Pâques

1. Elle était déjà là, Marie-Madeleine, lors de la mise au tombeau de Jésus, juste à la tombée de la nuit avant que ne s’ouvre le temps du sabbat, celui du repos, pendant lequel rien ne doit se créer. Ce temps de sabbat à peine écoulé, alors qu’il fait encore nuit, elle se rend au tombeau. Elle était venue pour pleurer, attirée de manière irrésistible comme on va sur la tombe d’un proche pour prolonger le dialogue qui s’est arrêté, pour lui parler dans l’intimité qui n’a pas besoin de témoins. Mais le tombeau est ouvert ! Vide ! Alors elle s’émeut. C’est en courant qu’elle va le dire à Pierre et Jean : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et on ne sait où on l’a mis ! » Son émotion est palpable. L’aurait-elle perdu une seconde fois ? Ne pourrait-elle plus lui parler ? On sait la souffrance de ceux qui n’ont plus de corps à revoir comme ceux qui sont perdus en mer, ou ceux dont on recherche désespérément ce qu’il en reste après un bombardement, un cataclysme. Mais, nous dit-on de Jean, le disciple bien-aimé, il vit et il crut. De voir de ses yeux un tombeau vide lui révèle une présence qui n’a plus besoin des yeux.

2. D’où venons-nous ? Où allons-nous. Des questions qui viennent du fond des siècles. Toutes les religions du monde ont tenté d’y répondre. Les religions d’Asie, hindouistes, bouddhistes, confucéennes, jaïniste, taoïste voient un après la vie dans une fusion universelle de tous les êtres, le nirvana présenté comme un vide de toute conscience personnelle. La religion juive, tout en insistant sur l’immortalité de l’âme, ne s’avance pas pour dire ce que sera cet après la vie. L’islam en parle comme d’un Eden, un jardin de bonheur sans plus. Pour la première fois dans l’histoire humaine et il n’y en aura pas d’autre après lui, Jésus présente cet après de la terre comme une rencontre avec celui qu’il dit être « Notre Père qui es aux cieux… ». Nous ne finirons jamais de méditer, de creuser ces paroles qui font que notre marche nous conduit vers une rencontre. On raconte que le curé d’Ars a demandé à un paysan pour quelle raison il ne disait pas le Notre Père en entier, mais s’arrêtait aux premiers mots : « Notre Père qui êtes aux cieux. » Il lui fut répondu : « Cela me suffit ! »

3. « Christ ressuscité » n’est pas seulement une espérance pour notre après. Aujourd’hui tant d’œuvres de mort conduisent à remplir des tombeaux : les guerres, la mort par malnutrition, par violences de toutes sortes. Mais depuis Pâques, nous sommes appelés à ouvrir des tombeaux, des tombeaux de malfaisance et des tombeaux de désespérance, des tombeaux de résignation et des tombeaux de misère. Le feu nouveau auquel fut allumé le cierge pascal, la lumière qu’il irradiait en se consumant, l’eau dans laquelle il fut plongé pour être versée sur nos têtes lors de notre baptême sont autant de signes nous appelant à rendre notre foi profonde, chaleureuse, éclairante, vivifiante.

4. Nous partagerons alors les sentiments de l’auteur de l’hymne entendu au début de la célébration de la veillée pascale : « Exultez, maintenant, chœur des anges dans les cieux ; exultez, divins mystères ; et pour chanter la gloire d’un si grand Roi, sonne, trompette du salut. Réjouis-toi, terre irradiée de telles clartés ; que l’univers entier tressaille du bonheur d’être sortie des ténèbres. » Exultation qui a fait s’élancer les cathédrales, a inspiré Rembrandt et tant d’artistes aux œuvres admirables. Que ta joie demeure murmure en notre cœur Jean-Sébastien Bach alors que le Te Deum de Gustave Charpentier nous fait toujours vibrer. Pâques, avec le Christ dans notre cœur, nous appelle à donner autour de nous la joie de vivre. « Oui, il y eut un soir, il y eut un matin et Dieu vit que cela était bon… Christ est ressuscité ! Alleluia ! »

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 17/04/2022