Promesse grandiose ou trompeuse

« Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai. » (Jn 14,14)

Oh ! Seigneur, Tu es sûr de ne pas trop T’engager, et surtout de tenir cette promesse ? Personnellement je peux te dire que ce n’est pas une fois mais trente six mille fois (ou 77 fois 7 fois, selon tes propres calculs) que je t’ai demandé des choses raisonnables, justes souhaitables, bien dans tes vues, et que je suis restée sur ma faim. Sans être vraiment déçue car je ne m’attendais pas à être exaucée. C’était juste pour te tenir au courant de mes préoccupations comme le fait un gosse avec son Père, si celui-ci l’a toujours écouté avec attention et respect.

Pourtant cette phrase figure dans ce que Tu as dit aux Apôtres au cours du dernier repas terrestre pris avec eux, et qu’on a l’habitude de considérer comme ton testament. Un moment empreint de solennité où la gaudriole n’était pas de mise.

Alors comment l’interpréter cette phrase ou plutôt comment la comprendre et essayer de la vivre ? Il ne peut être question de la mettre de côté, au motif qu’elle me pause un brin question !

Me vient soudain l’idée de chercher comment Toi Seigneur, Tu priais ton Père des cieux. Et je me rends compte que, d’après ce qu’on sait de Toi, Tu n’as jamais demandé, par exemple le retournement en ta faveur des autorités religieuses de ton pays, ni la libération de Jean Baptiste, ni l’abolition de l’esclavage, de la lapidation, ni le départ et la défaite des Romains… Il semble que quand Tu priais, Tu demandais exclusivement à ton Père de t’éclairer sur sa volonté à lui pour accomplir la mission qu’il t’avait confiée à savoir nous faire connaître l’amour fou du Père pour tous les humains qu’il souhaite adopter comme ses fils et accueillir dans son royaume, chez lui. Une seule fois, nous révèlent les Ecritures, pendant un court instant, au jardin des oliviers, Tu as supplié ton Père d’écarter de ton chemin la Passion qui se dessinait, mais pour tout de suite après, accepter ce supplice infamant devant qui, tout homme sain d’esprit, devait reculer.

Et nous dans tout ça ? Et bien je pense que c’est une vraie chance que tes Apôtres aient eu la fière idée de te demander comment il fallait prier ; et nous avons eu le Notre Père qui répond à tous nos besoins ainsi qu’aux vœux du Père.

Il s’agit de louer Dieu, de reconnaître la magnificence de son projet pour tous les humains, de lui demander d’avoir le nécessaire vital pour assurer le bon équilibre de notre nature humaine, de faire appel à sa miséricorde en l’ajustant à notre propre faculté de pardon, et de tenir le mauvais à distance.

C’est tout. Il ne s’agit pas de demander d’améliorer d’un coup de baguette magique le monde dans lequel je vis, mais de m’éclairer sur ce qu’il serait souhaitable que j’entreprenne pour remédier aux dérèglements sévères que je constate, et que nous les humains avons souvent contribué à installer.

C’est ta façon à Toi de nous associer à ton œuvre ne serait-ce qu’en priant quand la vieillesse nous limite dans nos possibilités de faire ; ça sera naturellement moins spectaculaire, moins rapide, surtout si on veut bien se rappeler que pour Toi, mille ans sont comme une heure, mais ça se fera si avec confiance, avec foi, j’entre dans le cadre du Notre Père, puisque Tu l’as promis.

Et voilà je suis en paix alors que j’ergotais sur une promesse, qui, à lecture rapide me semblait fallacieuse. Merci Seigneur !

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/01/2013