3e dim. ordinaire

1. « Jésus quitta Nazareth et vint habiter Capharnaüm. » Il quitta un village modeste, tranquille, peu fréquenté et où tout le monde se connaissait, a fortiori lui, le constructeur de maison avec Joseph. Trente ans durant, ce n’est pas rien. Pour se rendre à Capharnaüm, un petit village de 1 500 habitants, à 50 km de Nazareth, situé à la frontière nord du pays, au bord du lac, important lieu de passage des caravanes commerçantes vers l’Egypte ou la Mésopotamie. Là, il ne connaissait personne.

2. J’y vois Jésus assis à côté des gens ou s’arrêter dans la rue pour les écouter, parler des événements de la vie courante, du beau temps, des difficultés de vivre lorsque la sécheresse réduit les récoltes, peut-être aussi des impôts de l’occupant romain et d’Hérode qui avait son palais là-bas de l’autre côté du lac. Il n’y avait pas d’hôpital et nombreux étaient les malades, les handicapés et parmi eux ceux qui n’avaient plus leur entière raison et qu’on traitait de possédés. Il s’est réjoui de voir les enfants danser sur la place, d’être invité à un mariage, s’est ému en voyant la peine de cette mère qui venait de perdre son fils unique. Il a entendu aussi ce qu’on disait de ceux qu’on ne devait pas fréquenter, les païens et les mauvais pratiquants. Il dut s’entretenir aussi avec ces pêcheurs du lac tout proche qui ont dû se plaindre plus d’une fois de revenir souvent bredouilles ou des risques pris lors de fortes tempêtes de cette mer si imprévisible. Je pense qu’il faut se mettre à ce niveau-là, l’entendre nous parler, non pas en maître, mais avec les sentiments que connurent ses disciples. De maître, Jésus en avait d’ailleurs refusé le titre et l’avait remplacé par un appel bien à lui : « Venez à moi, vous tous qui peinez… car je suis doux et humble de cœur » ne sont pas celui d’un docteur de la loi.

3. Alors il y en eut qui s’attachèrent à cet homme-là, le suivirent pour l’écouter. Ce qu’ils entendirent était d’un autre ordre que ce qu’enseignaient les rabbis des synagogues. Comme eux, il leur parla de la religion, de Dieu mais pas à leur manière. Ils apprirent que Dieu n’était pas seulement le créateur Tout-Puissant mais un Père, que l’amour qu’il leur portait, ils devaient le porter les uns pour les autres. Que parce qu’il était Père, la vie d’ici-bas ne pouvait pas se terminer dans un shéol, obscur, sans vie, sans joie. Que sa mission était de dire la Vie avec un grand V. La vie qu’il faut commencer par ne pas détruire sur cette terre parce qu’elle permet de mettre en communion avec le Père de la vie, qu’elle est le commencement d’une marche vers lui. Alors que la tradition antique juive ne voyait pas d’avenir pour l’homme autre que dans le présent, dans les petits bonheurs possibles, Jésus ouvrait les portes sur un autre devenir. La vie prenait sens et changeait toute la manière de la vivre au présent. De cette vie présente, non seulement ils l’entendirent en parler mais ils le virent leur montrer le chemin. Les évangélistes en ont écrit les joies et les peines, les accueils et les rejets. Jusqu’en haut de celui du Calvaire, attestation suprême de son engagement. Il ne pouvait pas aller plus loin.

Seigneur, aide-nous à ne pas regarder le récit de ton passage parmi nous comme l’histoire d’une vie, mais à le lire à la manière dont une maman lit la lettre de son fils parti au loin. Elle devine à travers les mots bien plus qu’ils ne disent parce qu’elle les lit avec les mots du cœur.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 22/01/2023