Qu’est ce qu’un chrétien ?

Un de mes amis a une définition, ultra concise : un chrétien dit-il, c’est un appelé, envoyé. C’est percutant parfaitement exact, mais pas très détaillé. Pour ma part je préfère quelque chose de plus étoffé.

Dans la Bible, pour décrire les relations du Seigneur avec nous, il est beaucoup question d’alliance. Mais le mot alliance aujourd’hui risque d’être mal compris, aussi je préfère parler de contrat de travail. Je dirais alors qu’un chrétien, c’est un type quelconque, ordinaire, qui a entendu l’offre d’un très grand patron, qui lui demande, si, il est d’accord de travailler dans son entreprise de bienfaisance, avec un contrat à durée illimitée, une espèce de CDI.

Le salaire à première vue, est peu alléchant, car très mystérieux et assez imprécis. II est offert de vivre en famille auprès de ce patron, en devenant semblable à Lui et ce dès aujourd’hui et jusqu’à une date illimitée. On devient enfant adopté et le patron devient notre Père. Ça peut paraître bizarre, mais personne à ma connaissance ne refuse l’offre de devenir héritier d’une fortune colossale. Or le patron est le maître du monde. Ça donne à réfléchir. Seulement, le jour de paye n’est pas indiqué de façon précise. D’après ce qui se dit, on est payé au jour le jour, ça se fait peu à peu. II faut faire confiance. Ça s’appelle avoir la Foi.

Pour ce qui est du travail par contre, c’est beaucoup plus clair et ça ne parait pas trop compliqué. On doit vivre sa vie normalement, comme tout un chacun, que l’on soit marié, clerc ou célibataire, en observant...

Mais le terme « observant » n’est pas juste, il n’est pas question, absolument pas question d’être en règle vis à vis de prescriptions imposées, il s’agit de faire siennes parce que fondamentalement bénéfiques quelques règles de bon sens et de bonne conduite pour vivre en paix avec ceux qui nous entourent pour aller jusqu’à vivre en fraternité avec eux.

C’est ce témoignage de vie pacifiée, fraternelle éventuellement complété par quelques paroles, en réponse à des questions posées par l’entourage (sur la véracité de l’existence terrestre de Jésus par exemple), c’est ce témoignage dis-je qui pourra inciter cet entourage à accepter lui aussi, d’entrer dans cette famille. Ainsi le contrat de travail sera rempli, même si aucun récipiendaire ne s’est manifesté.

C’est tout ce que demande le Seigneur ! Je veux dire le Patron.

Mais n’idéalisons pas trop cette situation. II peut y avoir des dérapages. C’est prévu. Dans ce cas même si ces dérapages sont carabinés (voir le roi David), même s’ils sont très nombreux pour ne pas dire journaliers, il suffit de les reconnaître et de les regretter sincèrement pour que le patron ne vous en tienne pas rigueur. Le contrat n’est pas rompu.

II faut dire quand même que si au départ, le travail ne parait pas sorcier, au fur et à mesure qu’on avance, ça devient dit-on, de plus en plus ardu puisqu’il s’agit de penser aux autres avant de penser à soi. II y en a qui disent que c’est crucifiant. À certaines époques et aujourd’hui dans certains pays, ça se révèle physiquement exact. Ça peut aller jusque là !

Mais à mon avis, ça vaut quand même le coup d’essayer. D’ailleurs, on n’a pas tellement le choix. Le patron n’a pas trente-six contrats à proposer. Ou, on se lance ou on refuse. Et en cas de refus opiniâtre, répété, conscient, on s’enfonce dans une vie qui n’a pas tellement de sens, ni tellement d’avenir. Pas tellement de sens, car finalement on accepte que le Mal sur terre ne soit pas définitivement vaincu, malgré tous les efforts, petits ou grands, que nous autres, pauvres humains, pouvons faire pour le combattre. Et pas tellement d’avenir, puisque nous renonçons à revoir tous ceux que nous avons aimés et qui ne sont plus ; on vit 70 ou 80 ans pour les plus vigoureux, dit un psaume, disons 100 ou 120 ans pour tenir compte de l’allongement actuel de la vie, somme toute une durée assez limitée.

Alors faisons le point. C’est bon de se savoir aimé par quelqu’un qui est l’Amour même et qui veut faire de nous ses enfants, c’est évident ! Et ne soyons pas trop pessimistes pour les récalcitrants. Rien, ne nous empêche de penser que le patron, avec son amour fou pour les hommes qu’II a créés, ne leur tendra pas un doigt compatissant pour les rattraper (c’est un petit coin du dessin de Michel-Ange, au plafond de la Chapelle Sixtine qui m’y fait penser, où on voit le doigt accrocheur du Père qui se tend vers...). À mon avis c’est une belle image qui permet tous les espoirs.

Finalement tout bien pesé, c’est fructueux de devenir chrétien. Merci Seigneur pour ton offre généreuse.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/09/2012