2e dim. ordinaire (18/1) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
Ils fêtaient leurs noces d’or, 50 années de vie commune. Au cours de la conversation les jubilaires me disaient : « Chaque jour nous ne cessons de nous redécouvrir, nous n’en finissons pas d’apprendre à nous connaître. »
J’imagine que Jean-Baptiste, lorsqu’il dit de Jésus : « Je ne le connaissais pas » veut exprimer la même chose que ce couple âgé. Il n’y a aucun doute que Jean-Baptiste connaissait Jésus : ils étaient de la même génération, du même pays, ils avaient reçu la même éducation religieuse, ils étaient de la même famille puisque cousins… Mais s’il dit : « Je ne le connaissais pas », c’est parce qu’aujourd’hui grâce à l’Esprit de Dieu, il découvre en son cousin quelqu’un de nouveau, l’envoyé de Dieu. Il exprime cela par des mots bizarres : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
Expression pour le moins étrange, que nous retrouvons aujourd’hui encore dans nos eucharisties sans très bien savoir ce que cela signifie. Mais les auditeurs de Jean-Baptiste comprenaient bien, eux qui baignaient dans la culture religieuse. Ils comprenaient que Jean-Baptiste en parlant de l’Agneau faisait allusion à l’agneau pascal que les Hébreux mangeaient avant de partir pour la terre promise, le pays de la liberté.
Ce mot « agneau » leur faisait donc penser à la liberté.
Le reste de la phrase « qui enlève le péché du monde » était aussi pour eux très important. En effet à cette époque le péché était quelque chose de très lourd à porter parce qu’on leur faisait croire que tout ce qui arrivait comme malheur était punition de Dieu à cause de leurs péchés.
Or, remarquez que Jean-Baptiste ne dit pas : « Agneau qui pardonne les péchés » mais « Agneau qui enlève le péché » ! C’est tout différent ! Cela signifie que Jésus libère du péché.
Sans doute, le mal comme le péché sont toujours là bien présents, ils rongent notre vie et la vie de chacun mais Jésus en « enlevant le péché » nous libère du poids de la culpabilité que l’on fait peser sur nos épaules et qui nous enferme dans notre passé.
Jésus en enlevant le péché du monde vient nous libérer de ce mal qui nous retient prisonnier et nous empêche de vivre notre vie normalement. Jésus vient dire au monde : « Le mal qui vous habite ne peut être un obstacle pour rejoindre Dieu et vivre pleinement notre vie. »
Jésus ne nie pas le péché, il est bien là en nous, il est important de le reconnaître, de l’évacuer mais nous ne devons pas nous culpabiliser, cela ne sert à rien, cela ne construit rien. Nous savons d’ailleurs combien le scrupule paralyse encore de nombreuses personnes qui sont hypnotisées par le mal.
Jésus enlève le péché du monde un peu comme on enlève les mauvaises herbes au milieu du parterre de fleurs. Sans doute et certainement ces herbes reviendront comme le mal qui revient sans cesse, mais que jamais ce mal ne nous empêche d’admirer la beauté des personnes et la beauté du monde ; que jamais ce mal ne nous fasse douter de l’avenir. Que le mal que nous devons arracher de nos vies comme les mauvaises herbes du parterre, ne vienne donc pas occulter le beau jardin de nos vies et du monde.
Piste 2
L’autre jour un couple me racontait comment était né leur amour. Ils ne se connaissaient pas, ils ne s’étaient jamais vus. Ils se sont rencontrés lors d’une fête. Leurs regards se sont croisés et intérieurement chacun s’est dit : « C’est lui, c’est elle, je sens que nous sommes faits l’un pour l’autre. » Ils se sont parlé, se sont mariés et sont toujours heureux d’évoquer cet instant inoubliable. C’est ce que l’on appelle le « coup de foudre » !
Tout le monde ne fait pas la même expérience aussi rapide, mais d’une manière comme d’une autre, il nous est déjà arrivé de croiser le regard de quelqu’un et de sentir de suite une affinité, une amitié possible. Pourquoi ? Comment cela se produit-il ? Pour ma part je pense que cela provient simplement du regard que nous sentons poser sur nous : un regard favorable, accueillant, ouvert, qui invite à la rencontre, qui donne envie de communiquer, de se découvrir, de s’enrichir mutuellement.
Pour en revenir à l’Evangile, n’est-ce pas un peu ce genre d’expérience que Jean-Baptiste a vécu avec Jésus ? Là, près du Jourdain, dans le désert, deux regards se sont croisés.
Jean-Baptiste était le cousin de Jésus : l’un, fils d’Elisabeth et le second fils de Marie. Ils étaient de la même génération, même région et même culture religieuse. Ils se connaissaient donc bien ! Pourtant étrangement dans l’Evangile nous entendons Jean- Baptiste dire à plusieurs reprises : « Je ne le connaissais pas » alors qu’ils étaient si proches.
En disant cela, Jean-Baptiste veut simplement exprimer qu’il ne connaissait Jésus que de manière superficielle, qu’il ne l’avait jamais rencontré en profondeur.
Or voilà que tout à coup, dans l’eau du Jourdain, sous l’action de l’Esprit de Dieu, en le voyant, il le découvre avec d’autres yeux, il reconnaît en lui non plus le petit cousin avec qui il a probablement passé sa jeunesse, mais le Messie, l’Agneau de Dieu.
Depuis lors, tout au long de l’histoire, des quantités de femmes et d’hommes ont refait la même expérience. Poussés par l’Esprit, ils ont été fascinés par Jésus sans l’avoir connu au préalable. Il y a l’exemple des apôtres dont certains ont sur le champ tout quitté pour le suivre et après eux il y en a eu tant d’autres comme par exemple François d’Assise, sainte Thérèse, Charles de Foucauld, Charles Péguy…
Dieu aurait-il donc des préférences ? Pourquoi donne-t-il à certains de croiser son regard et pas à d’autres ? Mais n’est-ce pas plutôt le contraire ? N’est-ce pas Dieu qui attend de croiser notre regard ? Il éprouve une attirance pour chacun de nous. C’est notre réponse qui bien souvent ne vient pas.
Vous aurez sans doute déjà remarqué que le regard tient une grande place dans l’histoire sainte : déjà à la création : « Dieu vit que cela était bon. » Que de fois Jésus bouleversa des vies par son regard, comme pour ses apôtres, Zachée…
Aujourd’hui c’est Jean-Baptiste qui est bouleversé lorsqu’il voit l’Esprit descendre comme une colombe. D’ailleurs il insiste : « Oui, j’ai vu et je rends ce témoignage. » Parole tout à fait incompréhensible pour un esprit rationnel. Comment peut-on imaginer que Jean-Baptiste puisse voir l’Esprit ? Cela semble pourtant très simple : il a suffi qu’il se retourne, qu’il regarde derrière lui : « Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi. » Derrière nous… c’est là qu’il se trouve. Regardons celui qui est à la dernière place pour, comme Jean-Baptiste, le faire passer à la première place.

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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