4e dimanche de Pâques

1. Cette courte lecture fait partie d’un enseignement plus long intitulé “Le bon pasteur”. La conduite du berger en est le support. Aux temps déjà anciens de l’histoire du peuple hébreu, depuis le jeune berger David, devenu le premier des rois d’Israël, ceux-ci devaient considérer qu’ils avaient été choisis par Dieu pour guider, protéger le peuple qui leur était confié. Mais ils seront nombreux, les rois qui se verront fustigés par les prophètes pour n’avoir pas assumé leur charge. Il y en eut plus pilleurs que pasteurs, plus prédateurs que bienfaiteurs, plus persécuteurs que protecteurs. Au temps de Jésus, chaque famille avait son petit troupeau et en assurait les soins. Les grands propriétaires employaient des mercenaires. Ces bergers n’avaient d’ailleurs pas bonne réputation : on les accusait volontiers de voler des agneaux ou de faire pâturer sur des terres païennes. Mais ce sont tout de même les bergers qui furent à la crèche les premiers.

2. « Moi, je suis le bon pasteur… Je connais mes brebis… Je donne ma vie pour mes brebis. » A douze reprises, Jésus utilise le pronom personnel. Il ne dit pas « je suis comme le bon pasteur » mais « je suis le bon pasteur ». Ce n’est plus un enseignement, c’est une confession du comment il se voit, du comment il souhaite que nous le regardions. « Je connais mes brebis, mes brebis me connaissent » sont des mots qui disent de l’intimité. Jésus l’a recherchée et nous la demande. Pour cela il n’est pas besoin de prières sinon pour la demander, mais seulement du sentiment d’une présence, de sa présence. Gandhi a écrit : « La prière est une impossibilité sans une foi vivante en la présence de Dieu à l’intérieur. » Plus près de nous le couturier Yves Saint Laurent : « Catholique, mais pas particulièrement pratiquant, je prie de temps en temps, surtout dans les périodes où je ne suis pas bien. Je ressens vraiment la présence de Dieu et du Christ. » N’attendons pas de « nous sentir pas bien ».

3. « Il y aura, dit Jésus, un seul troupeau, un seul pasteur. » Pourtant, les premières communautés chrétiennes, disséminées dans l’empire romain, eurent leurs prédicateurs préférés, leurs bergers en quelque sorte. Il y eut bien vite du séparatisme dans l’air. Paul en réprimande déjà les chrétiens de Corinthe : « Quand l’un dit : “Moi, j’appartiens à Paul”, l’autre “moi à Apollos”, n’agissez-vous pas de manière trop humaine ? » Les chrétiens se sont très vite divisés par suite de mésententes doctrinales, d’intérêts politiques. Les relations qu’eurent entre eux catholiques, protestants, orthodoxes, évangéliques de toutes tendances en témoignent. Jusqu’à se faire la guerre.

4. Des hommes pourtant ont donné un autre exemple. Charles de Foucauld fut l’un d’entre eux. Il a connu une vie très désordonnée pendant sa jeunesse, ce qui lui valut plusieurs renvois dans sa première carrière militaire. Puis explorateur du Maroc sous les apparences d’un rabbin pauvre et mendiant dans ce pays interdit alors aux Européens, il fut frappé par la piété des Kabyles rencontrés. Il écrit : « L’islam a produit en moi un profond bouleversement. La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines. » Il se convertit, devint moine trappiste, ermite à Nazareth puis parmi les Touaregs au Sahara en vue de les amener à Jésus-Christ. Sans succès, puisqu’il n’aura qu’un disciple. Il écrit alors : « Je suis ici non pour convertir d’un seul coup les Touaregs, mais pour essayer de les comprendre et les améliorer. Je suis certain que le bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes sans qu’ils soient catholiques romains. Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs, à me regarder comme leur frère, le frère universel. » Frère universel, c’est le titre qu’on lui donne toujours.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 21/04/2024