6e dimanche de Pâques

1. L’évangile de Jean est certainement le plus complexe, le plus difficile à commenter. Cependant on ne peut pas ne pas être frappé par le nombre impressionnant d’occurrence des mots : « amour, aimer, ami » dans les lectures de ce dimanche ( ; ). Non pas une fois, ni dix fois, mais 22 fois. Plus de 120 fois dans les écrits apostoliques. Ces mots, nous les avons entendus si souvent, que nous n’y faisons même plus attention. Nous passons alors à côté de la révélation fondamentale de la foi chrétienne. Elle tient son fondement dans trois mots : « Dieu est Amour. » C’est son nom ! L’homme, ne pouvant le regarder que de loin, d’en bas, n’ont pu lui donner d’autres nom que l’Éternel, le Très-Haut, le Tout Puissant, le Souverain Juge. Jésus est venu tout exprès pour nous sortir de notre incapacité à le nommer, à connaître la Vérité.

2. Mais il y a bien plus. Ce nom n’est pas un titre à inscrire comme une identité. Ce nom ne peut être ce qu’il est que par ce que signifie dans le concret : aimer. Aimer ne signifie rien s’il n’est que sentiment, émotion du cœur, auto-bonheur. On a représenté Dieu dans les vitraux, l’iconographie sous l’image d’un Père céleste, loin, silencieux. Alors qu’en toute vérité Dieu est Amour en Jésus-Christ, que celui-ci est l’agir divin en lequel il veut nous associer.

3. S’il y a un espace-temps dans lequel les hommes peuvent approcher au mieux de ce que veut dire aimer, être aimé, c’est bien la famille. N’est-elle pas là que l’on apprend à aimer ? Amour mutuel des parents, amour mutuel avec leurs enfants, amour des grands-parents ; et l’affection s’étend à la famille élargie, au voisinage et bien sûr aux amis. Mais, bien sûr, cela ne coule pas de source tous les jours. Le temps passant, il faut apprendre à vivre ensemble. La vie en famille est un chantier. Sa construction demande d’intégrer les matériaux de l’autre qui, parce qu’il est autre, est différent de moi. Si les matériaux apportés par chacun ne peuvent être associés, la maison n’est plus constructible.

4. Il en est de même pour la construction de notre maison commune, celle qui nous lie les uns aux autres, celle qui nous lie au Seigneur. Elle ne peut se faire qu’avec le même ciment que celui par lequel le Seigneur nous lie avec lui, l’amour, qu’il ne faut pas réduire au seul sentiment. Croire ne consiste pas non plus à ne donner que son assentiment à un ensemble de dogmes écrits une fois pour toutes à l’encre dans des livres et que nous relisons dans le Symbole des Apôtres. Ne disons pas que nous avons la foi comme s’il s’agissait d’un bien acquis une fois pour toutes mais que nous y travaillons sans jamais penser l’avoir acquise. Jean va même jusqu’à écrire que « Celui qui dit : “Je le connais” mais ne garde pas ses commandements, est un menteur ». Croire est un chantier toujours ouvert, jamais terminé. Saint Augustin excelle en sa manière d’en parler. Il écrit : « L’homme avant de croire au Christ n’est pas en route, il erre. Il cherche sa patrie mais il ne la connaît pas… L’amour de Dieu, l’amour du prochain sont comme les pas que nous faisons sur cette route. » Martin Luther King a écrit : « Croire c’est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l’escalier. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 05/05/2024