Notre Dieu est un Dieu caché, un Dieu très très discret
Chic ! Voilà un passage de l’Ancien Testament qui prête à sourire. C’est dans le premier livre des Rois () où le prophète Elie veut confondre le roi Acab qui s’est détourné du vrai Dieu, pour s’acoquiner avec la dévotion de son épouse païenne Jézabel, pour le dieu Baal. Et il a entraîné derrière lui tout le peuple élu.
La scène est grandiose et fort bien décrite. Lors d’une assemblée réunissant tous les prêtres de Baal, le roi et le peuple élu, Elie lance ses invectives : « Choisissez, peuple d’Israël, ou le Dieu de nos pères ou le dieu Baal. Je vous lance un défi. Apportez deux bœufs pour le sacrifice ; les prêtres de Baal en égorgeront un, sur un autel préparé par eux, mais sans y mettre le feu. Ils invoqueront leur dieu pour que le feu descende du ciel, et je ferai de même avec le deuxième bœuf, mais en invoquant le Seigneur des Seigneurs. » La foule se déclare d’accord avec cette procédure, et Elie invite ses protagonistes à agir en premier. Ce qu’ils font avec ardeur. Or ils sont nombreux : quatre cent cinquante, paraît-il. Ils poussent de grands cris, plient les genoux devant leur autel, vont même jusqu’à se taillader jusqu’au sang avec des lances et des épées. Cela doit faire un bon charivari ! Mais Baal reste muet, sans réponse. Vers midi, Elie les encourage à persévérer : « Criez plus fort » leur dit-il et il ajoute sans rire : « Votre dieu doit avoir des soucis ou des affaires ou il est en voyage, peut être dort-il mais il va se réveiller. » Et les pauvres de se démener tant qu’ils peuvent, se livrant à des transes prophétiques, tout cela en pure perte. Baal est toujours absent et inactif.
A la fin du jour, Elie, à son tour, demande à la foule de s’approcher. Il dresse un autel avec douze pierres, en référence aux douze tribus d’Israël, il prépare le bûcher, pose le bœuf dépecé dessus, et par trois fois ordonne de jeter des jarres d’eau, ce qui est fait ; ça dégouline de partout, c’est dit dans le texte, j’avoue que c’est très parlant, on s’y croirait.
Ensuite Elie s’avance et invoque le Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël et illico Dieu répond en envoyant la foudre qui consume tout, le bœuf, le bois et l’eau, tout est brûlé !
Le peuple est convaincu et tombe la face contre terre. C’est le Seigneur des Seigneurs qui est le seul Dieu. CQFD.
Au point de vue littéraire, ce texte est très plaisant à lire, plein d’humour, vif, on n’a aucune peine à y entrer, mais au plan spirituel, il me pose un petit problème. Certes la foi d’Elie est grandiose, il n’a aucun doute sur le fait que le Seigneur va se plier à des manifestations de grandeur et de puissance qu’il estime nécessaires pour convaincre ses frères récalcitrants (il aurait eu bonne mine, si Dieu ne s’était pas plié à ses desiderata !). Mais je sais que cette façon de faire est contraire au respect que Tu nous portes, Seigneur. Quand, beaucoup plus tard, Tu viendras sur terre, Tu éviteras le plus possible de recourir à des démonstrations extraordinaires, qui obligeraient le public à reconnaître ta divinité. Tu veux des croyants qui gardent la liberté de te dire oui ou de te dire non. Et gentiment, quelque temps après cet évènement foudroyant, Tu le rappelleras à Elie à qui Tu annonceras ton passage. Tu ne seras ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, seulement dans la brise légère. () Ça me fait penser à la façon dont Tu as rappelé à Pierre son triple reniement : « Pierre m’aimes-tu » tout en lui confiant la charge de ton peuple : c’est très très délicat !
Bref, je suis très admirative sur ce texte, Seigneur, et je ne sais pas, qui je dois admirer le plus : ou Elie dont la foi dans ton amitié est renversante ou Toi-même, Seigneur, qui sais se faire si proche de nous, au point d’accepter un tam-tam qui t’est étranger.
Voila un passage de l’Ancien Testament qui me porte facilement à la prière ; en ce qui me concerne, ce n’est pas si fréquent. Autant que je le note.
Laïque mariste († 2011).
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