La croix est représentée dans le monde...
1. La croix est représentée dans le monde entier. Colossale comme celle de la Vallée des morts en Espagne (152 m), imposante comme celles de nombreuses églises, plus modeste en pierre aux carrefours et au long des routes, en métal au sommet des églises ou portée minuscule comme bijou en or ou argent. En plein vent ou dans le silence des cimetières. Vénérée solennellement le Vendredi saint, elle marque toute la vie du fidèle de Jésus, depuis son baptême jusqu’à sa mort. Aujourd’hui elle est qualifiée de glorieuse.
2. La crucifixion fut un supplice inventé par les Perses pour les esclaves, puis repris par les Romains Un général romain, vainqueur d’une révolte d’esclaves, en fit crucifier 6000, à intervalles réguliers tout au long de la voie Apienne. « Il n’y a pas de mot approprié pour décrire un acte aussi horrible » écrivait le philosophe Ciceron qui demanda de l’abolir à la même époque, sans succès. Les premiers chrétiens, pour représenter le Christ ne voulurent pas de ce cruel et honteux supplice. Aussi est-ce le poisson et le bon berger qui figurent dans les catacombes et sur les premiers sarcophages. La croix n’obtient définitivement la place d’honneur qu’à partir de l’empereur byzantin Théodose II (408-450).
3. Pourtant la croix a tenu la première place dans la foi de l’apôtre Paul Il la cite près 20 fois dans ses lettres, toutes datées des années 50. « Quant à moi, je ne veux me vanter que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. « Scandale pour les juifs, folie pour les païens. » Il a raison. Pour un juif, un cadavre pendu à un gibet est impureté et le toucher impose une purification. Pour un païen, comment une croix, un instrument de mort, pourrait-elle être « un arbre vie » aux dires de l’évêque d’Hippone, Augustin ? Paul a développé toute une théologie de la croix, en l’opposant à celle de la Loi mosaïque ; elle nous échappe beaucoup. Edith Stein, la juive devenue carmélite a fait part dans « Le Mystère de la Croix » de sa conversion devant le Christ crucifié. Elle écrit :« Ce fut ma première rencontre avec la Croix, avec cette force qu’elle confère à ceux qui la portent. Pour la première fois, l’Église, née de la Passion du Christ et victorieuse de la mort, m’apparût visiblement. Au moment même mon incrédulité céda, le judaïsme pâlit à mes yeux, tandis que la lumière du Christ se levait en mon cœur. La lumière de la Croix saisie dans le mystère de la Croix. C’est la raison pour laquelle, prenant l’habit du Carmel, je voulus ajouter à mon nom celui de la Croix »
4. Nous avons raison de célébrer la Croix Glorieuse. Jésus, victime de la violence des hommes, crucifié par eux, les sauvera par l’amour qu’il manifestera dans cette violence. Il ne pouvait pas aller plus loin. Cette croix si inhumaine montrera à tout jamais qui était Dieu. Alors lorsque nous passons devant une croix, ayons un regard, une pensée pour nous le rappeler. Ce sera comme une visite au calvaire qui nous fera souvenir et nous appellera à quitter nos champs pour, comme Simon de Cyrène, aider tous les souffrants à porter leurs croix. Quand nous serons nous-mêmes dans l’épreuve, regardons-là et ainsi nous entrerons plus intimement en communion avec celui qu’elle porte.
Père, donne-nous de ne pas faire ce signe à la légère, si machinalement. Que ce geste nous rende humble et reconnaissant : humble parce que nous n’en avons pas encore fini avec le mal qui est en nous, reconnaissant parce que nous savons qu’avec Toi nous sommes sur le chemin de qui nous en libérera. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Méditation
Ô Christ des Croix au bord de nos chemins parsemées,
Bénis tout passant même si trop préoccupé
Il passe sans même te rendre un regard aimant,
Lui qui autrefois se signait spontanément.
Ô Christ des Croix de nos clochers éparpillés,
Sois au milieu de nos villages et de nos cités,
Habités par trop d’indifférence et de foi oubliée,
Ce signe de l’amour qui a tant besoin d’y être partagé.
Ô Christ des Croix des chambres d’hôpitaux ou de souffrants,
Soulève jusqu’à toi ces malades ou ces mourants
Dans leurs moments de grande désolation
Pour qu’avec toi, dans le Père, ils trouvent consolation.
Ô Christ des Croix de nos maisons
Suspendues en haut de leurs frontons,
Prends sous ta souveraine protection
Tous ceux qui leurs seuils franchiront.
Ô Christ des Croix ciselées, de bois, d’or ou d’argent
De nos bijoux ou de nos présents,
Donne à tous ceux qui les porteront
La joie de l’espérance en la résurrection.
Ô Christ des Croix gisantes au plus profond des vivants,
Dans la douleur de leurs meurtrissures,
Secrètes et invisibles aux yeux des bien-portants,
Sauve- les de toute haine et de tout parjure.
Ô Christ de toutes les croix élevées à la croisée de nos destins
Donne-nous de voir dans ton ombre l’aurore de ton grand matin.
La fête de la Croix Glorieuse, autrefois appelée Exaltation de la Sainte Croix, commémore, selon un récit du 6ème siècle, la découverte de la croix qu’aurait faite l’impératrice Hélène, mère de Constantin le Grand, lors de son pèlerinage en Terre Sainte, le 14 septembre 320. Le 13 septembre 335, l’église du Saint-Sépulcre (également appelée église de la Résurrection) a été consacrée à Jérusalem. Le lendemain, la croix y fut vénérée lors d’une cérémonie solennelle.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.