Prier avec humour

Seigneur, excusez-moi si je vous dérange...
Il m’est venu tout à l’heure à l’idée, que vous aviez besoin d’un saint.
Alors je suis venu pour la place. Je ferai très bien l’affaire.

Quoi qu’on en dise, le monde est rempli de gens parfaits.
Il y en a qui vous offrent tant de sacrifices,
que pour que vous ne vous trompiez pas en les comptant,
ils les marquent avec une petite croix sur un carnet !

Moi, je n’aime pas faire des sacrifices. Ça m’ennuie énormément.
Ce que je vous ai donné, Seigneur, vous savez bien que vous l’avez pris sans permission.
Tout ce que j’ai pu faire, c’est de ne pas rouspéter.

Il y a aussi des gens qui se corrigent d’un défaut par semaine.
Ils sont forcément parfaits au bout d’un trimestre.
Moi, je n’ai pas assez confiance en vous pour faire ça.
Qui sait si je vivrais encore au bout de la première semaine ?
Vous êtes si imprévisible, si impulsif, mon Dieu !
Alors, j’aime autant garder mes défauts. En m’en servant le moins possible.

Les gens parfaits ont tant de qualités qu’il n’y a plus de place en leur âme pour autre chose.
Ils n’arriveront jamais à être des saints.
D’ailleurs, ils n’en ont pas envie, de peur de manquer à leur humilité.

Mais, Seigneur, un saint, c’est un vase vide,
que vous remplissez de votre grâce,
qui déborde de votre amour, de la sainteté des Trois !

Or, Seigneur, je suis un vase vide avec un peu de boue au fond.
Ce n’est pas propre, je le sais bien.
Mais vous devez bien avoir là-haut quelque céleste poudre à récurer.
Et à quoi servirait l’eau de votre côté, sinon à nous laver avant l’usage ?

Si vous ne voulez pas de moi non plus, Seigneur, je n’insisterai pas.
Réfléchissez pourtant à ma proposition : elle est sérieuse.

Quand vous irez dans votre cellier, puiser le vin de votre amour,
rappelez-vous que vous avez quelque part, sur la terre,
une petite cruche à votre disposition.

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Publié: 01/01/2022