Dieu nous aime, c’est curieux mais c’est comme ça

Seigneur, assez souvent, à première lecture un peu rapide, je trouve que Tu t’exprimes à la façon des Marseillais qui ont la réputation d’exagérer. C’est particulièrement sensible dans le passage de Marc () mais on le retrouve en Luc et en Matthieu, en des termes assez semblables. Mais avec Toi ce ne sont pas des galéjades, ce sont des avertissements sérieux. Tu nous dis carrément qu’on a intérêt à s’arracher un œil, à se couper une main ou un pied s’ils sont causes de chutes pouvant nous faire rater notre entrée dans ton Royaume. Ce ne sont pas des paroles outrées quoi que on pourrait en penser, ce sont des paroles fortes, très imagées, destinées à nous faire réfléchir sur nos choix de vie.

Remarquons que Tu ne nous pousses pas à nous arracher le cœur, autrement dit, à nous suicider au motif que, question amour, on est toujours en déficit chronique. Dans tes exemples, on est borgne, manchot, amputé mais toujours vivant, car Tu as l’espérance chevillée au corps et Tu espères toujours qu’on arrivera, avec ton aide, à s’améliorer.

Mais ça ne t’empêche pas de déclarer aussi que Tu es doux et humble de cœur. Ce qui n’est pas faux non plus. Tu nous dépasses tellement (et c’est heureux) qu’on a tendance à favoriser tel ou tel aspect de ta personnalité, en oubliant d’autres côtés.

Je viens de faire des rangements dans mes affaires, et je suis tombée sur un lot d’images pieuses, destinées à être offertes aux parents et connaissances invités par ma famille à fêter ma première communion solennelle. Elles sont mièvres à souhait et doucereuses. Il y a le petit enfant Jésus, blondinet tout frisé, tout dodu. II y a le même, mais en jeune homme, bien propre, bien comme il faut, aux cheveux savamment ondulés, à la robe longue bien repassée, qui descend en plis harmonieux ; tout ceci respirant la suavité. Je sais qu’enfant, ça ne me choquait pas, et j’ai distribué mes images avec satisfaction et en toute sérénité. Dieu nous a fait à son image, nous dit la Bible, mais nous le lui avons bien rendu, a dit je ne sais quel penseur humoriste !
On te dénigre continuellement, Seigneur, et malgré ça, Tu continues à nous aimer. Et je me rends compte qu’on est vraiment faible, quand on est amoureux on est dépendant de celui qu’on aime.
Or Tu es amoureux, Seigneur. Et Tu nous l’as prouvé !
On pourrait penser que Tu as de drôles de goûts, mon Dieu, de nous avoir ainsi choisis, car nous correspondons rarement à ton dessein sur chacun de nous. A ta place (mais heureusement on ne peut pas se mettre à ta place), je suis certaine que j’aurais fait un autre choix.
Parce qu’enfin, chez les humains, il y en a qui sont drôlement sympas, voire admirables (en petit nombre, il est vrai), il y en a un tas d’autres qui, à la rigueur, peuvent passer, mais il y en a d’autres qui sont parfaitement imbuvables.
Et Toi, Tu nous aimes tous. Pour Toi, nous sommes tous tes enfants. Ceci explique sans doute cela.

Merci pour ton amour, Seigneur. L’amour, c’est ce dont on a le plus besoin et qu’on peut avoir du mal à trouver sur terre auprès de certains humains. Mais Tu es là et c’est très réconfortant c’est même merveilleux, presque un rêve, c’est pourquoi on a du mal à le réaliser. Mais je reste confiante, je sais que je suis aimée, et c’est bien comme ça. C’est même très bien.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/07/2015