L’animation du chant

C’est après la guerre de 39-45 que le chant de l’assemblée retrouve progressivement sa place dans la liturgie. Le passage à des assemblées vraiment chantantes est dû au travail dévoué et exigeant de ceux que l’on a d’abord appelés "meneurs de chants", puis "animateurs de chants", et qu’il faut, ici, féliciter avant de redéfinir leur fonction.

Une situation qui change

A partir du moment où les assemblées se sont mises à chanter dans les églises de France, on aurait pu croire que le rôle de l’animateur de chants allait diminuer. On a vu, au contraire, cet acteur de la célébration, non seulement se maintenir, mais s’imposer partout, quasi institutionnellement.

Force nous est donc aujourd’hui d’amorcer une réforme du statut et du rôle de l’animateur de chants dans les célébrations. C’est une opération que l’on sait délicate, car il est toujours difficile de bousculer des situations établies, surtout si elles le furent avec tant de bonne volonté, mais c’est une opération nécessaire et même urgente. Donnons-lui quelques orientations après avoir rappelé ce premier principe de base : l’animateur est au service de l’assemblée dans le respect du rituel.

Une voix

En réalité, l’assemblée a besoin d’une bonne voix plus que d’une gestique d’animation, d’autant que cette gestique - il faut le reconnaître - est souvent malhabile, donc tout à fait inefficace et inutile, sinon parasitaire. Un minimum de compétence est indispensable.

Une voix ? Oui, une voix juste, timbrée, posée, bien adaptée à l’action liturgique. Une voix pour lancer un refrain bref que toute l’assemblée reprendra d’autant mieux qu’il aura d’abord été clairement et joliment lancé. Une voix pour entonner un chant auquel toute l’assemblée se joindra. Une voix pour chanter un couplet de telle manière que l’assemblée ait envie de répondre par le refrain.

Et voici l’animateur devenu chantre. Par sa voix, il invite l’assemblée à chanter.

Précisons que cette voix peut aussi chanter avec l’assemblée, mais évidemment hors micro, car, contrairement à ce qui se dit souvent, chanter dans le micro est le plus sûr moyen d’empêcher l’assemblée de chanter, ce qui serait un comble. En effet, une voix chantant au micro remplit à elle seule toute l’église. L’assemblée n’a même plus envie de chanter : on lui a pris sa place !

Une économie de gestes

Le deuxième principe d’animation, dont l’application est urgente, est l’économie de gestes. Les animateurs "dirigent" trop et font trop de gestes.

La célébration est ponctuée de brèves interventions chantées par l’assemblée qu’il est absolument inutile de diriger. Elles structurent la liturgie et fonctionnent d’elles-mêmes sans avoir besoin d’un seul geste, même de départ : c’est le cas, non seulement des "Amen," "Et avec votre esprit" ou "Alléluia", mais aussi des refrains de préparation pénitentielle, de psaumes ou de prière universelle.

Quant aux chants plus conséquents : chant d’ouverture, Gloire à Dieu, Sanctus, Anamnèse, Agnus, chant de communion, ils ont tout au plus besoin d’un geste de départ (mais un vrai !), d’un geste de relance à une nouvelle phrase et, éventuellement, mais ce n’est pas systématique, d’un petit geste d’entretien qui indique discrètement la pulsation. On sera loin, alors, d’une continuelle et uniforme agitation de bras dont il faut bien dire qu’elle est souvent disgracieuse, voire inutile. Et voici, alors, l’animateur devenu incitateur. Par son geste, il invite l’assemblée à chanter.

Dans un tout

Un chant et, à plus forte raison, un refrain bref, s’inscrit dans une célébration qui a un rythme. Il doit, par sa fonction et par la forme qu’il présente, servir ce grand rythme célébratoire. Tout n’est pas pareil : un Sanctus n’est pas un refrain de prière universelle, une litanie n’est pas une hymne. Il revient donc à l’animateur-incitateur de conduire la succession des divers actes de chants en en manifestant les différences. Comment ?

 S’il ne dirige pas tout (par exemple, pas les petits refrains), c’est que l’assemblée est capable de faire d’elle-même les interventions chantées brèves et sans grand développement mélodique ; ce peut être le contraire dans une hymne d’entrée ou d’action de grâce.
 S’il ne dirige pas, il n’est pas au pupitre avec micro : il s’efface et montre par là que ce ne sont pas son chant et sa place qui sont premiers, mais le chant et la place de l’assemblée au service de laquelle il intervient, et seulement lorsque c’est indispensable.
 En prenant des attitudes plus justes, il peut aider l’assemblée à entrer dans l’action liturgique. Si, par exemple, il chante et fait chanter "Seigneur, prends pitié" sans diriger le chant, mais en étant tourné comme l’assemblée, vers le crucifix et l’autel, il fait mieux vivre le mystère de cette prière.

Voilà donc toute une série importante de points à réformer. Le mieux est alors de réunir les animateurs de chants d’une paroisse ou d’un secteur et d’en discuter pour décider ce qu’il est possible d’améliorer dans un premier temps.

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Centre National de Pastorale Liturgique

Devenu en 2007 Service National de la Pastorale Liturgique, un service de la Conférence des évêques de France (CEF).

Publié: 01/01/2020