Un chemin d’union

Dans quelques mois, l’ERF (l’Église Réformée de France - les protestants calvinistes) fêtera son union avec l’Église Évangélique Luthérienne de France. Un nouveau sigle pour désigner cette union, l’EPU : l’Église Protestante Unie de France !

Voilà du nouveau dans le paysage des communautés protestantes, et du même coup dans le courant œcuménique où se retrouvent les réformés, les luthériens, les anglicans, les orthodoxes et les catholiques, En un temps où, dans plusieurs pays, on déplore des affrontements désignés trop rapidement comme "religieux", voilà un signe prometteur. Nouvelle invitation à aller toujours plus loin dans le témoignage commun de l’évangile porté par l’ensemble des chrétiens.

Tout cela a nécessité des années pour se rencontrer, dialoguer, et reconnaître les sensibilités spécifiques. Certes, les uns et les autres restent avec leur histoire séparée, mais ils veulent ouvrir une page nouvelle de l’unité chrétienne, sans ressentiment par rapport au passé.

L’Église Protestante Unie de France va rassembler les 250 000 réformés et les 22 000 luthériens. Au total 456 pasteurs (dont 32 luthériens) seront au service des Conseils presbytéraux. Chaque église locale conservant son style propre !

Cette union, bien discrète pour beaucoup, a valeur de signe aux yeux de la société, soucieuse, elle aussi, de cohérence et de solidarité. Une élue municipale disait d’ailleurs que nous pourrions “prendre de la graine“ de cette aventure pour notre vie en société. Ce premier pas n’est-il pas présage d’un avenir où d’autres Eglises pourront s’engager de même dans une reconnaissance mutuelle et une volonté commune de donner un signe de paix aux hommes d’aujourd’hui, tout en respectant les singularités ?

La parabole de la salade de fruits peut être relue comme une belle image de cette union :
On rêve d’une vie en société où chacun, censément, serait le tout de l’autre. Non pas comme des pommes sur le pommier où chacune est finalement pour soi et le soleil pour tous, ni comme des fruits dans une même corbeille : il y a diversité, mais juxtaposition. Alors, on invente la communauté passée dans la moulinette ou le mixer. Tout y passe en effet : la peau, les pépins. Il en sort un jus uniforme plein de vitamines, mais chacun y a perdu sa personnalité. Une solution meilleure ? La salade de fruits. Chacun reste lui-même : poire, pomme, banane, ananas. Et chacun bénéficie du goût propre de l’autre, mais à une condition : accepter évangéliquement d’être coupé en quatre, dix ou douze morceaux si l’on est un beau, gros fruit. Seuls les très humbles restent entiers : une cerise, un grain de raisin, une groseille…

A chacun, comme à chaque Eglise, de choisir le fruit qui lui ressemble !

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/01/2013