2e dimanche de l’Avent

1. « En ces jours-là, paraît Jean-Baptiste, qui proclamait dans le désert de Judée : Convertissez-vous car le Royaume des Cieux est tout proche. » Ainsi commence le texte du jour. A son époque, le peuple juif avait perdu depuis plus de 63 ans son autonomie politique et vivait sous la puissante et douloureuse domination romaine. La fierté du peuple qui se disait « Elu de Dieu » s’en trouvait profondément meurtrie. Pourtant il ne désespérait pas de voir arriver ce Messie libérateur qu’un des plus fameux prophètes d’antan, Isaïe, lui avait déjà annoncé à l’époque de l’exil qui avait duré 70 ans. « Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu, rassurez Jérusalem et proclamez à son adresse que son châtiment est accompli » avait-il proclamé et le peuple était revenu libre. Le Messie n’allait-il pas revenir maintenant qu’on approchait des 70 ans de soumission à un peuple idolâtre ? Cette attente provoquait beaucoup d’effervescence dans tout le pays. Jean ne serait-il pas le prophète attendu pour annoncer la fin de cette attente, la venue du Messie libérateur ? Sa renommée ne manqua pas d’attirer beaucoup de monde, comme l’écrit Matthieu avec beaucoup de générosité.

2. Figure surprenante que celle de cet homme dont Luc nous dit que Zacharie, son père, appartenait à la plus haute famille sacerdotale, au cœur même du culte du Temple. On retrouve son fils bien loin de là, vêtu d’une tunique faite de poils de chameau, se nourrissant de miel sauvage et de sauterelles, à la manière des prophètes d’antan. L’accueil qu’il fait aux sadducéens, les plus fidèles des fidèles du Temple, venus pourtant l’écouter, est violent : « Engeance de vipères ! Qui vous appris à fuir la colère qui vient ? La cognée est déjà au bord de l’arbre. Produisez donc un fruit digne de la conversion. » Au lieu du Royaume de Dieu, il leur annonce la colère de Dieu.

3. On comprend mieux le Précurseur Jean en se souvenant que la vie publique de Jésus fut un long conflit avec les autorités du Temple. Il se termina en condamnation par le Sanhédrin, son autorité, sous le contrôle de Pilate néanmoins. Les sadducéens tenaient pour essentielles, incontournables, les nombreuses (613) et lourdes prescriptions de la loi de Moïse. Parce qu’ainsi on était « les vrais fils d’Abraham ». Ceux qui ne les respectaient pas étaient considérés comme des pécheurs. Jean leur demande la conversion de leurs manières de penser, en Précurseur de Jésus qui sera considéré comme un destructeur de la religion traditionnelle. Parce que Jésus ne cessa de dire que la miséricorde était infiniment plus astreignante que tous les rituels. Que le bon Samaritain de la parabole avait écouté son cœur pour secourir ce laissé pour mort au bord de la route alors que le lévite du Temple était passé de l’autre côté par peur d’enfreindre une prescription rituelle. En notre temps, hélas, des hommes mettent cette conception de la religion dans la manière de la pratiquer, avec des victimes en plus. Jean Baptise montre qu’il fut bien le Précurseur de Jésus le révolutionnaire du cœur. Son destin anticipera celui de Jésus.

4. Mais ne jetons pas trop vite la pierre à ces sadducéens. Ils n’enseignaient que ce qu’ils avaient appris. L’histoire de l’Eglise montre que les chrétiens n’ont pas dérogé. L’inquisition, les guerres de religion, en sont les marques ineffaçables. Les plus anciens se souviennent des contraintes rituelles imposées comme celle d’assister à la messe le dimanche, de se confesser et communier au moins une fois par an sous peine de sanctions éternelles, vingt siècles après que Jésus eut dit que l’homme n’était pas fait pour le sabbat mais le sabbat pour l’homme. Le chemin de la foi passe par l’humanité et pour savoir ce tu dois faire, demande-le d’abord à ton cœur. Les célébrations liturgiques sont là pour nous y aider en nous mettant en présence du Christ pour écouter son message et en vivre. Alors nous donnerons à notre quotidien une autre dimension, un autre sens, une autre qualité.

« Maranatha … Seigneur, viens », chantons-nous en ce temps de l’Avent. Oui, Seigneur, viens. Sois pour moi Bonne Nouvelle chaque jour. Donne-moi de trouver de la joie rien qu’à évoquer ton nom.


Méditation

Au soir de la journée que j’ai remplie
De paroles, de gestes, et de bruits
Fais, Seigneur, que je ne m’endorme pas
Sans avoir un seul regard vers toi.

Tu ne me demandes pas de prières
Qui ne seraient que des pour soi
Mais seulement d’avoir agi en frère
Chaque fois qu’il avait besoin de moi.

Lorsqu’à nouveau au matin je m’éveillerai
Et repartirai avec mes joies et mes chagrins
Aide-moi à ne pas oublier en chemin
Que tu marches toujours à mes côtés.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 04/12/2022