Les évènements graves qui se sont passés jeudi à Jérusalem nous obligent à interrompre le service normal du serveur.
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correspondants à Jérusalem

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Interview de Pierre
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Édition de Jeudi

Comme nous vous l'indiquions hier, il semble que les autorités religieuses ont finalement gagné la bataille qu'ils livrent contre Jésus de Nazareth depuis maintenant trois ans. N'arrivant pas à se débarrasser du provocateur par la raison ou en le marginalisant, ils ont choisi la force pour en venir à bout. Un complot contre Jésus a été minutieusement préparé avec l'aide d'un de ses disciples, Judas Iscariote.
Procès devant Pilate
Jésus a passé la nuit dans la prison du palais du grand prêtre et a été amené ce matin devant le gouverneur romain Pilate. Celui-ci l'a interrogé, mais n'est pas parvenu à trouver un chef d'accusation solide.

Il faut dire que Jésus, comme hier devant Caïphe, n'a pas été très bavard et n'a pas répondu aux accusations prononcées contre lui par les grand-prêtres et les anciens, sauf une fois : Quand le gouverneur lui a demandé s'il était le roi des juifs, il a répondu : « C'est toi qui le dis ! » Difficile de s'imaginer ce qui s'est passé dans la tête de Jésus, et quel est le but poursuivi en choisissant ce type de défense.

Les grand-prêtres ont tenté d'amener le débat sur le plan politique en exigeant une condamnation de Jésus. Parmi les arguments, ils ont reproché à Pilate de ne pas être l'ami de César en essayant d'innocenter Jésus qui s'était auto-proclamé roi des juifs et donc contre l'empereur. Pilate a poursuivi l'interrogatoire, et en apprenant que Jésus était galiléen et relevait donc de l'autorité de Hérode, il l'a renvoyé à ce dernier.

Hérode s'est beaucoup réjoui à l'idée d'enfin voir des miracles faits dans son palais. Mais il a été vite déçu, car Jésus a refusé toute coopération. Hérode, furieux, l'a alors traité avec mépris et renvoyé à Pilate.

Pilate aurait préféré ne pas se mouiller dans des affaires religieuses juives. Sur les conseils de sa femme, il a tenté de désamorcer la situation en proposant de relâcher Jésus selon la coutume festive. Il a donné le choix entre l'ennemi public numéro un, le fameux criminel Barabbas et Jésus. Les grand-prêtres et les anciens ont persuadé la foule de faire libérer Barabbas. Pilate a tenté une dernière fois de trouver de quoi on accusait Jésus au juste. Mais la foule, voyant que tout ça ne menait à rien de concret, a commencé à s'agiter et pour éviter l'émeute dans la salle d'audience, Pilate a condamné finalement Jésus à la flagellation et à la crucifixion.
Jésus crucifié
C'est un certain Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui a été réquisitionné pour porter la croix de Jésus jusqu'à Golgotha, vu l'épuisement avancé du condamné. Ils ont été suivi par une grande foule, surtout des femmes qui se sont frappé la poitrine en se lamentant.

Jésus a refusé de boire la boisson droguée qu'on propose aux condamnés avant la crucifixion. Les soldats ont alors fait leur travail macabre et peu après, une croix s'est dressée sur le mont Golgotha. Ils ont partagé ses vêtements entre eux. L'inscription officielle au-dessus de sa tête servant à expliquer le motif de la crucifixion est : Iesus Nazareus Rex Iudaiorum (Jésus de Nazareth, roi des juifs).

Deux autres criminels ont été crucifiés avec lui. La foule, toujours friande de divertissements gratuits, s'est éclatée en insultant Jésus et s'est moquée de son incapacité de descendre de la croix alors qu'il se prenait pour le fils de Dieu. L'un des malfaiteurs l'a insulté également, tandis que l'autre a prié jusqu'à ce que Jésus lui dise : « Je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. »

Vers trois heures, Jésus s'est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » et « Père, entre tes mains je remets mon esprit ! » Puis il a rendu l'âme. Une soudaine obscurité a recouvert Jérusalem, suivie d'un tremblement de terre. Les dégâts sont faibles, sauf au temple, où le voile du sanctuaire s'est déchiré en deux de haut en bas. Les savants que nous avons contactés aujourd'hui se refusent pour l'instant à tout commentaire à ce sujet. Mais certains spectateurs, comme le centurion qui gardait les condamnés à mort, n'hésitent pas à y voir le signe que Jésus était fils de Dieu.

