On parle parfois des "religions du livre". D’où vient cette expression et que recouvre-t-elle ?

Parler des trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam en les référant chacune à "son" livre saint - le judaïsme à la Thora, le christianisme à l’Evangile et l’islam au Coran -, est devenu une habitude assez courante.

Cette perspective nous vient de l’Islam, le Coran désignant les Juifs et les Chrétiens comme "les Gens du Livre" et se présentant lui-même comme la révélation ultime, "le livre qui confirme les Ecritures qui l’ont précédé" (sourate III,2).

Vue de loin, la perspective semble légitime... Mais à y regarder de plus près, les choses ne sont pas si simples !

D’abord, en effet, il existe entre christianisme et judaïsme une parenté qui n’existe pas avec l’islam. Le christianisme a en commun avec le judaïsme la plus grande partie de ses Ecritures (ce que les chrétiens nomment "l’Ancien Testament"), ce qui est loin d’être le cas de l’islam par rapport au judaïsme et au christianisme. La plupart des Musulmans ne connaissent d’ailleurs de la Bible, tant juive que chrétienne, que les emprunts très libres que peut en faire le Coran.

Ensuite, le rapport qu’entretiennent les croyants de ces diverses religions avec leurs Ecritures respectives n’est pas du tout le même : pour un Musulman, le texte du Coran, en langue arabe, est si sacré qu’il fait de son support d’écriture un objet sacré lui-même. Rien de cela chez les Chrétiens pour qui la Bible n’est pas un livre sacré, mais un livre inspiré, ne dispensant pas son lecteur d’un effort d’interprétation.
Est-il juste d’ailleurs de laisser croire que le cœur du christianisme est un livre, fût-il aussi inspiré que la Bible, quand le mystère de Noël nous ouvre à la Parole qui se fait chair et que l’Evangile, avant d’en venir à désigner un ou plusieurs livres, se réfère à la personne même de Jésus, établi Seigneur et Christ par sa résurrection d’entre les morts ?

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

Publié: 01/03/2006