Femme, pourquoi pleures-tu ?
Fritz Von Uhde (1848-1911), c. 1892-94 - Huile sur toile, 109 x 80 cm - Seattle Frye Art Museum
A propos de l’évangile de Jean .
La fin du XIXe siècle est marquée par le désir de certains artistes de renouveler l’art religieux. L’Allemand Fritz Von Uhde, de confession protestante, élabore une formule résolument contemporaine et réaliste, exprimant la proximité du Christ. Son art fut remarqué, et même publié dans certains catéchismes catholiques de l’époque.
Une femme pleure sur un sentier boisé. Vêtue d’une robe terne et terreuse, couverte d’un simple châle noir, elle s’est arrêtée. Les mains sur le visage, elle se replie, enfermée dans sa douleur et submergée par elle. Malgré son allure de femme modeste du XIXe siècle, elle incarne avec force le chagrin, le chagrin de tous les temps.
Pourquoi pleure-t-elle ? Nul ne le sait. Un amour perdu ? La mort d’un être cher ? Ou pleure-t-elle d’angoisse devant la vie trop lourde à porter ?
Un homme s’est approché. Il doit avoir le cœur compatissant, car il s’est arrêté pour lui demander : « Hé, pourquoi pleures-tu ? »
Si la jeune femme est ordinaire, lui est étrange : nu pieds, vêtu d’une longue robe tunique blanc grisâtre, les cheveux longs, le bâton de marche à la main… pèlerin illuminé ? Hippie précurseur ? Son chapeau de paille retenu dans son dos ne nous convainc pas : il n’a rien d’un jardinier.
Il émane de lui une lumière discrète, qu’on perçoit surtout sur le bras et la nuque de la femme.
Elle va bien devoir baisser ses mains, accepter de montrer son visage en larmes. Peut-être va-t-elle répondre à l’homme, et oser une rencontre en vérité.
C’est l’apparition du Christ Ressuscité à Madeleine, qui le prend pour un jardinier, racontée dans l’Evangile de Jean qui inspira cette œuvre à F. Von Uhde.
Librement, il donne à l’épisode une portée intemporelle. Il ne raconte pas un épisode biblique du passé. Il peint le Ressuscité qui continue de s’intéresser à tous nos chemins, à s’approcher de nous pour nous consoler, vraie lumière capable de nous libérer, de nous ouvrir à la rencontre divine, et à la joie de la résurrection.
Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.
- La résurrection de Tabitha (Ac 9, 31-42)
- Le Christ sortant du Tombeau
- La résurrection de Lazare, de Jacob Willemsz de Wet l’Ancien (c. 1610-c. 1675-1691, Haarlem)
- Le Christ vainqueur
- « Il leur ouvrit les Ecritures »
- La Sainte Famille à l’oisillon, de Murillo (vers 1650)
- Emmaüs
- Le baptême de l’eunuque (Ac 8, 26-40)
- Le Buisson Ardent
- Etienne
- Moïse présentant les tables de la loi, de Philippe de Champaigne (vers 1648).
- Sacré Cœur crucifié (1894) - Maurice Denis (1870-1943)
- La lumière du Monde
- La Trinité (Jn 14, 7-14)
- L’entrée du Christ à Jérusalem
- Le serpent d’airain
- Le Paradis terrestre
- Mater Dolorosa (1953) - Michel Ciry (1919-2018)
- Fête de l’Annonciation du Seigneur
- Jésus et Nicodème
- Apparition du Christ aux apôtres
- La conversion de saint Paul
- Le baptême de Jésus
- La piscine de Bethzatha, de Jacopo del Sellaio (1442-1493)
- La vendange mystique
- La prophétesse Anne lisant la Bible (1631), de Rembrandt (1606-1669)
- Le Père ressuscite Jésus (Ac 13, 26-33)
- Jésus devant Pilate (1566-1567) - Tintoret
- Salvator Mundi (c. 1516-18) - Joos Van Cleve (c. 1485- 1540-41)
- La libération des apôtres

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