33e dimanche ordinaire

1. « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. » Ainsi commence la parabole dite des talents. En cette fin d’année liturgique, les lectures disent quelque chose de la fin des temps. Pour les chrétiens, elle sera la rencontre avec le Christ dont Paul dit qu’il avait hâte de le revoir. Annoncée d’abord comme proche, la parabole des jeunes filles attendant l’époux pour la noce appelait à la patience, à la persévérance. La parabole des talents est suivie de celle du jugement dernier qui veut rendre les chrétiens attentifs à la préparer comme Jésus l’avait demandée. Que veut nous dire la parabole des talents ? Un verbe revient souvent, conjugué au passé, au présent et au futur pour nous le laisser entendre. « Il confia ses biens…les biens que tu m’as confiés… je t’en confierai beaucoup. »

2. Il faut souligner d’emblée l’immensité du bien confié. On a estimé que la somme des cinq talents, des deux au deuxième, d’un seul au troisième serait équivalente à 30 000 kg d’or. Manifestement Jésus ne parle de personne d’autre que de son Père. Ce n’est pas la première fois. Nous l’avons entendu inviter à la table des noces de son fils toutes les personnes que ses serviteurs rencontreront dans la ville, les bons comme les mauvais. Il sème à tous vents, sans se soucier de ce qui adviendra du grain semé. Il fait pleuvoir sur les justes comme sur les injustes. Il refuse à ses disciples le droit de séparer l’ivraie du bon grain. La générosité divine n’a pas de limites.

3. Quel bien inestimable nous a donc confié le Père ? Jean l’évangéliste le désigne clairement : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Noël tout proche nous rappellera sa venue dans notre monde. La parabole nous invite à la regarder comme la remise entre nos mains de son bien le plus précieux, qui n’a pas de prix, celui dont il dit qu’il est son Fils bien aimé. La parabole des vignerons révoltés le dit clairement et annonce par anticipation ce que les hommes feront de lui.

4. La parabole nous met devant l’attente du Père, devant la manière dont nous aurons accueilli le don qu’il nous a fait. Nous savons qu’elle ne va pas de soi. Paul invitait déjà Timothée, son compagnon de mission le plus cher, à s’en préoccuper : « Je te rappelle d’avoir à raviver le don de Dieu qui est en toi. » Comme il faut raviver une flamme qui s’éteint. La parabole du jugement dernier qui suit nous dira ce qu’il faut faire pour cela. Richard de Saint-Victor, un moine écossais du 12ème siècle, a écrit : « Tous les dons de Dieu sont de l’amour dû ! » Du haut d’une colline Galilée Jésus nous dira que bienheureux seront ceux qui ne mettent pas sous cloche, à l’instar du troisième serviteur, l’esprit de paix, la patience, la bonté, la miséricorde, la compassion, le pardon. L’indifférence, qui nous guette avec le temps qui passe, emprisonne dans le moi et appauvrit. Pour en sortir, il faut faire gagner chaque jour un peu plus de bienveillance à notre cœur en réponse à celle qui nous est donnée par le Père en Jésus-Christ. Elle ne pourra aller qu’en croissant tel l’arbre qui grandit en nourrissant ses propres racines de ses feuilles tombées sur le sol.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 19/11/2023