Ta nuit sera lumière

« Le visage de Dieu se lit dans les actes de ceux qui font le bien autour d’eux » : cette parole de Marie-Louise, recueillie par une bénévole de l’aumônerie à la résidence du Val d’Escaut, sonne juste avec le texte d’Isaïe.

Pour être lumière nous savons qu’il nous faut d’abord la laisser exister en nous.

Ce n’est sûrement pas par nos seules forces que nous allons éclairer notre monde.

La lumière dont nous parle l’Evangile, c’est celle qui habite en nous et qui transparaît à notre insu, c’est la présence même de Dieu qui veut faire sa demeure en chacun.

Nous mettre à sa recherche, dans le silence de notre cœur, dans les temps communautaires, dans les relectures de nos vies de foi, de famille et de travail, c’est croire que Dieu n’a qu’un désir : être lumière en nous.

Celui qui croit a en lui la lumière de la vie !

« Voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à Dieu » nous dit l’évangile. ()

C’est donc au cœur de nos engagements, dans le concret de nos rencontres et plus particulièrement auprès de ceux qui n’en peuvent plus, que la lumière divine se distille.

Cela nous échappe, mais nous croyons que Dieu compte sur nous pour agir et consoler.

C’est le rôle des sacrements de l’Église.

L’Eglise est sacrement mais elle est tout entière sacrement.

Ne la réduisons pas aux gestes cultuels.

La sacramentalité de l’Église est plus large que les sacrements.

Chacun de nous est comme un sacrement !

Jésus a surtout été à la rencontre des gens de son quotidien qu’il trouvait sur sa route.

Il a voulu être pour eux lumière, lui qui est né de la lumière.

Il a voulu que sa lumière surgisse en eux.

Un trait distinctif de la mission chrétienne, nous dit le pape « est celui d’agir comme des facilitateurs, et non comme des contrôleurs de la foi ». Faciliter, c’est ne pas placer nous-même des obstacles sur le chemin du désir de Jésus d’embrasser tout le monde, de guérir tout le monde ».

La rencontre est ce qui fonde la sacramentalité de la mission du monde de la santé.

Envoyé en équipe, dans les rencontres que nous faisons dans les hôpitaux, les EHPAD ou au domicile, nous manifestons la sacramentalité de l’Église.

Être lumière c’est être signe visible du Dieu invisible.

Cette lumière transparaît si nous nous engageons.

Nous la laissons agir si nous allons habité de lui, confiant qu’il se manifestera d’une manière ou d’une autre dans la relation établie sans que nous cherchions à l’imposer.

Mais faire le bien ce n’est pas faire ce que je pense être bien pour l’autre.

Vouloir faire le bonheur de l’autre sans l’écouter, c’est devenir un tyran.

Au contraire il s’agit de nous laisser parfumer par l’autre, s’en imprégner, pour entrer dans une communion de relation où règne le respect profond pour ce que l’autre est en train de vivre particulièrement au moment de l’épreuve.

Quand on se livre à ce qui survient dans la relation nous devenons léger, libéré de nous-même.

Mais pour cela il nous faut d’abord faire la lumière en nous-même.

Si nous apprenons à nous aimer tel que sommes alors nous pourrons commencer à croire que nous devenons Lumière pour d’autres.

Saint Paul nous le fait connaître aujourd’hui : il n’a pas cherché à paraître mais il s’est montré tel qu’il était dans sa vulnérabilité et a laissé place à l’œuvre de l’Esprit de Dieu en lui.

Le travail de toute existence humaine n’est-il pas de grandir dans notre capacité à recevoir l’amour et dans notre capacité d’aimer.

Isaïe insiste pour que nous fassions disparaître la parole qui juge au fond de nous-même et qui est bien souvent plus forte que nous-même.

Pour cela, il est essentiel de reconnaître d’abord ce qui habite en nous de sombre, de laisser décanter nos eaux troubles, de nous aimer avec bienveillance en connaissance de nos profondeurs, d’apprendre à nous respecter, à rester fidèle à nous-mêmes.

Cette volonté d’être vrai avec soi-même est un ancrage dans notre vie de foi et permet au Dieu de vérité de surgir en nous.

Alors, dans nos rencontres avec ceux qui traversent les épreuves de la vie, nous devenons les témoins qu’un mieux être spirituel s’instaure.

Ce signe de la venue du règne de Dieu est palpable si nous nous mettons à écouter dans la confiance et l’authenticité.

« Ta nuit deviendra lumière » : c’est l’insistance de ce dimanche de la Santé 2020.

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Yannick BÉGARD

Diacre ; délégué diocésain pour la Pastorale de la santé dans le diocèse de Cambrai.

Publié: 01/02/2020