois.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 03/03/2024