Pauvre Lazare

Seigneur, en ce jour on est invité à lire le passage d’évangile de saint Jean intitulé : Mort et résurrection de Lazare (il ne s’agit pas d’ailleurs d’une résurrection mais d’un retour à la vie humaine, ).

Je trouve que Tu as été très exigeant vis-à-vis de ton ami, Seigneur, très sûr de son amour pour toi. Car enfin, tout le monde sait que le passage sur terre de la vie à trépas n’a rien de folichon. Tous ceux qui vivent une agonie assez longue n’ont pas l’air d’être à la fête. Et tous ceux qui les entourent sont également en grande souffrance (je pense à la phrase de Syméon qui a dit à Marie : « Toi-même un glaive te transpercera l’âme », ce qu’elle a dû éprouver au moins au pied de la Croix).

Le texte n’est pas très prolixe en ce qui concerne Lazare. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il a été malade, assez gravement malade, puisque ses sœurs redoutaient une fin prochaine qui s’est d’ailleurs produite.

Je me demande si après cette épreuve Lazare n’a pas été dépité, en se rendant compte qu’il aurait à connaître, une deuxième fois cette épreuve pénible que Tu lui as imposée sans lui demander son avis ?

D’accord, il s’agissait pour toi, dans une démonstration ultime, de conforter tes amis dans leur foi en ta qualité de Fils de Dieu, détenteur de la résurrection et de la vie. Et ton entretien avec Marthe et ensuite avec Marie est tout à fait remarquable, d’autant plus que cet échange a eu lieu avant ta propre Résurrection ! Tous les amis qui avaient tenu à être présents pour partager le deuil des deux sœurs ont pu ainsi profiter de cette conversation, et ont sans nul doute été émerveillés. Toi Tu étais habité par une seule passion, me dit mon petit missel, et quand Tu cries « Lazare viens dehors ! » il s’agit pour toi de lancer un appel à renaître, à se convertir pour admettre et admirer l’amour fou du Père pour tous ses enfants. Il en a été ainsi pour chacune de tes rencontres terrestres : Zachée, la Samaritaine, le paralytique etc. etc.

Mais Lazare dans tout ça ? Quelle a été sa réaction ? On peut penser qu’il t’aimait suffisamment pour accepter d’être cobaye pour t’aider à faire la preuve de cette vérité. Mais je t’assure, Seigneur, Tu lui as demandé beaucoup. Je connais un ami qui a vécu cette expérience et qui me l’a bien expliquée. Il m’a dit combien c’était dur de se retrouver vivant alors qu’on s’était senti aspiré à vivre dans un monde de lumière plein de chaleur, et qu’on était de nouveau malade, dans un lit, obligé de reprendre une vie somme toute assez médiocre à bien des égards sur le plan spirituel. Il lui a fallu presque deux ans pour accepter cette déception et avoir le goût de revivre. Dans ce cas là, m’a-t-il dit, on a surtout besoin de se sentir aimé par la famille, les amis, l’entourage, qui m’ont fait comprendre qu’ils étaient profondément heureux de me voir vivant, et qui ont réussi à me faire entendre combien ils avaient besoin de moi, afin que je reprenne confiance dans mon utilité.

Je souhaite que Lazare ait pu bénéficier de cet entourage, il a pu en avoir besoin. Aussi je dis « bravo Lazare ! » : à mon point de vue ça n’a pas du être facile, facile à vivre. Mais il est vrai qu’il n’était pas seul. Tu étais aussi avec lui, n’est-ce pas Seigneur ? Et je sais aussi que Tu ne demandes à tes amis que ce qu’ils sont capables de donner ; pas plus. Alors tout est bien qui finit bien.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/02/2014