Christ, Roi de l’Univers (23/11) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
La vie publique de Jésus a commencé dans le désert où le « diabolos » (le séparateur) l’invite à accomplir des prodiges pour bien prouver qu’il est Dieu. « Si tu es le fils de Dieu, jette-toi en bas du temple, les anges te porteront pour que tu ne te fasses aucun mal. »
De manière un peu semblable aujourd’hui, en ces derniers instants de vie de Jésus, un des larrons lui propose la même chose : descendre de la croix pour prouver qu’il est bien le fils de Dieu et par la même occasion qu’il les fasse descendre eux aussi.
Imaginons un instant que Jésus soit effectivement descendu de la croix ! Que se serait-il passé ? Certainement, du grand prêtre à la foule, tous se seraient prosternés et auraient reconnu en lui le fils de Dieu, le Messie.
Mais si cela s’était passé ainsi, nous aujourd’hui que dirions-nous ?
Nous soupçonnerions un truc, une astuce comme par exemple qu’il se serait préalablement arrangé avec ses bourreaux pour simuler une crucifixion. Je doute très fort qu’un tel exploit de Jésus renforcerait notre foi aujourd’hui. Certains réfutent déjà la résurrection en disant soit les apôtres ont enlevé la dépouille pour faire croire qu’il est toujours vivant, soit il n’était pas tout à fait mort, il n’a suffi aux apôtres que de le ranimer.
Si aujourd’hui nous pouvons affirmer que Jésus est ressuscité, qu’il est vivant, ce n’est pas seulement parce que les apôtres l’ont attesté mais parce que depuis lors des femmes et des hommes ont pris le relais et continué le combat de Jésus. Un combat contre la mort, non seulement la mort corporelle, mais toutes les morts synonymes d’écrasement, mise par terre : la mort de la liberté, de la paix du cœur, du bonheur… en un mot la mort de l’amour.
La mort de Jésus serait certainement tombée dans l’oubli, aurait été considérée comme une tromperie, elle n’aurait plus aucune consistance aujourd’hui et on n’en parlerait plus depuis longtemps, si après lui, des millions de vivants n’avaient prolongé sa victoire de la vie sur la mort.
La force et la grandeur de la résurrection c’est qu’elle n’est pas restée un acte isolé qui serait perdu au cours des siècles, mais elle est un acte prolongé, permanent, toujours actuel.
Ce « aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » s’adresse à l’humanité de tous les temps. La résurrection n’est pas réservée à une élite, à des purs, mais elle s’adresse aussi à ceux qui sont terrassés, qu’ils soient pécheurs ou bons à rien.
Le « bon larron » comme on l’appelle est le modèle de tous ceux qui sont tentés de croire que leur situation est irrémédiablement désespérée.
La résurrection n’est possible que là où le paria et le moins que rien ont leur chance.
Elle est là où l’amour est vivant, où la souffrance et la peine sont supportées ensemble.
C’est là qu’est le Royaume, c’est là que le Christ est roi !
Piste 2
Quel étonnant dialogue que celui de ces 3 condamnés à mort suspendus chacun à son gibet. En quelques mots ils nous dévoilent et résument le sens profond de l’événement qui est en train de se jouer.
Le 1er ironise sur Jésus : « Qu’il se sauve lui-même et nous avec. » Il n’est pas seul à parler ainsi, les chefs du peuple eux aussi ricanent : « Il en a sauvé d’autres qu’il se sauve lui-même. » Ou encore les soldats qui lui présentent une boisson vinaigrée et le tournent en dérision : « Si tu es le roi des Juifs sauve-toi toi-même. » Ce n’est pas par hasard si toutes ces railleries touchent l’essentiel de la mission de Jésus, ce pour quoi il a donné sa vie : sauver, il est venu sauver ce qui était perdu, sauver de la souffrance, de l’exclusion, de la peur, de la mort… de l’inhumanité.
Il est vraiment surprenant de voir que tous les opposants, même par leurs moqueries, sont des témoins qui révèlent que le crucifié est sauveur.
Quant à l’autre larron, il confesse sa faute : « Nous n’avons que ce que nous méritons » et malgré toute cette dérision, il ose proclamer publiquement sa foi : « Jésus souviens-toi de moi dans ton Royaume. » Et Jésus, suspendu à sa croix, lui répond solennellement : « Je te le déclare aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Ce n’est donc pas pour demain ni pour la fin des temps, mais dès aujourd’hui. Le 1er à entrer avec Jésus dans le Royaume de Dieu sera un criminel qui de son propre aveu se reconnaît coupable.
Il devient ainsi le modèle de tous ceux qui seraient tentés de penser que leur situation est irrémédiablement désespérée.
Tout au long de l’année liturgique que nous terminons aujourd’hui, depuis Noël en passant par Pâques et la Pentecôte, nous avons eu l’occasion de lire, méditer tout le message de Jésus, qui trouve ici son épilogue. Tout au long de l’année Jésus nous a dit, en paroles et en actes, que Dieu nous appelle au salut.
Désormais la balle est dans notre camp et il n’y a que deux manières d’y répondre : soit comme l’un ou l’autre larron :
– ou bien à cause de nos misères et de nos souffrances nous nous moquons, nous ironisons, nous nous révoltons contre Dieu et refusons de reconnaitre en lui un Dieu qui souffre à nos côtés, un Dieu qui veut nous sauver ;
– ou bien, nous pouvons, dans une attitude d’extrême humilité, reconnaître nos torts et accueillir le salut.
« Tu seras avec moi » : Jésus, en prenant comme modèle le bon larron, s’adresse à tous les humains de tous les temps,
à tous ceux qui souffrent leur croix quotidienne,
à tous ceux qui savent reconnaître leurs limites et leurs fautes,
à tous ceux qui osent dire leur foi,
à ceux enfin qui mettent en lui toute leur confiance.

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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