Progrès

Derrière ce mot se cachait au 19e siècle le mythe selon lequel la science, enfin devenue majeure et débarrassée des superstitions religieuses, allait pouvoir assurer le bonheur des hommes. Cette idéologie scientiste a fait long feu et le grand mérite de l’écologie est de nous montrer toute l’ambiguïté d’un progrès technique par lequel les hommes peuvent améliorer grandement leurs conditions de vie, mais aussi se détruire. Notons tout de même que cette critique n’a guère atteint (malgré la faillite patente des grandes idéologies) la sphère du politique, puisque d’aucuns se qualifient encore de « forces de progrès » (probablement celles-là mêmes qui, jadis, étaient réputées aller « dans le sens de l’histoire » !)

On hésite beaucoup plus à parler de progrès moral... et pour cause : notre siècle a été le témoin de trop de génocides et autres barbaries sans nom !

Quant au champ religieux, si certains chrétiens taxent les autres de « progressistes », ce qualificatif n’est pas franchement un compliment dans leur bouche...

Est-ce à dire que le christianisme induit une vision pessimiste de l’histoire ? Certes pas. Le progrès est une idée chrétienne, à condition, note le cardinal Lustiger, de ne pas la rendre folle : « Le chrétien croit que la vie des hommes a une signification, un sens et donc un objectif : la communion des hommes entre eux et avec Dieu, par le Christ-Messie, présent en ses frères jusqu’au dernier jour du monde. Cela demeure voilé jusqu’à ce qu’apparaisse la vérité tout entière de l’histoire des hommes. »

Saint Paul n’hésitait d’ailleurs pas à parler de la « plénitude » du Christ-Messie (« plerome » en grec) pour décrire cette croissance spirituelle de l’humanité. Et l’évangile présente l’achèvement de l’histoire des hommes comme le temps de la moisson et de la vendange ; on trie le bon grain et l’ivraie, la paille et le blé ; on coupe le raisin pour faire le vin nouveau... L’histoire véritable des hommes est celle de ce progrès qui ne fait l’économie ni des erreurs, ni des régressions, ni des péchés. (cf. interview du cardinal Lustiger dans Le Figaro du 12/01/1999)

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Hilaire LECOUËDIC

Le plus vieux marin de Port Saint Nicolas.

Publié: 30/11/2003