Prier n’importe où, n’importe quand

On peut prier n’importe où, n’importe quand.
Debout, couché, dans le train ou le métro, en conduisant sa voiture, en épluchant des légumes.
Prier, alors, c’est lancer un regard, un cri peut-être, vers cette Présence plus présente à nous-même que nous-même.

Prier, c’est une manière de passer devant une croix, de longer une église, de résonner à la cloche de l’angélus, d’être frappé par la beauté d’un visage rencontré. Nul besoin de long temps, ni de belles phrases. Un petit rien qui donne de l’intensité à l’instant. Comme au sein même d’un travail assidu, on pose ses yeux sur la photo d’un être cher.

Au 4e siècle, un Père du désert disait : « Il est possible en vivant dans la foule d’être intérieurement solitaire et, en vivant seul, d’être intérieurement envahi par la foule. » On peut, en effet, n’importe où, n’importe comment, jeter vers Dieu, qui n’est pas à distance, la petite flèche de l’attention, de la plainte aussi. D’anciennes traditions spirituelles parlaient « d’oraisons jaculatoires » (du latin « jacula » qui veut dire « javelot », « flèche »). Il faut ainsi garnir son carquois de quelques bonnes flèches : un refrain de chanson, un verset de psaume, un bout d’oraison. C’est à partir du maillage de plus en plus serré des heures et des jours, par ces petits « riens » de prière, que viendra le désir, le besoin même, de temps plus longs, de gestes plus riches, de lieux appropriés.

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Jean-Pierre LINTANF

op.
Prédicateur au Jour du Seigneur de la chaîne France 2.
† 2016.

Publié: 01/10/2025