Dieu, Seigneur de l’univers, et également papa

Tu te souviens, Seigneur, la première fois où j’ai fait mention de madame Zébédée, venue Te parler de la carrière de ses deux fils. Ce qui m’avait frappée, c’était sa déconvenue devant ta réponse incompréhensible pour elle. Pauvre madame Zébédée, elle n’avait rien obtenu ! Aujourd’hui, en lisant ce passage, c’est Toi qui me parais, au début, complètement à côté de la plaque. J’ai l’impression que Tu T’es mépris sur la demande de tes apôtres. Leurs soucis d’avancement T’étaient si étrangers qu’a priori, Tu as pensé (c’est comme ça tout au moins que je vois le déroulement de cette scène si vivante) qu’ils souhaitaient rester avec Toi, Te suivre où que Tu ailles, et très gentiment, Tu les as prévenus que ce ne serait pas du gâteau. Tu ne te faisais aucune illusion sur la vindicte des autorités religieuses de ton pays ! Et c’est devant la réponse très fanfaronne de ces deux garçons que Tu as vraiment saisi quelle était leur vraie sollicitation.

Alors, une fois de plus, voyant que l’ensemble des apôtres avait ce souci carriériste (d’où leur colère envers Jacques et Jean qui avaient essayé de leur passer devant) Tu les as réunis et Tu as reprécisé la façon dont ils devaient assumer leur charge : « Dans le monde, ceux qui sont chefs font sentir leur pouvoir. Parmi vous, celui qui veut être premier sera l’esclave de tous, car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir. » Et pour bien confirmer Ta pensée, la veille de Ta Passion, Tu leur laveras les pieds à tous, t’agenouillant devant chacun, malgré les réticences de Pierre.

Je comprends la réaction de Pierre. C’est pas facile de voir Dieu agenouillé devant moi comme un papa très aimant, très dépendant de ses enfants dont il sollicite l’amour, et ce d’autant plus que dans nombre de prières officielles proposées par ton Eglise (notamment dans la prière eucharistique) il est question de gloire, de règne et de puissance. Quant aux psaumes ils multiplient les images de grandeur. Il est bien dit que Dieu n’est pas favorable à ceux qui s’appuient sur la force. Mais ce n’est pas la majorité des psaumes loin de là !

Et Toi Seigneur, Tu as parlé de la nécessité de redevenir enfant pour T’être agréable mais Tu as commandé à la mer, Tu as multiplié les pains et les poissons, plus les innombrables guérisons ; Tu as même ranimé des morts. Avoue que c’est assez contradictoire !

Heureusement que Tu as dit que, quand on rendait service à nos semblables, c’est Toi qui en étais bénéficiaire. Là c’est plus facile à faire, d’autant plus facile que quand je rends service à quelqu’un je n’ai aucun mal à ne pas voir en lui Dieu présent.

II faut que j’en prenne mon parti. On ne peut, Seigneur, Te réduire à un seul aspect, et on a tendance suivant les époques, les situations, les tempéraments à privilégier l’une ou l’autre image.

Tu comprends, Seigneur ? Il faut dire qu’on est seulement un peu de terre avec Ton souffle. C’est pas brillant, brillant. Aussi je te rappelle une fois de plus cette oraison qui frise le chantage affectif et qui fait mes délices. C‘est quand Tu manifestes le plus Ta miséricorde que Tu es le plus grand !

Amen, qu’il en soit ainsi.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/07/2019