Commémoration des défunts
1. Nous sommes venus avec dans notre mémoire le souvenir des jours passés avec ceux qui ne sont plus, avec dans notre cœur les sentiments qui nous attachaient à eux et eux à nous. Nous revoyons leurs visages, leurs gestes. Nous nous souvenons de tout ce qu’ils nous ont donné. S’il est un sentiment partagé par tous les hommes, c’est bien celui de l’attachement profond que nous appelons amour, comme celui que partagent les parents, celui qui les lie à leurs enfants et les enfants à leurs parents. Si nous cherchons dans notre mémoire les moments vécus les plus heureux mais aussi ceux qui font le plus souffrir, nous trouverons celui dont nous avons mis le siège dans le cœur et dont nous souhaitons qu’il demeure. Mais la séparation arrive et nous nous interrogeons : les reverrons-nous ? Chaque dimanche nous disons ou chantons « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ». Qu’est-ce à dire ?
2. La vie éternelle d’abord. Les premières sépultures, découvertes en Israël, datent de 100 000 ans. Avait-on là les traces d’un culte des morts ? On ne sait. Mais cela signifiait pourtant que ceux qui avaient été n’étaient pas oubliés, que peut-être même ils étaient encore agissants dans ce monde. Et depuis, toutes les civilisations humaines, qu’elles soient égyptienne, gréco-latine, juive, chrétienne, musulmane, partagent la même conviction : quelque chose de l’homme survit. Quelque chose qui est en lui et qui ne peut mourir, qu’on a appelé esprit, âme ou atma pour le bouddhisme. Autant de convictions qui n’avaient d’autre fondement que qu’une espérance profonde.
3. Jusqu’à cet évènement que les chrétiens avancent comme motif de cette espérance. Que Paul déclara devant le tribunal juif : « Celui qui était mort, que vous avez crucifié, nous l’avons vu vivant. Un témoignage que le plus zélé pharisien en route pour mettre fin à cette secte, Paul, rendit à son tour après son retournement sur la route de Damas. Il s’en fit alors le plus ardent défenseur jusqu’au don de ce que nous avons de plus précieux, la vie, comme Pierre et tous les premiers témoins. On ne meurt pas pour une histoire que l’on a inventée.
4. Alors ce que nous croyions devoir s’arrêter avec la mort prenait une dimension d’éternité. Comme l’a exprimé une mystique du 14e siècle, Catherine de Sienne : « Si l’homme est tant porté à aimer, c’est qu’il a été créé par amour. » Ce que nous vivons entre nous de plus profond, ce que nous cherchons avec obstination, ce qui nous fait le plus souffrir lorsqu’il nous est enlevé qu’est ce besoin prenant d’aimer et d’être aimé a une source et n’est qu’une étincelle de ce qu’est Celui dont Jean nous dit qu’il n’a qu’un nom : Amour. Et si l’amour de Dieu ne peut mourir, celui qui a été insufflé dans l’homme non plus. Désormais les chrétiens comprendront le corps comme demeure de l’âme selon l’expression de Paul. Mais qu’en est-il de ce corps qui revient à la terre dont il est tiré ?
5. « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité » disait déjà le livre de la Sagesse. Cela nous est dit par les termes de résurrection des morts comme il est écrit depuis 325 dans le symbole de Nicée Constantinople, ou résurrection de la chair dans le symbole des Apôtres plus ancien encore. Mais comprenons bien. Non pas un retour au corps matériel, physique, mais à un corps transformé, recréé à l’image de celui du Christ ressuscité. Il ne faut pas se méprendre sur le sens du mot chair employé dans le symbole des Apôtres. Il signifiait dans les écrits de Jean et de Paul tout ce qui traduit faiblesse et fragilité humaine. Tout ce qui disparaît à la mort. Résurrection de la chair, résurrection des morts signifient donc que nous serons « nous » (avec toute notre histoire), sans être le « nous » mortel.
6. Dès lors, au lieu de nous cacher notre propre mort, intégrons-la, sans tristesse, sans amertume, avec sérénité comme celle que j’ai devinée en lisant cette épitaphe sur une tombe dans le midi de la France : « Ici repose Jacques. Il vécut 80 ans. Il mourut honoré, chéri, heureux le 20 août 1811. Les regrets des gens de bien et les bénédictions des pauvres l’accompagnèrent au tombeau. Il y descendit avec la tranquillité du sage et la foi du chrétien. »

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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