Plus tard, comme le sabbat approche, des soldats sont revenus à la demande des juifs pour briser les jambes des crucifiés afin d'accélérer leur mort par étouffement, et pour enlever les corps avant ce jour solennel. Arrivés à Jésus, ils ont constaté qu'il était déjà mort et ne lui ont pas brisé les jambes.
Jésus enterré
Le soir, Joseph, un riche homme d'Arimathée, membre du conseil et un des disciples de Jésus, est allé trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate a accepté et avec l'aide de Nicodème, Joseph a enveloppé la dépouille dans un linceul et l'a déposé dans un tombeau neuf. À la demande des grand-prêtres, le tombeau est bien gardé par les soldats romains. Les autorités religieuses craignent que les disciples de Jésus, qui sont toujours dans la ville, n'aillent dérober le corps en disant que leur maître est ressuscité.
Judas Iscariote suicidé
Judas, par qui l'arrestation de Jésus avait été rendue possible, a été retrouvé pendu. D'après les premiers éléments de l'enquête, Judas aurait été pris par des remords, et aurait essayé de rendre aux grand-prêtres l'argent qu'il avait touché pour le complot. Ceux-ci ayant refusé, il a disparu en jetant l'argent par terre et a été retrouvé mort dans la soirée.

Photos : Vanni TEALDI


Interview de Pierre
Entretiens réalisés par
Josué GÉDONIM

Après la confusion de hier, nous avons réussi à contacter Pierre aujourd'hui pour savoir ce qui s'est réellement passé durant la journée de hier.

Pierre, qu'est-ce qui s'est passé au juste hier ?

PIERRE : Par où commencer ? Oui, je commencerai par ce repas durant lequel il nous lava les pieds... Quand il eut terminé sa tâche, il ajouta : « Comme j'ai fait pour vous, faites de même. » Que voulait-il nous dire ? Nous ne comprenions pas. En y réfléchissant chacun, nous avons pris le chemin du Jardin des Oliviers... Là, nous savions où passer la nuit... En traversant la rivière du Cédron, Jésus nous dit encore : « Vous allez tous être exposés à tomber car il est écrit : "Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées." Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Tomber, dispersé ! Paroles bien mystérieuses ! Voulait-il nous dire que nous allions l'abandonner, le trahir ? Non, c'est impossible, alors je lui répliquai fermement : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas ! » En me regardant alors, il me dit, je m'en souviens, avec une voix grave : « Amen, je te le dis : toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. »
Oh ! ce regard ! je ne l'oublierai jamais. « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. », voilà ce que j'ai dit ; tous mes amis pensaient de même...

Il parait que Jésus a pleuré ?

PIERRE : Soucieux et bouleversés par ses paroles, nous sommes parvenus à Gethsémani, c'est-à-dire le jardin du pressoir à huile. Dans la pénombre grandissante, Jésus nous appela : « Jean, Jacques, Pierre, venez prier, veillez avec moi. » Je me souviens que soudain son visage se transforma... Il était empreint d'une grande tristesse ; c'est certain, une profonde angoisse et tristesse l'habitait.
Jésus s'éloigna, seul... Il mit la face contre terre. Dans une prière intense, il s'adressa à Dieu son Père et le supplia : « Mon Père, si c'est possible que cette coupe s'éloigne de moi... » Un long silence se fit... puis il ajouta d'une voix ferme : « Cependant, non pas comme je veux mais comme tu veux ! » Encore un long silence pesant. Jésus nous appelle... mais nous étions tous endormis...
Oh ! ce regard, je ne l'oublierai jamais. L'impossible, l'impensable se produit. En un instant, nous étions entourés de soldats et c'est notre ami Judas qui servait de guide... Après une brève résistance, malgré le refus de Jésus qui guérit instantanément un garde que j'avais blessé, nous nous sommes enfuis... vous pensez, on aurait pu nous arrêter aussi. Confus, honteux de notre lâcheté, je me suis retrouvé avec Jean, pour suivre de loin le cortège qui emmenait notre maître vers le palais du grand prêtre.

