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Numéro(s) recherché(s): Lumen Gentium 43-47

Lumen Gentium43Les religieux

La profession des conseils évangéliques dans l'Eglise. Les conseils évangéliques de la chasteté consacrée à Dieu, de la pauvreté et de l'obéissance, fondés sur les paroles et les exemples du Seigneur et recommandés par les apôtres, les Pères, les docteurs et les pasteurs de l'Eglise, sont un don divin que l'Eglise a reçu de son Seigneur et qu'elle conserve toujours avec sa grâce. Guidée par l'Esprit-Saint, l'autorité de l'Eglise s'est, pour sa part, employée à les interpréter, à en régler la pratique et, en s'inspirant d'eux, à constituer même des états de vie stables. Tel un arbre dont la semence divine éclate, dans le champ du Seigneur, en ramifications aussi diverses qu'admirables, il en est résulté une efflorescence de genres de vie - vie solitaire ou vie commune - et de familles de toute espèce, qui développent leurs ressources tant pour le bien de leurs membres que pour celui de tout le Corps du Christ (1). En effet, ces familles procurent à leurs membres le soutien d'une plus grande stabilité dans la manière de vivre, d'une doctrine éprouvée capable de conduire à la perfection, d'une communion fraternelle dans la milice du Christ et d'une liberté fortifiée par l'obéissance. Ceux-ci pourront alors remplir en sécurité et garder avec fidélité l'engagement de leur profession, et marcher joyeusement dans la voie de la charité (2).

Si l'on considère la constitution divine et hiérarchique de l'Eglise, un tel état n'est pas intermédiaire entre la condition cléricale et la condition laïque; mais, à partir de ces deux conditions, quelques fidèles sont appelés par Dieu à jouir d'un don spécial dans la vie de l'Eglise et, chacun à sa manière, à aider celle-ci dans sa mission salvatrice (3).
(1) Cf. Rosweydus, Vitae Patrum, Antwerpiae. 1628. Apophtegmata Patrum: PG 65. Palladius, Historia Lausiaca: PG 34, 995 ss.; ed. C. Butlet, Cambridge 1898 (1904). Pius XI, Const. Apost. Umbratilem, 8 juillet 1924; AAS 16 (1924) pp. 386-387. Pius XII, Alloc. Nous sommes heureux, 11 avr. 1958: AAS 50 (1958) p. 283.
(2) Paulus VI. Alloc. Magno gaudio, 23 mai 1964: AAS 56 (1964) p. 566.
(3) Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488, 4°. Pius XII, Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951) p. 27 s. Pius XII, Const. Apost. Provida Mater, 2 févr. 1947: AAS 39 (1947.} p. 120 ss.
Lumen Gentium44Nature et importance de l'état religieux dans l'Eglise

Par les voeux ou d'autres liens sacrés qui, de soi, s'en rapprochent et par lesquels il s'obligent à observer les trois conseils évangéliques déjà mentionnés, le fidèle se donne totalement à Dieu dans un suprême acte d'amour; si bien que c'est à un titre nouveau et tout à fait particulier qu'il s'attache au service de Dieu et à son honneur. Sans doute par le baptême il est mort au péché et consacré à Dieu; cependant il cherche à recueillir des fruits plus abondants de la grâce baptismale et, par la profession des conseils évangéliques dans l'Eglise, il entend se libérer des entraves qui pourraient diminuer chez lui la ferveur de la charité autant que la perfection du culte divin, et il se consacre plus intimement au service de Dieu (1). Au reste, la consécration sera d'autant plus parfaite que des liens plus solides et plus stables signifieront davantage l'union indissoluble du Christ avec l'Eglise, son Epouse.

