Dimanche de la Sainte Famille

1. C’est à une rencontre surprenante que nous fait assister aujourd’hui le récit de l’évangile. Une rencontre entre un vieillard et un enfant de quelques semaines. Un vieillard qui avait vécu toute une histoire d’homme, qui savait que cette histoire allait s’achever. Pour une personne qui entre dans le grand âge, parce que ses forces diminuent, parce que sa clairvoyance s’estompe, l’avenir se monnaye au jour le jour. Le souvenir de son passé peut lui revenir en force et son cœur se remplir de nostalgie. Tout au contraire, Syméon se réjouit pour l’avenir que la naissance de cet enfant annonce. Un message d’espérance donc.

2. Cette espérance peut nous manquer à la vue des événements que nous vivons. Tout particulièrement en ce qui concerne la famille. S’il est un thème qui a fait la une de tous les médias ces dernières années, c’est bien celui de la famille et de son fondement, du mariage, du droit de disposer de son corps. On sait l’Eglise opposée à l’avortement, au nom du droit de vivre de l’enfant. Mais l’histoire a montré et montre toujours dans de nombreux pays tous les dégâts des avortements clandestins. L’Église considère toujours que le mariage est indissoluble. Mais comment rester insensible à toutes les violences conjugales qui vont jusqu’au crime ? Au temps des familles éclatées, recomposées, monoparentales, homoparentales, on s’aperçoit bien que tout se complique et crée des situations souvent douloureuses. Notre prière aujourd’hui sera pour eux mais aussi pour ceux et celles qui ont ont su garder au cœur ce que le renard disait au petit prince, un peu fâché avec sa rose : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… » « Je suis responsable de ma rose… » a répété le petit prince, afin de se souvenir. »

3. Vivre ensemble en famille, disait le pape François, est un cheminement . Ce cheminement de chaque jour a des règles que l’on peut résumer dans ces trois mots : « S’il te plaît, merci, pardon. » Ecoutons-le.
A. Le premier mot est s’il te plaît. Quand nous nous préoccupons de demander avec gentillesse également ce que à quoi nous pensons pouvoir prétendre, nous établissons une véritable base pour l’esprit de la coexistence conjugale et familiale. Entrer dans la vie de l’autre, même quand il fait partie de notre vie, demande la délicatesse d’une attitude qui n’est pas envahissante, qui renouvelle la confiance et le respect. L’intimité, en somme, n’autorise pas à tout considérer comme acquis. Et l’amour, plus il est intime et profond, exige encore davantage le respect de la liberté et la capacité d’attendre que l’autre ouvre la porte de son cœur. A ce propos, rappelons la parole de Jésus dans le livre de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » Le Seigneur aussi demande la permission d’entrer ! Ne l’oublions pas.
B. Le deuxième mot est merci. Nous devons devenir plus intransigeants sur l’éducation à la gratitude, à la reconnaissance : la dignité de la personne et la justice sociale passent toutes les deux par là. Si la vie de famille néglige ce style, la vie sociale le perdra aussi. Ensuite, pour le croyant, la gratitude est au cœur même de la foi : un chrétien qui ne sait pas remercier est quelqu’un qui a oublié la langue de Dieu. Une fois j’ai entendu une personne âgée, très sage, très bonne, simple, mais avec cette sagesse de la piété, de la vie, qui disait : « La gratitude est une plante qui ne grandit que dans la terre des âmes nobles. » Cette noblesse d’âme, cette grâce de Dieu dans l’âme nous pousse à dire merci à la gratitude. C’est la fleur d’une âme noble. C’est là une belle chose.
C. Le troisième mot est pardon. Un mot difficile, certes, mais pourtant si nécessaire. Lorsqu’il manque, les petites fissures s’élargissent — même sans le vouloir — jusqu’à devenir des douves profondes. Ce n’est pas pour rien si dans la prière enseignée par Jésus, le « Notre Père », qui résume toutes les questions essentielles de notre vie, nous trouvons cette expression : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » () Si nous ne sommes pas capables de présenter nos excuses, cela signifie que nous ne sommes pas non plus capables de pardonner. De nombreuses blessures des sentiments, de nombreux déchirements dans les familles commencent avec la perte de ce mot précieux : « Pardonne-moi. » Dans la vie conjugale, on se dispute si souvent... « Les assiettes volent » aussi, mais je vous donne un conseil : ne finissez jamais la journée sans avoir fait la paix. Ce n’est pas facile mais on doit le faire. Et avec cela, la vie sera plus belle.

Seigneur, à Noël, tu as incarné la divine solidarité du ciel et la terre. Tu vois combien la conscience de l’homme est trouble, fragile, influençable. Aide-nous à trouver tous les chemins de solidarité qui nous conduiront à la mettre en nos vies familiales, communautaires, mondiales.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 31/12/2023