Camille, partie pour la vie éternelle après 4 heures de vie en famille

Ci-dessous le texte de l’homélie prononcée lors de la messe d’à-Dieu autour de la petite Camille, partie paisiblement vers le Père, quelques heures après sa naissance.
Elise, sa maman est disponible auprès de parents qui seraient confrontés à ce qu’elle et son mari ont vécu (annonce en cours de grossesse que le bébé ne sera pas viable hors utérus) et leur dire la grande joie qui les a habités d’attendre Camille et de l’accueillir, pourquoi pas eux ? Pour écrire à Elise, Catherine (catherine.priester chez gmail.com) transmettra.

Chère Camille,
Devant ton petit cercueil, le cœur de tes chers parents, de ta grande famille et de leurs amis est serré. Vianney et Elise te désiraient tellement et la joie de ton arrivée était largement partagée avec Paul, ton parrain, Gabrielle ta marraine et Charlotte. Très tôt, tes parents ont appris la terrible nouvelle de ton corps abîmé qui ne te permettait pas de vivre longtemps sur la terre des humains. Ils ont fait le choix responsable de te garder bien au chaud au sein de leur famille. Ils ont désiré vivre jour après jour chaque instant jusqu’à ta naissance sur la terre comme au ciel. Leur décision n’a pas été comprise de tous, mais peu importe, c’était leur décision en conscience et donc le seul bon choix.

Pendant plus de 8 mois, toi Camille, petit bout de femme, tu les as précédés sur un difficile chemin de pèlerinage avec les moments de grande joie, les sanglots, les espérances, les silences devant le mystère insondable du mal et de la souffrance. Et nous tous, collègues de travail, voisins, amis fidèles de la paroisse, ou famille éloignée par la distance, nous sommes devenus pèlerins à côté de tes parents en tête de cordée ; nous nous sommes sentis malhabiles dans nos paroles et dans nos gestes, mais l’important n’était il pas d’être là à leur côté ? Comme toi, tu étais là, également sans mot, mais ta simple présence était déjà pour nous tous une invitation à t’aimer, à aimer tes parents et à mieux nous aimer les uns les autres ! Car tu le sais comme tous les innocents de la terre, l’amour est le seul baume qui apaise la douleur des cœurs.

Et voilà que dimanche matin, jour du Seigneur, les textos se sont multipliés… Tu allais pointer le bout de ton nez et une foule considérable de parents et d’amis a prié pour toi et tes parents, dans l’espérance de te garder un tout petit peu de temps. Lors de la messe du matin, j’ai béni l’eau de ton baptême et de celui de Godefroy, ton jumeau de naissance en Dieu. Comme des porteurs de viatique, Jacques et Patrick ont apporté cette eau de la source de vie auprès de ton papa. Et à 15 h 30, tu es arrivée. Vivante et belle ! Quelle joie de t’accueillir vivante et cette joie a éclipsé toutes les inquiétudes. L’espoir de passer un peu de temps avec toi était exaucé. Il était donc temps que tes frère et sœurs fassent ta connaissance et participent à ton baptême. Puis tu es partie paisiblement au ciel, laissant tes parents tristes, certes, mais ô combien heureux d’avoir pu vivre ces 4 heures en plénitude avec toi. 4 heures de vraie bénédiction.

Camille, tu es dans la paix de Dieu, et désormais tu es notre petite étoile dans la nuit de nos deuils, de nos révoltes, de nos incompréhensions et de nos révoltes. Tu es auprès du Seigneur et, toi qui n’as pas eu le temps de murmurer des mots, tu lui parles déjà de tes chers parents, de tes frère et sœurs, de tous ceux qui sont ici et qui n’ont pu venir. Tu es témoin de tout ce que ton attente, ta naissance sur terre puis au ciel ce dimanche, a pu générer comme force d’amour. Et c’est le seul miracle qui compte : l’amour qui donne la paix. Avec une telle force d’amour, la mort est vaincue. Elle n’a plus aucun pouvoir. Alors, désormais, tu nous lances ce cri comme Jésus n’a cessé de le faire par ses paroles et par ses actes : Aimez vous ! Aimez vous !

Merci Camille pour ce que tu nous révèles, toi la toute petite et donc la plus grande ! Merci Camille pour ta présence autrement, pour ta prière pour nous, pauvres pèlerins de cette terre. Merci Camille !

Et avec toi, nous remercions Dieu pour tes chers parents Vianney et Elise et pour Paul, Gabrielle et Charlotte : neuf mois durant, ils nous ont offert de partager leur peine et leur espérance pour nous ramener vers l’essentiel : en toute chose, aimer et servir ! Amen

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Jean-Marie LAUNAY

Prêtre du diocèse de Cambrai et vicaire épiscopal.

Publié: 01/09/2014