Par la charité à laquelle ils conduisent (2), les conseils évangéliques unissent d'une manière spéciale leurs adeptes à l'Eglise et à son mystère; aussi convient-il que la vie spirituelle de ces derniers soit consacrée au bien de toute l'Eglise. De là vient pour eux le devoir de travailler, dans la mesure de leurs forces et selon la vocation qui est la leur, soit par la prière, soit par d'autres activités, à enraciner et à consolider dans les âmes le Règne du Christ et à l'étendre à toutes les parties du monde. Pour ce motif l'Eglise protège et soutient, elle aussi, le caractère particulier des divers Instituts religieux.

Ainsi, la profession des conseils évangéliques apparaît-elle comme un signe qui peut et doit inciter efficacement tous les membres de l'Eglise à l'accomplissement joyeux des devoirs inhérents à leur vocation chrétienne. En effet, le Peuple de Dieu ne possède pas ici de cité permanente, mais chemine, en quête de ta cité future; l'état religieux, qui rend ses adeptes plus libres à l'égard des soucis terrestres, manifeste donc davantage à tous les croyants les biens célestes déjà présents en ce monde, témoigne plus éloquemment de la vie nouvelle et éternelle acquise par la Rédemption du Christ et annonce avec plus de force la future résurrection et la gloire du Royaume céleste. De même l'état religieux imite plus fidèlement et sans cesse représente dans l'Eglise le genre de vie que le Fils de Dieu a embrassé, quand il est venu dans le monde pour faire la volonté du Père, et qu'il a lui-même proposé aux disciples qui l'accompagnaient. Enfin, cet état manifeste d'une manière spéciale que le Royaume de Dieu l'emporte sur toutes les choses terrestres et en découvre les exigences suprêmes; il fait éclater aux yeux de tous les hommes la grandeur incomparable de la puissance du Christ-Roi et la richesse infinie de l'Esprit-Saint qui opère admirablement dans l'Eglise.

Aussi un tel état, qui est constitué par la profession des conseils évangéliques, s'il n'appartient pas à la structure hiérarchique de l'Eglise, est cependant lié de près à sa vie et à sa sainteté.
(1) Paulus VI, 1. c., p. 567.
(2) Cf. S. Thomas, Summa Theol. II-ll, q. 184, a. 3 et q. 188, a. 2. S. Bonaventura, Opusc. XI, Apologia Pauperum, c. 3, 3: ed. Opera, Quaracchi, t. 8, 1898, p. 245 a.
Lumen Gentium45L'autorité de l'Eglise à l'égard des religieux

La hiérarchie ecclésiastique a pour mission de paître le Peuple de Dieu et de le conduire vers des pâturages fertiles (cf. Ezéch. 34, 14). Il lui appartient donc de régler avec sagesse par ses lois la pratique des conseils évangé1iques, source abondante de charité envers Dieu et envers le prochain (1). En outre c'est elle qui, docile aux impulsions de l'Esprit-Saint, accueille les règles proposées par des hommes et des femmes éminents et, une fois terminée la révision de ces règles, les approuve authentiquement. Avec son autorité vigilante, elle accorde sa protection et son assistance aux instituts érigés en tous lieux pour l'édification du Corps du Christ, afin qu'ils croissent, se développent et fleurissent selon l'esprit des fondateurs.

Afin de pourvoir le mieux possible aux besoins de tout le troupeau du Seigneur, chaque institut de perfection et chacun de ses membres peuvent être soustraits par le souverain Pontife, en raison de sa primauté sur l'Eglise universelle et en considération du bien général, à la juridiction de l'Ordinaire du lieu et n'être soumis qu'à lui seul (2). De même ceux-ci peuvent-ils être laissés ou confiés à leur propre autorité patriarcale. Tout en servant l'Eglise selon le genre de vie qui leur est particulier. les religieux doivent aux évêques, conformément aux lois canoniques, respect et obéissance en raison de l'autorité pastorale qui appartient aux évêques dans les Eglises particulières et en vue de l'unité et de la concorde nécessaires dans le travail apostolique (3).

