Méditation sur Pierre et Paul

« Croyez vous en Dieu… croyez vous en Jésus Christ… croyez vous en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique… ? Je crois. »

Des mots qui disent la foi, des mots qui nous entraînent jusqu’aux racines de la foi.
Des mots si lourds, si pleins, si rayonnants, que l’on a envie de les chanter pour que leur message puisse s’envoler avec le son des cloches et parvenir jusqu’aux extrémités de la terre, bonne nouvelle pour tous, pour chacun !
D’où nous viennent-ils, ces mots ?
Quelle voix les a confessés une première fois à la face du monde ?

Regardons, écoutons, accueillons dans le silence de notre cœur ce que ces 3 hommes ont à nous partager car ils nous révèlent la source d’où coulent ces mots.
Et dans un premier temps, contemplons-les simplement.

Tous trois s’avancent ensemble vers nous, porteurs de la même lumière, du même rayonnement de gloire. Mais seul le visage de Celui qui est au centre est aussi source d’une lumière qu’il rayonne. Ses deux compagnons, eux, ont revêtu le vêtement de lumière, celui des noces de l’Agneau, celui des baptisés témoins de la lumière du Christ qui a saisi leur vie et tout leur être. Le ciel s’est-il donc ouvert pour nous permettre de voir ainsi la gloire de Dieu en eux ? Il semble que non, car c’est sur un chemin pierreux qu’ils marchent, mais un chemin qui lui aussi a revêtu sa robe de lumière, de gloire sous leurs pas. Voilà donc notre terre elle-même se révélant tout illuminée, transfigurée par les pas de ces messagers de la gloire de Dieu qui s’avancent vers nous ; serait-ce donc que nos chemins quotidiens de vie sont donc eux aussi capables de devenir chemins du Royaume ?
Ces trois qui s’avancent semblent faire corps ; comment les imaginer l’un sans les deux autres ? Ils forment eux même par la courbe de leurs corps un seul ovale à l’intérieur du même cercle d’or et de lumière qui les entoure. Si une grande force paisible, une solidité de roc se dégagent de leurs silhouettes droites et ancrées sur le sol, une douceur, une légèreté, un dynamisme de vie émanent de la courbe qu’ils dessinent ensemble et qui inclut le chemin sur lequel ils avancent. Rien qui puisse donner une impression de raideur, mais comme la force invisible d’un vent qui fait ondoyer les plis de leurs vêtements, qui les poussent dans leur marche.

Regardons celui qui est au centre, le seul dont le Nom ne nous est pas indiqué, ce n’est pas nécessaire car tout son être le révèle : « Je Suis. » Il EST, il est celui qui est qui était et qui vient, il est le rayonnement de la gloire du Père, l’image de sa bonté, il est Celui qui est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ; ses pieds nus s’appuient fermement sur le chemin qu’il a choisi de faire avec nous. Il est le messager de la Parole que rien n’arrête ; ne le voyons-nous pas en train de relever de sa main gauche son vêtement, comme pour avancer plus vite vers nous sans que rien ne puisse l’empêcher d’aller son chemin.
Pourquoi s’avance-t-il ainsi vers nous ? C’est sa main droite qui nous le révèle : elle est déjà prête à nous donner sa bénédiction, à nous remplir de la force de la bonté, de la vie divine qu’il nous offre par elle. Celui-là n’est lui-même que bénédiction pour ceux qui croisent son chemin et lui donnent leur confiance. Car son visage tourné légèrement de côté semble regarder autour de lui invitant du geste comme du regard celui qu’il croisera sur sa route : « Veux-tu avoir part à ma bénédiction ? Désires-tu te mettre en route à ma suite sur le chemin du Royaume, veux-tu me donner ta foi ? »
Et notre regard contemple ce visage rayonnant : comme il est jeune ce visage tourné vers nous, interpellant notre propre visage : « Veux-tu renaître toi aussi ? Ecoute et accueille l’Esprit qui seul peut te faire naître à la vie du Royaume, mettre sur tes lèvres et dans ton cœur la foi en celui que le Père a envoyé pour que le monde ait la vie en abondance. » Mais ces paroles qui semblent sortir de ses lèvres, de tout son être, comment pourrions-nous les entendre et y croire si ses premiers compagnons de route ne nous les avaient pas transmises, si eux aussi n’en étaient pas témoins par tout leur être ? Contemplons-les à leur tour.

