Comment pardonner ?

« Vous avez appris….mais moi je vous dis : Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5,23-24)

Le temps de Carême veut être un temps de renouveau. Or notre passé est lourd d’expériences douloureuses, comme celle d’avoir été offensé dans notre réputation, notre dignité.
Nous récitons le Notre Père qui demande de « pardonner à ceux qui nous ont offensés ». Mais nous n’allons pas plus loin, oubliant que, nous aussi, avons besoin et bénéficions du pardon du Seigneur. Ces quelques lignes proposent un parcours du pardon pour être plus vrai avec soi-même, avec l’autre, avec le Seigneur qui nous en a montré le chemin.

1. Pardonner c’est d’abord renoncer à la vengeance.
Si j’y ai eu recours, que m-a-telle laissée en échange ? Avec quelles suites ?
« Pour la première fois, j’avais goûté à la vengeance ; c’était comme un vin aromatisé ; en l’avalant, il était chaud, sentait le terroir, mais laissait un arrière-goût métallique, corrosif, donnant la sensation d’un empoisonnement. » (Charlotte Brontö)

2. Pardonner peut être facilité en ne gardant pas pour soi. Accepter d’en parler avec une personne de grande confiance. Ce n’est pas facile parce qu’en dévoilant ce qu’on aimerait laisser caché, on risque de ne pas être pris au sérieux, de ne pas être compris.

3. Pardonner, ce n’est pas oublier. Ce qui a été ne peut pas ne pas avoir été. Surtout si demeurent des plaies ouvertes ou des cicatrices indélébiles.

4. Pardonner, ce n’est pas renoncer à ce que justice soit faite lorsqu’il y va du droit, de la loi.

5. Pardonner, ce n’est pas s’humilier ou donner à l’autre l’impression qu’il a raison mais décider de ne pas se laisser dominer par l’offense. Le pardon est un acte de libération, fait retrouver plus de sérénité.

6. Pardonner, c’est commencer par évaluer l’importance ou la non-importance de l’offense. Se rappeler les circonstances, les conditions, l’histoire passée. La partie de mon moi que je sens visé et qui me fait le plus souffrir. Mes torts aussi. C’est aussi considérer le positif que je peux en retirer. Mettre cela par écrit dans une première colonne.

7. Pardonner, c’est essayer de se mettre à la place de celui qui vous a offensé. Chercher à comprendre ses raisons. Dans un esprit de vérité et non à charge. Que sais-je de lui ? Qui est-il pour moi : un très proche, un supérieur ou un subordonné ? Comment me voit-il : comme un rival, ou en dominateur ? Mettre cela par écrit dans une deuxième colonne en vis à vis.

8. Pardonner, c’est faire le premier pas en renouant une relation pacifique. Retrouver un comportement normal. Il n’est pas nécessaire d’en parler. Mais cela doit se voir dans le comportement.

9. Enfin, c’est remercier le Seigneur Jésus de nous avoir associé un peu plus à lui sur le chemin du pardon qui libère.

« Ne jugez pas » nous as-tu dit Seigneur.
Juger c’est se mettre à distance, regarder de loin, de haut.
C’est décider seul de culpabiliser l’autre
Sans qu’il puisse s’expliquer, se disculper peut-être.
Juger, c’est plus facile et je n’ai besoin de personne.
Et je peux repartir sans rien avoir à dire,
Sûr de moi et de mon bon droit.
Mais plus seul d’avoir ainsi choisi de m’éloigner
Dans la crainte de devoir à nouveau croiser
Celui que Tu avais mis sur ma route pour Te rencontrer.

C’est que toi, Seigneur, tu me dis autre chose
« Si ton frère a commis contre toi quelque faute
Va le trouver seul à seul… »
Fais le premier pas même si tu es l’offensé
Approche-toi de celui qui t’a jugé
Passe par-dessus le fossé qu’il a creusé
Ouvre ce pont qui vous permettra de ne pas vous noyer
Dans les flots toujours plus forts de l’inimitié.
Assieds-toi à table avec lui comme son égal,
Pour mieux l’écouter sans être partial.

Alors tu sentiras combien la paix est fraîcheur.
Et qu’en cet instant tu auras goûté un peu à ce bonheur
Que je donne aux artisans de paix, Moi, votre Sauveur !

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/04/2014
Les escales d'Olivier