Qu'avez-vous vu chez Caïphe ?

PIERRE : Nous sommes restés à l'entrée, hésitants... Jean, qui était connu de l'ancien grand prêtre, Hanne, a dû parlementer pour que je puisse rentrer dans la cour. A ce moment, une servante croyant me reconnaître me demanda : « N'es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là ? » - « Non, je n'en suis pas ! Voyons ! »
Pas rassuré, je me rapproche discrètement du grand feu allumé dans la cour. Les gardes s'y réchauffaient... Tout à coup un homme me toisant du regard me dit à nouveau : « N'es-tu pas un de ses disciples, toi aussi ? » - « Je dis non, pour la deuxième fois ! » Puis une troisième personne, un des serviteurs du grand prêtre me demanda la même chose... Je redis plus fermement : « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez ! Je vous le jure ! » Oui, j'ai dit cela trois fois, trois fois de suite ! Aussitôt, un coq chanta et me souvenant de la parole de Jésus, je me mis à pleurer.


Le commentaire
de Tertius LUSTRA
Des témoins
Jésus est accusé de s'être dit "Roi des juifs !"
Il est sacrifié sur le bois de la croix comme un malfaiteur. Le récit de Jean est une célébration à elle seule. Jésus y est présenté comme le grand prêtre dont parle Paul dans la lettre aux Hébreux : sur la croix, il offre à son Père un sacrifice d'expiation.
Ce sacrifice c'est pour nous qu'il l'offre, c'est pour qu'aucun de ceux que le Père lui a donnés ne soit perdu. Et ils sont tous là. Toute l'humanité est présente au pied de la croix. Les soldats, Marie, et le disciple que Jésus aimait, Nicodème, ce visiteur nocturne, qui prend la défense de Jésus durant son procès, en soulignant l'irrégularité de la procédure. C'est encore lui que Jean nous décrit actif, avec un certain Joseph d'Arimathie, lors de l'ensevelissement de Jésus. Depuis qu'il connaît Jésus, il en fait des petits pas dans la foi ! Alors que tous les disciples officiels se sont enfuis.
Marie, Jean, Nicodème et Joseph d'Arimathie, voilà les seuls qui restent : solitude et incompréhension.
Des paroles
Et chacun s'exprime, tous ont quelque chose à dire... Il y a les paroles de reniements prononcées par Pierre : « Je ne le connais pas. » Un peu plus loin, les paroles de moqueries des soldats : « Honneur à toi, roi des juifs ! » Il y a des paroles qui blessent, qui réduisent au silence.
Mais il y a aussi des paroles qui tentent de faire naître l'amour, qui montrent un chemin de vie possible. Ainsi, lors de son arrestation, quand Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. » Un peu plus loin encore, durant son procès, Jésus éclaire son interlocuteur : « Ma royauté n'est pas de ce monde. »
Toutes ces paroles qui pointent tant la souffrance de l'homme sans Dieu, et la compassion d'un Dieu qui cherche le coeur de l'homme. C'est cette souffrance dont nous sommes invités à prendre conscience : elle est encore celle de beaucoup d'hommes et de femmes aujourd'hui qui tombent entre les mains d'êtres humains qui les réduisent à rien, dans tous les pays en guerre...
Un silence
Mais dans les cris de la foule, les interrogatoires, les dénonciations, il faut entendre le silence de Jésus qui résume tout. Le silence d'un homme auquel son bourreau a retiré la force de s'expliquer. Silence d'un homme qui comprend qu'une question en cache une autre : devant le Christ souffrant, Pilate interroge : « Qui es tu ? » au lieu de demander : « Qui suis-je, pour mettre mon prochain dans cet état là ? »
Ecoutons ce silence, cette invitation à reconnaître jusqu'où l'homme peut aller : le silence de la mort.
C'est dans ce silence que seul Dieu peut faire naître en nous la vie dans la fidélité de son amour pour l'homme. Il n'y a plus rien à dire, ni rien à voir. Pour l'heure, il nous faut juste demeurer dans le silence, tout est accompli.

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