26e dim. ordinaire (28/9) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
Il y avait un riche, il ne portait pas de nom, il était simplement riche. Il y a avait aussi un pauvre, lui, il s’appelait Lazare.
Le riche était probablement honnête, sa fortune il l’avait acquise par son travail et son sens des affaires. Il n’y pouvait rien d’être riche, n’est-ce pas d’ailleurs une chance ? Personne n’avait de reproches à lui faire, sinon qu’il avait laissé se creuser un fossé entre lui et Lazare. Un fossé tellement large et profond qu’il était devenu infranchissable pour l’un comme pour l’autre.
De son côté Lazare n’était probablement pas un saint, s’il en était arrivé là ce n’était pas nécessairement de sa faute mais peut-être celle de ses parents et des générations précédentes.
Oh, vous savez, ce fossé entre Lazare et le riche est semblable à tous les fossés qui se sont creusés entre ceux qui ont un toit, un emploi, un avenir parce qu’ils ont bien travaillé et ceux qui n’ont rien, un peu de leur faute. Ce fossé est tellement grand que l’on dit même que de part et d’autre ce sont 2 mondes différents. A la limite ils n’ont plus rien en commun, ils n’ont plus rien à voir l’un avec l’autre. Ils ne se voient même plus.
Ainsi en va-t-il entre les pays riches et les pays pauvres, entre le Nord et le Sud. Un immense fossé les sépare. On en voit sans doute des images à la télé, des images mais qui ne restent que des images comme nous en voyons tous les jours. Des images de films d’épouvante, on ne distingue plus l’irréel du réel, ou plus exactement tout est devenu irréel, tout est du cinéma. Oui, le fossé est devenu infranchissable, il n’est pas nouveau, il ne date pas d’aujourd’hui mais nous le creusons un peu plus chaque jour.
Il y avait un riche, il y avait un pauvre et maintenant il y a nous !
A propos de ce « nous », cette parabole m’inspire trois réflexions :
– D’abord le pauvre a un nom : Lazare. Le riche n’en n’a pas ! L’évangéliste a voulu sans doute rester discret pour ne dénoncer personne et pour que tout le monde puisse s’y reconnaître. Ou bien il a voulu manifester que le plus insignifiant n’est pas toujours celui auquel on pense spontanément.
– la 2e réflexion : le riche ne voyait pas Lazare. Mais quand il est plongé dans son enfer, il le remarque et se rappelle même son nom. Lazare devient quelqu’un pour lui. Trop souvent ne faut-il pas que les choses tournent mal pour que cesse notre aveuglement personnel et collectif à l’égard des proches et des situations dramatiques ?
– 3e réflexion : il est question dans le texte « d’un grand abîme entre vous et nous pour que l’un ne puisse pas aller vers l’autre ». Ce fossé c’est nous qui l’avons creusé et non pas Dieu. L’enfer ce n’est donc pas Dieu qui nous jette dans un ghetto, c’est nous qui nous isolons et nous interdisons d’en sortir.
Cette parabole n’est donc pas une condamnation mais une invitation à ouvrir les yeux car notre bonheur dépend de l’autre et réciproquement.
On ne peut être riche tout seul comme on ne peut être heureux tout seul !
Piste 2
On interviewait un jour des mendiants dans le métro et je me souviens d’une réflexion de l’un d’entre eux qui disait : « Ce qui m’est le plus pénible à supporter, le plus dur, ce n’est pas le manque d’argent mais c’est la peur des gens à me regarder. Je me demande d’ailleurs si c’est seulement la peur ou l’indifférence ou les 2. »
Ce mendiant ne se lamentait pas sur sa condition, il ne se révoltait pas non plus contre les riches.
« Sans doute, disait-il encore, la vie leur a souri, sans doute ont-ils eu plus de chance, ont-ils plus travaillé à l’école… tant mieux pour eux s’ils ont de l’argent mais il n’en reste pas moins que ce qui fait le plus mal, c’est d’être ignoré. »
En entendant ces réflexions je me retrouvais au cœur de l’évangile !
Deux hommes aux antipodes de l’échelle sociale : un riche dans son bien-être et en face, un pauvre qui se meurt dans un état d’extrême délabrement.
Le riche n’a pas de nom, il n’est que riche, il ne semble exister pour personne.
Tandis que le pauvre s’appelle Lazare. Peut-être le riche est-il honnête, a-t-il travaillé et trouvé le bon filon pour gagner beaucoup d’argent. Peut-être aussi que Lazare n’a pas toujours été ni très saint ni très vaillant !
Mais le constat regrettable de Jésus c’est que le riche ne voit même pas Lazare, il est pour lui inexistant. Un peu comme la foule dans le métro qui ne voit même plus le mendiant.
Entre eux s’est creusé un fossé, un fossé d’indifférence qui petit à petit est devenu un abîme infranchissable.
Ce fossé est devenu si grand qu’il divise les hommes en 2 sociétés, 2 mondes tellement différents qu’ils n’ont plus rien en commun, plus rien à voir l’un avec l’autre, ils ne se voient même plus.
Un peu comme si le riche était au dessus, au nord et le pauvre en dessous au sud !
La parabole semble même suggérer que le riche n’a même pas de convive avec qui partager sa table bien garnie. Il est seul. C’est sans doute pour cela qu’il n’a pas besoin de nom.
Il n’est pas question ici de le juger ou de le condamner mais l’évangile nous fait constater que sa richesse est son seul vis-à-vis, son seul interlocuteur, son unique partenaire. Il ne compte pour personne sinon ceux qui s’intéressent ou convoitent sa richesse.
S’il personnifie l’enfer, c’est parce qu’il ne voit pas Lazare. S’il est aveugle, il est aussi sourd, dur d’oreille et en plus, dur de cœur, il n’entend ni les cris ni les appels.
Le ciel alors, ne serait-il pas simplement le lieu où tous nos sens sont en éveil pour aller au devant des autres, pour créer des liens en essayant non seulement de voir mais aussi de nous émou-voir, en sachant qu’« émou-voir » signifie « voir avec le cœur ».

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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