Prière du matin

Ô mon Dieu !

Compagnon de ma route, donne-moi, en ce jour, un cœur d’homme, non par un cœur indifférent, froid et glacé, mais un cœur simple, un cœur de chair comme le tien. Il est si difficile d’être simplement humain.
« Ah ! si les chrétiens, me dis-tu, étaient déjà plus humains, comme ce serait divin ! »

Donne-moi aujourd’hui un cœur de disciple, non pas un cœur pressé de zappeur, de surfeur qui passe sans voir, entend sans écouter, mais un cœur assoiffé, qui se laisse enseigner par toi et aussi d’autres peuples, leur valeur et leur ardeur.
« Tu as encore tant à découvrir, me dis-tu. Si tu sais que tu ne sais pas, alors tu sauras ! »

Donne-moi aussi un cœur d’apôtre, non pas un cœur replié, étriqué, sentant le renfermé, mais un cœur ouvert comme un matin de Pâques, joyeux et enflammé, un cœur de table ouverte, un cœur qui sait donner parce que, d’abord, il a appris des peuples à recevoir, à écouter.
« Que ton cœur, me dis-tu, soit mon cœur pour les peuples oubliés. »

Donne-moi, aujourd’hui, un cœur de partenaire, non pas un cœur égocentré, un cœur à sens unique, plein de lui-même et fier, mais un cœur de vraie réciprocité, échangeant en vrai frère, un cœur de pauvreté, un cœur de communion qui partage et espère.
« Pourquoi veux-tu toujours, me dis-tu, assister, dominer, coloniser ? »

Donne-moi, au cours de cette journée, un cœur pur, non pas un cœur pourri par les veaux d’or de ces dieux du marché, mais un cœur dépollué, désensablé, purifié au creuset, un cœur centré sur l’essentiel et plein d’humilité.
« Ils sont heureux, les cœurs purs, me dis-tu, car ils savent voir beaucoup mieux ! »

Donne-moi surtout un cœur émerveillé, non pas un cœur qui voit d’abord misère, économie, produit national brut, qui appelle les autres pays sous-développés, mais un cœur sachant dénicher les plus belles pépites cachées, enfouies là, tout au fond, sous les sols piétinés.
« Les autres peuples t’apprendront, me dis-tu, à rester étonné et sans doute à prier. »

Donne-moi enfin, mon Dieu, un cœur frais de prophète, non pas un cœur satisfait, résigné, sans projet, mais un cœur sachant s’indigner, se bouger, réveiller, comme le jeune insoumis, Jésus de Galilée.
« Chaque fois, me dis-tu, que l’Eglise a su faire alliance avec les opprimés, ont bourgeonné en elle des branches d’amandier. »

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Publié: 01/07/2022