L'Eglise, par la sanction de sa loi, ne se contente pas d'élever la profession religieuse à la dignité d'un état canonique; par son action liturgique, elle la présente comme un état consacré à Dieu. L'Eglise elle-même, en effet, de par l'autorité que Dieu lui a confiée, reçoit les voeux de ceux qui font la profession, elle supplie Dieu, par sa prière publique, de les aider et de leur accorder ses grâces, elle les recommande à Dieu et leur impartit la bénédiction spirituelle, en associant leur offrande au sacrifice eucharistique.
(1) Cf. Conc. Vat. I, Schema De Ecclesia Christi, cap. XV, et Adnot. 48: Mansi 51, 549 s. et 619 s. -- Leo XIII, Epist. Au milieu des consolations, 23 déc. 1900: ASS 33 (1900-01) p. 361. Pius XII, Const. Apost. Provida Mater, 1. c., p. 114 s.
(2) Cf. Leo XIII, Const. Romanos Pontifices, 8 mai 1881: ASS 13 (1880-81) p. 483. Pius XII. Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951) p. 28 s.
(3) Cf. Plus XII, Alloc. Annus sacer. 1. c., p. 28. Pius XII, Const. Apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956: AAS 48 (1956) p. 355. Paulus VI, 1. c. pp. 570-571.
Lumen Gentium46Grandeur de la consécration religieuse

Avec une grande sollicitude, les religieux mettront l'Eglise à même de manifester chaque jour davantage, grâce à eux et en toute vérité, aux infidèles comme aux fidèles, le Christ en contemplation sur la montagne, le Christ annonçant le royaume de Dieu aux foules, le Christ guérissant les malades et les blessés, convertissant les pécheurs à une meilleure vie, bénissant les enfants, faisant du bien à tous, et obéissant toujours à la volonté du Père qui l'a envoyé (1).

Enfin tous auront égard au fait que la profession des conseils évangéliques, qui comporte le renoncement à des biens sans doute très estimables, loin de s'opposer au progrès véritable de la personne humaine, cherche plutôt, par sa nature même, à le promouvoir au plus haut point. Les conseils volontairement embrassés selon la vocation propre à chacun aident considérablement, en effet, à la purification du coeur et à la liberté spirituelle. Ils tiennent continuellement en éveil la ferveur de la charité et, ainsi qu'il est prouvé par l'exemple de tant de saints fondateurs, ils sont davantage capables de conformer le chrétien à cette vie de virginité et de pauvreté que le Christ Notre-Seigneur a choisie pour lui et que la Vierge, sa Mère, embrassa. Il ne faut pas penser que les religieux, du fait de leur consécration, deviennent étrangers aux hommes et inutiles dans la cité terrestre. Même si parfois ils n'apportent pas une aide directe à leurs contemporains, ils leur sont cependant présents d'une manière plus profonde dans la tendresse du Christ, et ils collaborent spirituellement avec eux, afin que l'édification de la cité terrestre soit toujours fondée dans le Seigneur et dirigée vers lui, et que ceux qui l'édifient ne travaillent pas en vain (2).

En conséquence, le saint Concile encourage et loue les hommes et les femmes, Frères et Soeurs qui, dans les monastères, les écoles les hôpitaux ou les missions, embellissent l'Epouse du Christ par leur persévérante et humble fidélité à la consécration dont on vient de parler, et qui rendent généreusement à tous les hommes les services les plus divers.
(1) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (1943) p. 214 s.
(2) Cf. Pius XII. Alloc. Annus sacer, 1. c., p. 30. Alloc. Sous la maternelle protection, 9 déc. 1957: AAS 50 (1958) p. 39 s.
Lumen Gentium47Conclusion

Chacun de ceux qui sont appelés à la profession des conseils s'emploiera avec le plus grand soin à persévérer et à exceller davantage dans la vocation à laquelle Dieu l'a appelé. Il en résultera pour l'Eglise une plus abondante sainteté et pour l'unique et indivisible Trinité, qui est dans le Christ et par lui la source de toute sainteté, une gloire toujours plus grande.
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Publié: 30/11/1959