Prier à la manière de Thérèse d’Avila - Jean de la Croix

Thérèse d’Avila (1515-1582) raconte dans son autobiographie qu’elle fut, 20 ans durant, une carmélite trop peu fervente. Un jour elle passe devant le buste du Christ flagellé : « Le Christ, lorsque je le vis, imprima en moi son immense beauté, elle y est toujours, elle y est encore aujourd’hui ; il a suffi d’une seule fois. » Elle découvre et fait découvrir par ses écrits son cheminement : « l’oraison intérieure ».

1. Commencer par décider de me recueillir, de prendre quelques instants, quelques minutes ou davantage, au travail comme à la maison, pour arrêter toute occupation extérieure ou mentale. Créer le silence en moi.
Pour redécouvrir qu’au plus intime de moi, il y a l’âme. (Texte 1)

2. Me dire que le Christ est en moi, mais caché. Me redire indéfiniment ce que Jésus à dit à chacun de ses disciples : « Je demeure en vous ! » (). Intimement et personnellement. Caché comme la saveur du fruit est cachée dans le fruit. Se le redire sans chercher à l’expliquer mais en regardant le Christ : sa vie, ses paroles.
Cela demande du temps. Ne pas vouloir aller plus loin tant que cette pensée n’est pas devenue obsédante. (Texte 2)

3. Mais pourquoi ? Parce que je suis aimé du Père et que Jésus est venu pour le dire à mon humanité incapable de le savoir.
Se redire et méditer : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » ().
« Le Père lui-même vous aime » (). Personnellement.

4. Me regarder ensuite. Qui suis-je pour mériter cela ? Regarder le temps passé et mes moments de tiédeur, voire d’indifférence. Reconnaître ma pauvreté et mes comportements déméritoires. Humilité.

5. Dès lors je ne peux que retourner au Seigneur l’amour qu’il m’a fait découvrir. Et me conformer à vivre autour de moi ce qu’il vit avec moi. Ce qui ne peut qu’augmenter mon amour. (Textes 3)

6. Pratiquer alors la prière comme « un commerce d’amitié où on s’entretient souvent et intimement avec Celui dont nous savons qu’il nous aime ». (Thérèse d’Avila)

7. Pour vivre le quotidien : « Je tâchais autant que possible de vivre en gardant en moi la présence de Jésus-Christ, notre Bien et Seigneur, et c’était là mon mode d’oraison. » (Thérèse d’Avila) (Texte 4).

TEXTES

1. « Il est bien regrettable et confondant que, par notre faute, nous ne nous comprenions pas nous-mêmes, et ne sachions pas qui nous sommes, nous bornant à notre corps, et, en gros, a savoir que nous avons une âme, parce que nous en avons entendu parler et que la foi nous le dit. Mais les biens que peut contenir cette âme, qui habite en cette âme, ou quel est son grand prix, nous n y songeons que rarement. Nous faisons passer avant tout sa grossière
demeure qui est notre corps. » (Thérèse d’Avila)
« Le centre de l’âme c’est Dieu. » (Jean de la Croix)
« Voici que le royaume de Dieu est au-dedans de vous. » ()

2. « Tu étais en moi et moi en dehors ! Tu étais avec moi ; je n’étais pas avec toi. Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ; j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je pris feu pour la paix que tu donnes. Quand j’aurai adhéré à toi de tout mon être, alors plus de douleur, plus de fatigue nulle part. Toute pleine de toi sera ma vie. » (St Augustin)

3. « Le propre de l’amour est de ne rien s’attribuer, de ne rien s’approprier, mais de tout renvoyer à celui qu’on aime. » (Jean de la Croix)

« Aimer, c’est la passion d’agir pour qu’une âme aime Dieu et en soit aimée… Et soyez certaines que plus vous ferez de progrès dans cet amour-là, plus vous en ferez dans l’amour de Dieu, car l’amour de Sa Majesté pour nous est si grand qu’en retour de celui que nous avons pour notre prochain il augmentera de mille manières celui que nous avons pour Sa Majesté : je ne puis en douter. L’amour attire l’amour. » (Thérèse d’Avila)

« Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a, lui sera retiré. » (Parabole des talents : )

4. « Imaginez que le Seigneur est tout près de vous. Si vous vous habituez à le garder près de vous, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Si nous ne le regardons jamais, si nous ne considérons pas ce que nous lui devons et la mort qu’il a subie pour nous, je ne sais comment nous pouvons le connaître, ni agir à son service. » (Thérèse d’Avila)

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

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Publié: 01/03/2016
Les escales d'Olivier