Regardons Pierre qui s’avance sur le chemin à la droite de Jésus ; il marche très légèrement en retrait de lui mais à la même hauteur, les yeux dans ses yeux. Pierre suit son Seigneur et son Maître, son ami et s’il avance droit, ça n’est pas parce qu’il regarde le chemin à l’avance et qu’il sait ainsi où il va, c’est parce qu’il a mis sa foi dans celui qui l’a appelé, c’est parce que ses yeux sont fixés sur le Christ et qu’il marche derrière lui, il le suit. C’est parce que sa main droite a appris à devenir bénédiction comme celle de son Seigneur, celui qui lui a donné part à sa mission : « Pais mes brebis » ; c’est parce que sa foi s’appuie non sur ses propres forces, son propre désir, mais sur la promesse de Celui qui lui a dit : « J’ai prié pour toi ; quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
C’est parce qu’il a écouté sur les routes de Palestine les paroles de Jésus, qu’elles se sont gravées en lui, qu’il a laissé lentement son cœur et toute sa vie en être façonné devenant ainsi à son tour Parole de Dieu et témoin des paroles de vie entendues. Regardons ce petit rouleau qui ne fait qu’un avec sa main gauche : de même que sa main droite est devenue, à l’imitation de celle de Jésus, toute bénédiction, sa main gauche est devenue porteuse de la Parole qu’elle garde précieusement, pain de vie pour donner la force pour la route.
C’est des lèvres de cet homme ainsi né à nouveau du souffle de l’Esprit que, le matin de la Pentecôte, a jailli cette première confession de foi suscitant celle de ceux qui l’entendirent : « Cet homme, ce Jésus de Nazareth que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ pour la rémission des péchés ; et nous nous en sommes les témoins. »
C’est dans la source de cette parole, sa parole de foi, témoignage rendu à son Seigneur, c’est dans l’eau vivifiée par son geste de bénédiction porteur de la puissance de l’Esprit qu’en ce même jour de Pentecôte furent baptisés ceux dont les cœurs furent touchés, convertis. C’est toujours dans la même source que, de génération en génération, nous sommes immergés dans la vie, dans la tendresse même du Seigneur pour témoigner avec Pierre, avec tous ceux qui fondent leur vie dans le Christ, de la force de son Esprit à l’œuvre en nous, les croyants.

Regardons à présent l’homme qui s’avance, à gauche ; Paul marche avec Jésus, avec Pierre, vers nous. Ses pieds ne reposent pas sur le chemin que foule Jésus, même si la position de son corps nous indique bien qu’il marche côte à côte avec lui ; le chemin de Paul, apôtre des païens, le conduira bien loin des routes de Palestine mais cela ne l’empêche pas de ne faire qu’un avec celui qui l’a saisi sur son chemin de Damas le faisant renaître à la source qui l’a ébloui pour qu’il naisse, enfin, de l’Esprit.
Paul avance lui aussi vers tous ceux que son chemin va croiser, poussé par l’Esprit sans savoir où il va, mais prêt à rendre témoignage jusqu’au bout à Celui qui l’a aimé et s’est livré pour lui, celui qui est devenu toute sa vie. Ses yeux eux aussi sont fixés sur le Christ mais non à la hauteur de son regard mais de ses lèvres. Ils semblent boire les paroles à la source même de la bouche du Christ pour qu’elles le façonnent à son image. Sa main droite, elle, ne reproduit pas un geste de bénédiction appris sur les routes de Galilée avec le Seigneur Jésus mais elle repose sur son cœur, ce cœur dont Paul nous livrera le secret : « Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres brille la lumière est celui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage de son Christ. »
Paul au cœur de feu, au cœur brûlé par l’amour de la Torah, la Parole du Dieu de ses pères, est lui aussi devenu Parole du Dieu vivant pour ses frères et sœurs en Christ, pour ceux qu’il appellera les saints et les bien-aimés du Seigneur, ceux auxquels il apportera la bonne nouvelle de la Paix, cet Evangile que sa main gauche, comme celle de Pierre, porte pour l’ouvrir et l’offrir à tous sur son chemin.

Oui, ces deux hommes vivent ce même mystère, chacun ayant reçu sa grâce propre pour en être témoin, ils partagent la même vie filiale, ils appartiennent au même Corps et ils s’avancent vers nous porteurs du même rouleau de la Parole de vie, porteurs du même Esprit, l’Esprit de celui qui les a appelés et qui leur a donné mission : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, enseignez-les et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
C’est par eux que nous avons, nous aussi, reçu la parole de vie qui nous sauve, c’est dans la foi qu’ils ont proclamée jusqu’à donner leur vie que nous confessons nous aussi notre foi, c’est avec eux que nous marchons aujourd’hui ensemble, formant un seul Corps, celui de ce Jésus Ressuscité qui nous unit par son Esprit. C’est pour leur joie et pour notre joie, pour la joie de tous ceux que nous croisons et que nous croiserons sur nos chemins de vie quotidiens que nous accueillons l’Esprit qui nous fait sans cesse renaître nous permettant de dire, ou mieux, de chanter : « Nous croyons. »

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Marie JAMET
Publié: 01/07/2021